Le Wallon s'est résolument fait au tri des déchets et au sac recyclable. Par contre, il continue à abuser de la voiture et à gaspiller la nourriture.

CETTE ANNÉE, surprise, la sensibilité à l'environnement des Wallons semble se tasser. Le Crioc (Centre de recherche et d'information des organisations de con sommateurs) enregistre comme une lassitude. Chaque année, depuis huit ans, le Crioc sonde les ménages wallons pour réaliser son baromètre de l'éco-consommation. En voici les tendances générales.

En 2006, les Wallons sont un peu moins conscients de l'urgence du problème et considèrent plus qu'il s'agit d'un problème pour l'avenir. Les efforts des consommateurs portent prioritairement sur des conduites " en bout de chaîne " telles que le tri des déchets ménagers ou la remise des piles à la collecte sélective. Les économies d'énergie et les économies d'eau connaissent un certain succès. La plupart des Wallons sont contents d'eux.

Gaspillage de nourriture
Le succès le plus grand, c'est l'abandon du sac jetable. En deux ans, le changement est radical. Plus de six consommateurs sur dix (65 %) utilisent désormais des sacs réutilisables. Un sur trois des bacs en plastique. Un sur trois un caddy (surtout les plus de 65 ans). Il ne reste plus que 13 % d'irréductibles Wallons qui continuent à utiliser le sac jetable. En moyenne, chaque consommateur utilise deux systèmes d'emballages différents. Paniers, cartons, sac à dos et sac en papier sont des moyens utilisés aussi mais à plus petite échelle.

Mais le sac recyclable, même si c'est un geste fort, n'en reste pas moins symbolique au niveau de son impact réel sur notre montagne d'emballages divers. " Le meilleur déchet, c'est celui qui n'est jamais créé, pas celui qui est recyclé ", plaide le directeur du Crioc, Marc Vandercammen, qui fait remarquer que Fost + ne fait pas forcément passer ce message-là.

Or, le gaspillage reste notre problème numéro un. On considère actuellement qu'à l'échelle planétaire un quart des produits alimentaires sont jetés sans être consommés. " Une des raisons c'est l'hyper-consommation. Dans un supermarché, on est alléché par un tas de produits dont on n'a pas besoin, note Marc Vandercammen. Par exemple 24 yaourts pour le prix de 20. Or le consommateur est plus catholique que le pape concernant les dates de péremption. " Si la date est dépassée d'un jour, l'aliment vole à la poubelle.

Généralement, les produits peuvent largement être périmés d'une semaine sans souci. La meilleure preuve, c'est que les mêmes produits sont étiquetés différemment suivant les législations des pays. Le même yaourt sera valable dix jours de plus en France qu'une Belgique, par exemple.

La voiture reste un souci
L'usage intensif de la voiture est l'autre gros problème du wallon. C'est même la résistance la plus forte. Ma voiture c'est ma liberté : le slogan reste d'actualité. Et les hausses du prix du carburant n'y font rien. " Pendant les cinq premiers mois de 2005, les gens ont réduit leurs déplacements. Et puis après les gens ont dit "le gouvernement n'a qu'à payer", la pire réponse, évidemment parce qu'entre-temps les gens continuent à se déplacer n'importe comment ", commente Marc Vandercammen.

30 % des trajets sont de moins de deux kilomètres. Ce sont les plus polluants. Mais en les supprimant, on ne gagne que 16 euros par an. C'est peu pour encourager le consommateur à marcher à la place. Pas simple de gérer la contraction quotidienne entre les messages incitant à l'hyper-consommation et en faveur de l'environnement. " En matière d'éco-consommation, si on ne donne pas un bénéfice au consommateur, on ne touchera jamais qu'une minorité de convaincus ", plaide Marc Vandercammen.

Jeunes adultes et plus âgés sont moins sensibles
La plupart des jeunes adultes (moins de 29 ans) adoptent plus rarement des comportements de prévention en matière de déchets et de consommation durable (ils trient moins, ils n'économisent ni l'eau ni l'énergie, ils n'achètent pas de piles rechargeables... Ils constituent le groupe d'âge à la fois le moins sensible et le moins informé de la problématique, note l'enquête menée par le Crioc. Et d'ajouter que ce constat plaide en faveur de campagnes de sensibilisation à destination de l'enseignement secondaire et supérieur. La plupart des plus de 65 ans adoptent également plus rarement des comportements respectueux de l'environnement. Le Crioc, avec la région wallonne, prépare un plan de prévention pour début 2007.

VITE DIT
- Un ménage achète en moyenne trois ampoules " économie d'énergie " par an alors qu'on compte à peu près onze points lumineux par habitation.

- La lingette est en diminution. 22 % des répondants déclarent en acheter, contre 32 % l'an dernier. La lingette pour bébé reste un produit très utilisé contrairement à la lingette censée faire les poussières en deux temps trois mouvements, véritable escroquerie pour les ménagères.

- Le compostage gagne peu de nouveaux adeptes. Quatre Wallons sur dix font du compost, plus souvent avec les restes de cuisine que ceux du jardin. " En compost, on n'est pas bons par rapport à nos voisins. Or c'est très facile à faire. On gagne du terreau naturel et surtout de la place dans son sac -poubelle, ce qui est non négligeable au prix où on les paie, explique Marc Vandercammen. " Moi je vous avoue que mon compost, il passe dans la cage de mes poules. "

- Les économies d'eau du robinet ont connu entre 1999 et 2006 une croissance significative. On est passé de 61 % de personnes sensibilisées à la question à 94 %. Le problème avec l'eau, c'est la piscine qui connaît actuellement un succès énorme et gaspille du même coup des tas de mètres cubes d'eau.

- En voiture, on peut faire des économies assez facilement. En roulant à 100 km/h à la place de 120 km/h pendant un an, je gagne 100 litres de carburant par an. Ouvrir ses vitres ou son toit pendant qu'on roule, c'est 5 % de consommation en plus. L'airco, c'est 20 à 40 % de consommation en plus.

" Huit ans d'éco-consommation " est une enquête menée par le Crioc auprès de 636 Wallons. Marge d'erreur : 3,8 %.

Catherine ERNENS

Source Vers L'Avenir