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A lire absolument: Bruxelles-National: Ce que peut faire la Région wallonne…


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IEW Jean-Yves Saliez, Secrétaire général d'IEW, vous livre quotidiennement ses impressions sur les travaux et les coulisses de la Conférence sur le climat à Nairobi.

Publié
lundi 6/11
mardi 7/11
mercredi 8/11
jeudi 9/11
samedi 11/11
Lundi 13/11
Mardi 14/11
Mercredi 15/11


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Mercredi 15 novembre

Paradoxes…

Mercredi 15 novembre : jour de retour en Belgique pour ce qui me concerne. Au très petit matin, sur la voie rapide sans éclairage public qui nous mène à l’aéroport de Nairobi, nous sommes ralentis un bref instant. La police tire sans ménagement une masse sanguinolente inerte afin de dégager la chaussée et nous invite à repartir. Animal ou humain ? On n’ose y croire mais, d’impression, la seconde option semble la bonne. Cette vision furtive est rapidement engloutie par l’obscurité. Un peu plus loin, nous sommes à nouveau ralentis. Nos pâles visages suffisent à nous laisser passer là où être noir implique de voir l’intérieur de son véhicule scruté à la lampe de poche par des gardiens suspicieux.
Imposante masse d’acier, de technologie et de puissance mécanique, l’avion qui me ramène au pays reste un objet de fascination. Il symbolise aussi quelques paradoxes criants, plus particulièrement vécus lors du trajet aller, effectué de jour. Etre assis dans un fauteuil, 12 kilomètres au-dessus de la surface terrestre où défile pendant des heures la surface desséchée d’un désert somalien, enveloppé par un air à 18°C, alors qu’à l’extérieur il fait –55°C et savourant une glace ; effectuer un trajet total émettant quelque 4 tonnes de CO2, par passager pour apporter une modeste contribution à une Conférence sur les changements climatiques; tout cela ne cesse de m’interpeller. Malheureusement, en l’absence de téléportation, on n’a encore rien inventé de mieux pour faire se rencontrer des hommes de la terre entière…

Des premiers résultats, modestes

Mardi a vu la conclusions des travaux des deux organes subsidiaires SBI et SUBSTA ainsi que des nombreux sous-groupes de discussion.
Si certains sous-groupes sauvent la face en camouflant un non-accord par un accord sur le fait de continuer les discussions, dans l’ensemble des petits progrès ont bel et bien été engrangés. C’est le cas par exemple en ce qui concerne la poursuite des travaux du groupe d’expert en matière de transfert de technologie ou encore pour les principes de fonctionnement du Fonds d’Adaptation, créé afin de venir en aide aux pays victimes des changements climatiques en cours.
Le chemin sera toutefois encore bien long avant d’avoir de la clarté sur ce qu’il adviendra après 2012…

Une litanie de discours officiels

A Nairobi, ce mercredi est consacré à la succession des discours officiels, à commencer par celui de Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU, en introduction à la session de «haut niveau» à laquelle participe plus de 90 ministres. La Belgique risque de s’y distinguer en laissant sa parole ministérielle à une citoyenne (honorable, certes). Pas sûr que cela soit du goût des autres chefs de gouvernements…
Dans l’attente de la téléportation, grâce à Internet, il est (théoriquement) possible de suivre les parties officielles en «live», via le site des Nations Unies (http://www.un.org/webcast/unfccc/, ou http://unfccc.int/2860.php documentation et webcast&videos). A défaut d’installation informatique suffisamment performante, il est toujours possible de télécharger les textes des discours.
Nul doute que, dans les coulisses, les discussions continueront bon train. Le Climate Action Network, qui fédère les ONG environnementales et de développement, tentera ainsi de rencontrer de manière bilatérale un grand nombre de ministres afin de faire valoir son point de vue.

Un Dialogue suspect

Ces mercredi 15 et jeudi 16 se tiendront également des discussions dans la cadre du «Dialogue», un processus initié à Montréal, en-dehors du cadre du Protocole de Kyoto, et ayant pour objet de débattre avec tous (y compris donc les USA et l’Australie, qui n’ont pas ratifié le Protocole) sur la manière d’envisager une «coopération à long terme» pour lutter contre les changements climatiques.
Ce Dialogue recèle un risque potentiel: celui de voir germer l’idée que le Protocole de Kyoto et ses outils contraignants ne sont pas la réponse adéquate et que des engagements uniquement volontaires permettraient d’aller plus loin. Ce point de vue n’est évidemment pas celui des ONG qui basent leur opposition sur l’observation de l’effet réel des engagements volontaires passés et notamment sur le cas de la Convention Climat de 1992. Les engagements prévus y étaient volontaires; cinq ans plus tard, contrainte de constater qu’aucun Etat ne faisait de progrès significatifs dans ce Cadre volontaire, la communauté internationale fut forcée d’établir le Protocole de Kyoto (1997)…
Il n’en reste pas moins qu’il peut être intéressant de développer des outils additionnels à ceux du Protocole (basés sur des plafonds d’émission), par exemple en s’accordant sur des normes obligatoires et ambitieuses d’efficience énergétique à l’échelle internationale en vue de forcer l’innovation des marchés.

A demain !

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Mardi 14 novembre

A la veille des prises de décisions, la barque est dangereusement chargée
Demain s’ouvrira la session dite «haut-niveau», comprenez : en présence des Ministres. Ceux-ci auront à trancher les options préparées leurs collaborateurs au cours des derniers jours.
L’impression qui prévaut aujourd’hui est que la barque apparaît dangereusement chargée. En effet, campant sur leur position en espérant maximiser leur gain propre, les délégations compromettent l’atteinte d’un accord suffisamment consistant qui permette d’aller de l’avant. Or, il est essentiel, si l’on veut éviter un vide juridique entre la fin de la première période d’engagement (2008-2012) et la suivante, que cette Conférence accouche d’un accord sur le travail à mener d’ici à 2008.
La responsabilité du gâchis actuel est partagée entre chacun des grands groupes, aucun d’entre eux ne faisant montre de leadership. L’Union Européenne, habituelle championne de la lutte contre les changements climatiques, apparaît cette fois bien timide et prudente, sans doute dans une logique de négociation. Le G77 (groupe des pays en développement) se montre bien (trop) gourmand dans ses exigences. L’Australie diffuse de fausses informations à ses citoyens, prétendant que ses propositions (hors Kyoto) reçoivent l’assentiment de la communauté internationale alors qu’il n’en est rien. La Russie est, comme souvent, susceptible de sortir un lapin empoisonné de son chapeau dans les toutes dernières heures de la Conférence. Etc.
Mais ce qui manque surtout aux représentants officiels, c’est le sens de l’urgence. Tout se passe comme si chacun considérait qu’il nous reste du temps pour décider… Pourvu que ce soit vrai et que nous n’ayons pas demain à nous mordre les doigts de notre inaction aujourd’hui!
Les Ministres qui rejoignent ce mardi le site de la Conférence, devront prendre leurs responsabilités et décider, dans l’intérêt général, d’aller de l’avant.
Demain, ces excellences défileront à la tribune, à la queue-leu-leu, pour transmettre leur message aux participants avant d’entrer dans les rounds de négociation finaux. Nous verrons alors ce qu’ils ont dans le ventre !

Un exemple pour nos décideurs économiques

On aimerait que les représentants du secteur économique à l'échelle nationale adoptent le discours de leurs homologues à l'échelle internationale…
Ce mardi après-midi, le World Business Council on Sustainable Development (www.wbcsd.org) a présenté ses vues sur la contribution du secteur privé à la lutte contre les changements climatiques. Son discours est sans détour, logique et encourageant.
En substance, il réclame de la part des gouvernements de la visibilité sur les réductions futures d'émissions à réaliser, afin de pouvoir contribuer à l'évolution technologique. Il considère que les gouvernements disposent de l'information nécessaire pour fixer la trajectoire à suivre jusqu'en 2050. Il suffirait, par exemple, de traduire l'objectif des 2°C de l'Union Européenne en émissions maximales de CO2 autorisées, quitte à revoir ces valeurs en cours de route en fonction de l'évolution des connaissances scientifiques. Il faudrait ensuite définir la trajectoire permettant de passer de la situation actuelle à celle désirée à long terme. Cette trajectoire comprendrait une phase de stabilisation des émissions, dans une dizaine d'années, suivie d'une phase de diminution continue des émissions. Ensuite, il y aurait lieu d'interconnecter les différentes initiatives nationales et de les intégrer dans ce schéma. Ces initiatives devraient pour une part importante être basée sur la mise en place de normes d'efficience énergétique et de benchmarking ainsi que sur des efforts en recherche et développement.
Pourquoi le secteur privé avance-t-il cela ? Parce que, selon lui, si le cadre est clair et stable à long terme, les opérateurs économiques pourront faire ce qu'ils font bien : des affaires.
On aimerait entendre le secteur économique belge dire la même chose plutôt que de crier au loup dès qu'il s'agit de sortir du business as usual !

Les changements climatiques affectent la santé

Des liens étroits entre changements climatiques et atteinte à la santé existent malheureusement dans de nombreuses régions du monde. Ainsi, au Kenya, des chercheurs ont démontré qu'une augmentation de 0,1°C engendrait une démultiplication par 10 de la population des moustiques et une explosion des cas de malaria.

L'Organisation Mondiale de la Santé a lancé un projet pilote pour faire le suivi de ces aspects. http://www.who.int/globalchange/climate/en/


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Lundi 13 novembre

La pression monte dans la cocotte-minute !

Après les déclarations politiques générales de la semaine dernière et les réunions de travail plus thématiques qui ont suivi, nous sommes à présent entrés dans la phase de rédaction de propositions de décisions sur lesquelles les Ministres réunis en méga-conseils seront invités à se pencher à partir de ce mercredi.
Les textes qui leur seront soumis resteront truffés d’options qu’ils devront trancher. Leurs collaborateurs zoneront dans les couloirs au cas où il serait fait appel à eux pour l’un ou l’autre éclaircissement.
Préparer ces projets de décision est un travail fastidieux et de patience millimétrique. Projeté sur écran, le projet de texte est décortiqué mot par mot et fait l’objet de propositions d’amendements par les délégués sous l’autorité d’un président de séance. La bataille peut faire rage pour transformer un many en some ou un will en should.
Si les choses bloquent trop, le président organise des consultations bilatérales au cours desquelles il tente de comprendre le point de vue des uns et des autres puis de proposer des compromis acceptables.
Contrairement au fonctionnement habituel de la politique belge au niveau des pouvoirs exécutifs, où nombre de décisions sont acquises à l’arraché, en bernant ou en prenant de vitesse ses concurrents politiques, le processus est ici extrêmement rigoureux et démocratique. Mais lent.
Sachant que tout ce qui est acquis ici permettra à son ministre d’être en meilleure position pour le round final, chacun tente de bétonner ses points de vue et la pression monte.
Quant aux ONG, elles sont inquiètes : il est essentiel que des avancées importantes soient engrangées à la fin de cette Conférence, de manière à éviter toute interruption (gap) entre la première phase du Protocole (2008-2012) et la suivante.
Pour sensibiliser les participants à ce point de vue, les représentants des ONG vont porter des T-shirts utilisant le fameux slogan du métro londonien « Mind the gap » (bien connu dans le monde anglo-saxon, dont la culture domine les échanges ici à Nairobi, et que l’on peut traduire par « Attention à la marche/au trou »).

Incroyable mais vrai : 14 ans après Rio, toujours pas de consensus sur l’objectif poursuivi !

La Convention sur les Changements climatiques, signée en 1992 à Rio, spécifie que l’objectif est de stabiliser la concentration de gaz à effet dans l’atmosphère à un niveau qui ne met pas l’homme en danger. Encore faut-il s’entendre sur quel ce niveau limite…
La science y répond au moyen de scénarii auxquels sont attachés des probabilités de survenance. Le politique, lui, ne sait que faire de probabilités … et doit prendre une décision.
L’Union Européenne considère qu’il serait dangereux de dépasser une augmentation de 2°C de la température terrestre moyenne.
Les petits Etats insulaire estiment eux que 2°C est beaucoup trop et signe leur arrêt de mort par inondation.
Quant aux autres, surprise : ils n’ont toujours rien dit…
En d’autres termes, si tous les pays s’accordent sur la nécessité de stabiliser la concentration de gaz à effet de serre, aucun consensus n’existe sur ce que cela signifie concrètement. 14 ans après Rio, cette situation apparaît comme surréaliste : nous ne savons même pas quel objectif collectif est poursuivi !
Et si l’on s’en réfère à la teneur des discussions ayant lieu ici, ce n’est pas encore cette Conférence qui changera les choses, malgré l’appel en ce sens de certains pays développés.
Evidemment, s’accorder sur un tel chiffre, voire même une fourchette (genre entre 1.5 et 2.5 °C), constitue un danger pour ceux qui ne veulent rien faire : une fois la taille du gâteau déterminée, il faudra en effet se partager les parts, y compris avec les pays du Sud (qui ne veulent pas envisager une telle hypothèse)…
A noter que l’objectif devrait être exprimé en concentration de gaz à effet de serre dans l’air et non pas en augmentation maximale de la température terrestre moyenne. En effet, même si nous stabilisions la concentration de gaz à effet de serre maintenant, la science nous dit que la température terrestre moyenne va continuer à augmenter graduellement pendant plusieurs centaines d’années. Mais bon, des degrés centigrades, cela se comprend mieux que des « ppm de CO 2 ».
Ceci dit, il semblerait que nous ayons déjà atteint la concentration en CO 2 (450 ppm CO 2 eq) qui nous mènera inévitablement vers une augmentation d’au moins 2°C. Quand on vous dit qu’il y a urgence…

Solidarité, un mot qui signifie bien peu de choses … au Sud

Nous sommes habitués aux « rivalités » qui peuvent s’exprimer entre pays industrialisés en ce qui concerne des accords commerciaux internationaux (genre : combien de blé les USA peuvent-ils importer dans l’Union Européenne ?).
Nous le sommes un peu moins en ce qui concerne les rivalités entre pays du Sud. Il n’y a pourtant pas de raison que cela soit différent… Et tel est effectivement le cas : les très grands pays, comme l’Inde, la Chine et le Brésil, s’opposent à ce que les pays moins avancés et plus faibles sur le plan institutionnel puissent eux aussi bénéficier des avantages liés aux permis de polluer.
Sur les 403 projets enregistrés officiellement et prêts à générer des crédits de CO 2, une très grande majorité est concentrée sur quelques pays (le Brésil, l’Inde et le Mexique trustent ensemble 60% des projets) et moins de 10 projets sont situés en Afrique.
Pour remédier à cette situation, une idée consiste à alléger la procédure d’enregistrement pour les projets de petite envergure, censés contribuer également davantage à un développement local plus durable et qui sont moins intéressants pour les pays plus avancés. Mais tandis que les pays les plus pauvres souhaiteraient voir remonter le seuil définissant ce qu’est un « petit » projet susceptible de bénéficier de cette procédure allégée, les géants dont l’économie est fulgurante s’y opposent.
La maison brûle, et chacun pille ce qu’il peut. Une belle leçon de solidarité entre les peuples…

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Samedi 11 novembre
Un vrai faux week-end

Samedi matin, 06h20. Comme chaque jour, le GSM sonne. Un déréglage inattendu de ce dernier m’obligera cependant à constater, une demi-heure plus tard, que le monde a en réalité 40 minutes d’avance sur moi.
J’en rate le transport collectif nous amenant chaque jour à l’ambassade. Heureusement, en ce samedi, le trafic habituel très «bouchonneux» du matin s’est littéralement volatilisé et mon taxi m’amène sans encombres - et pas trop tardivement - à la réunion de coordination belge.
Si les travaux de la conférence sont moins denses aujourd’hui et pour la plupart consacrés à des rencontres de négociations bilatérales auxquelles les ONG n’ont pas accès, quelques « side events» intéressants sont programmés. A priori, ce ne devrait donc être ni vraiment le week-end, ni vraiment un jour de semaine ordinaire; plutôt une sorte de no-man’s land temporel pour les délégués qui ne prennent pas directement part aux réunions bilatérales.
Arrivé sur le site de la Conférence, cette impression est toutefois bien vite dissipée: les sujets passionnants à suivre se succèdent sans interruption jusqu’à 18h bien sonnées.
Ce soir se tient en outre la traditionnelle NGO Party, une occasion de mélanger les participants à la Conférence dans des configurations différentes, très informelles … et plus alcoolisées.
Quand à demain, jour de relâche, il sera consacré pour l’essentiel à une coordination à mi-conférence des ONG.
On se reposera quand on sera mort, disait le poète…

Du global au planétaire

Les organisations de jeunesse prennent de la puissance et sont de plus en plus actives et présentes en matière de changements climatiques. En quelques années, un réseau de plus de 100.000 jeunes s’est constitué à travers le monde.
Sites internet et blogs prolifèrent (voir www.youthlink.org). Progressivement, ces organisations se voient reconnaître une place à part entière dans les diverses conférences traitant du sujet.
Les ONG «Jeunes» suggèrent une compréhension du monde intéressante : après l’ère de «l’international» et du «mondial», nous sommes arrivés à l’époque du « global ». Selon elles, demain, nous serons «planétaires».
Si la notion de «global» nous relie, elle ne dit rien de ce qui concerne l’unique vaisseau spatial que nous avons : la Terre. La notion de «planétaire», par contre, intègre cette dernière.
Dans son film, Al Gore évoque le fait que les premières images de la Terre prises lors des premiers vols dans l’espace et largement diffusées ont considérablement modifié le rapport des hommes entre eux. Ce changement de vision est toutefois loin d’être achevé si l’on considère que pour beaucoup de personnes, la question environnementale reste un luxe.
L’espoir réside dans le fait que la « génération planétaire » est sur le point d’entrer dans la vie active.

L’inclusion de l’aviation et des transports maritimes : pas pour tout de suite…

Le «Earth Negociation Bulletin» de ce 11 novembre le rapporte : une tentative (de plus) de discussion sur l’inclusion de l’aviation et des transports maritimes s’est soldée hier par un échec. Aucune avancée n’est en vue.
Pour sauver la face, les participants ont convenu qu’ils en reparleraient dans 6 mois. Cela fait 10 ans que cela dure…
La Norvège se propose d’organiser une réunion d’étude sur le sujet en octobre 2007. C’est au moins une chose que le Koweit ne peut pas empêcher de se produire…

BASIC : un canevas mondial pour la réduction des émissions

Une vingtaine d’instituts de recherche disséminés à travers le monde et financés par la Commission Européenne sous le projet BASIC proposent une nouvelle architecture mondiale pour lutter contre les changements climatiques.
Parmi les nombreux éléments très intéressants et innovants issus de leurs travaux, pointons-en deux.
Première proposition : les engagements des pays industrialisés seraient fixés sur une base annuelle, reconduits automatiquement et renforcés mécaniquement lorsqu’il s’avère, par exemple, que le prix mondial de la tonne de CO 2 baisse ou que ces pays recourent collectivement à davantage de crédits carbone dans les pays du Sud que l’année précédente.
Seconde proposition : dans un premier temps, les pays du Sud ne se verraient pas imposer d’objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (les pays industrialisés ayant une forme de responsabilité historique vis-à-vis du CO 2 actuellement dans l’air) mais chacun bénéficierait d’une masse totale déterminée de crédits de carbone à générer et à vendre aux pays industrialisés. Cette quantité, ils pourraient la vendre sur une ou plusieurs (dizaines) d’années, en fonction de leurs capacités propres. La fixation de cette quantité absolue prendrait en compte le niveau PNB par habitant ou encore la quantité d’émission par habitant. Plus celle-ci serait élevée, moins le pays aurait de possibilité de générer des crédits carbone. Le temps passant, le niveau de développement augmenterait, les émissions par habitant également. Le stock de crédits carbone à vendre diminuerait alors jusqu’à atteindre un seuil à partir duquel le pays serait contraint de rejoindre la famille des pays ayant des plafonds d’émission.

Sans entrer dans les détails (pas facile de tout capter sans entrer dans les rapports détaillés), le schéma que les chercheurs proposent permet de répondre à quantités d’objections aujourd’hui rencontrées dans les salles et couloirs de Nairobi.

Surtout, ce mécanisme permet de fonctionner beaucoup plus en douceur que maintenant où chaque nouvelle phase de négociation génère non seulement des psychodrames coûteux en temps et en argent mais aussi un manque d’avancées réelles pour nous éviter des changements climatiques et économiques majeurs et ingérables.

Intéressé ? www.basic-project.net

De l’écriture et du GSM

Fascinant : quelques centaines de personnes se penchent studieusement sur une coagulation bi-dimensionnelle de fibres végétales (autrement dit, du papier) agrémentées de taches réalisées au moyen d’un liquide parsemé de particules de carbones (comprenez de l’encre) et utilisent cet objet pour converser trois heures durant et très poliment sur les idées très complexes qu’elles véhiculent. C’est sans doute comme cela que des extra-terrestres verraient les séances plénières de la Conférence…
L’écriture, apparue il y a déjà quelques milliers d’années, est et reste une invention majeure pour nos sociétés. Sans elle, point de possibilité de faire rejoindre les points de vue des près de 200 pays impliqués dans les négociations. Comme dans tout processus de ce genre, seul ce qui est écrit existe.
D’autres inventions, bien plus récentes, nous aident grandement dans ce travail de négociation, concertation, délibération: le GSM et l’Internet sans fil. Sans eux, nul doute qu’il faudrait plusieurs semaines, au lieu de 2 actuellement, pour faire progresser les idées d’une quantité équivalente. Cela a toutefois un prix : nous baignons dans une soupe d’ondes en tout genre qui ne nous veulent peut-être pas toutes du bien… Mais çà, c’est une autre histoire.

A vos agendas : méga mobilisation planétaire en décembre 2007

Le 3 décembre 2005, lors de la Conférence de Montréal, des actions publiques réclamant des avancées en matière de politique climatique mondiale ont eu lieu dans plus de 20 pays.

Cette année, plus de 100.000 personnes à travers le monde se sont mobilisées le 4 novembre dernier pour faire entendre leur(s) voix à la veille du rendez-vous de Nairobi.

Pour 2007, la volonté est de donner à ces manifestations un ampleur plus grande encore. Une organisation travaille à cet objectif au niveau mondial et recherche des contacts all over the world pour amplifier la voix des populations : www.globalclimatecampaign.org

J’ose espérer que vous serez au rendez-vous !


Le chiffre du jour

Si la déforestation à l’échelle planétaire se ralentit, elle continue à causer la disparition nette quotidienne de 200 km 2 de forêt !..

Je vais m’octroyer ce dimanche une pause dans la rédaction de ce Carnet, pause dont il ne m’appartient pas de prétendre qu’elle est méritée mais dont je peux affirmer qu’elle sera bienvenue…

On se retrouve donc lundi pour suivre la deuxième semaine (capitale) de la Conférence.



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IEW - Carnet de Nairobi
Jeudi 9 novembre


Une bien belle journée
Ce matin, l’air est clair et sec. Le soleil a du régler ses gentils rayons sur 21°C. Pas dégueu…
Pour la première fois, la délégation belge a bel et bien pu tenir sa réunion de coordination matinale de 7h30 dans une salle appropriée de l’ambassade, à 5 minutes du lieu de la Conférence. Jusqu’à présent, un certain chaos prévalait.
La végétation bordant la route qui nous y a menés est splendide : arbres violets à la Cézanne, verts éclatant, terre grasse et brune.
Chaque jour qui passe voit l’organisation globale s’améliorer. Ainsi, aujourd’hui sont apparus des panneaux indicateurs éclairant les participants sur les lieux où trouver les nombreuses salles de réunions, baptisées de noms d’animaux africains tels que Twiga (Girafe), Kirafu, Simba ou Kiboko.
Pour ma part, après avoir pris mes marques, je peux plus concrètement apporter ma pierre à l’édifice, en contribuant activement aux travaux menés par la Coalition des ONG. Je me focalise surtout sur la question du post-2012. Bien intéressant.

Renversement de perspective

Pour les ONG et bon nombre d’autres acteurs à l’époque, l’introduction, à la demande des USA, des « droits de polluer » dans le Protocole de Kyoto était considéré comme un affaiblissement de la rigueur et de l’efficacité de l’accord devant aboutir à une diminution réelle des émissions. En un sens, la critique reste valable : les pays industrialisés peuvent en effet rencontrer leurs obligations en faisant simplement tourner la planche à billets des crédits carbone dans les pays du Sud. Cette planche à billets est cependant fortement contrôlée et encadrée par les Nations Unies et elle permet - théoriquement en tout cas - des transferts financiers et de technologie vers les pays en développement. Même si pour ces derniers, les avantages ne sont pas toujours très visibles…
Actuellement, ces mécanismes de marchés (crédits carbone) fonctionnent ; ils représentent un volume d’échange déjà significatif et appelé à croître de manière importante. Elément majeur : le secteur privé se l’est approprié et y a développé compétences, services et valeurs ajoutées.
Les représentants du monde des entreprises (fédérations) se sont exprimée hier en plénière pour demander une clarification rapide de la suite qui serait réservée à Kyoto en vue de leur permettre de poursuivre leur business. Ils ont également souligné les opportunités qui se présentent au secteur privé dans le cadre d’une politique climatique ambitieuse, sur base du récent et maintenant fameux rapport STERN.
Comme chacun le sait, rien n’est plus toxique au monde des affaires que l’incertitude en matière de politique publique... Le vers qui était dans le fruit serait-il devenu papillon pour le climat ?

Un délice diplomatique

Hier après-midi, les délégués des Parties et les ONG ont pu exprimer leurs points de vues sur la manière dont ils entrevoient les nouveaux engagements à prendre pour le post-2012. L’ambassadeur du Japon s’est à cette occasion (une fois de plus) distingué par un usage très posé et choisi de ses paroles. En substance, son message est simple : avant d’aller plus loin, je veux savoir qui jouera avec nous... Mais son emballage fut un régal pour les oreilles et le cerveau !
Vous voulez vous aussi voir et écouter comment s’expriment les délégués ?
Rien de plus simple, avec le Webcast : http://unfccc.int/meetings/cop_12/webcast/items/3882.php

Tsunami politique et changement de climat à Washington ?

Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis sont sur tous les écrans des hôtels accueillant les délégués à la Conférence. La prise de contrôle de la Chambre et du Sénat par les Démocrates laisse en effet entrevoir des possibilités d’évolution à moyen terme de la politique climatique mondiale jusqu’à présent inconcevables.
Il ne faut toutefois pas être trop optimiste sur le court terme : si les Démocrates vont sans nul doute mettre en route des programmes nationaux en faveur de l’efficacité énergétique, il est peu probable de voir les délégués américains changer instantanément du tout au tout. Qui vivra verra … qui sera le nouveau président en 2009.

C’est au tour du Japon d’être fustigé pour avoir déclaré que si on fixe une date limite pour clôturer un accord sur les engagements futurs des pays développés, il diminuera ses engagements. Cela relève certes de la musculation diplomatique mais il n’en reste pas moins que déclarer que la Japon n’a pas l’information pour pouvoir prendre un nouvel engagement, que de nombreuses études restent nécessaires, que cela va donc prendre beaucoup de temps, que… , cela n’est vraiment pas très crédible…

A demain !


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IEW - Carnet de Nairobi
Mercredi 8 novembre


Impressions : du sang et du miel
Ce matin, la ville est encore humide des pluies de la nuit mais le ciel se dégage.
Nous quittons l’hôtel pour rejoindre le Centre de conférence, sur le site des Nations Unies. Notre véhicule longe un grand terrain boueux servant manifestement de parking aux taxis collectifs locaux, déjà en route. Un enfant d’environ 8 ans danse sur le bas-côté. Habillé de guenilles, un sac plastique lui couvrant la tête, il a le regard de tous les enfants du monde. Sauf qu’il est seul, les pieds dans la boue, dans l’indifférence générale. Sa danse est-elle la conséquence de sa joie de vivre ou plutôt l’unique exutoire de sa souffrance ? Un peu plus loin, trois gamins pouilleux sont ramassés autour d’un feu confectionné avec des déchets de plastiques dans une dépression du terrain boueux.
Quand ces enfants mendient, agressivement, on a parfois l’impression qu’ils vont vous sauter dessus et vous arracher les yeux, un peu comme le feraient les vifs singes que l’on rencontre dans les parcs nationaux. Abandonné, l’homme redevient vite une bête…
Cette vision est blessante et me fâche.
Résoudre ces cas ponctuels ne serait pas une solution valable pour les milliers d’autres enfants livrés à eux-mêmes dans la jungle des humains. Seules des politiques publiques de développement, d’éducation et de redistribution des richesses pourront mettre un terme à cette situation intolérable.
Les négociations sur le climat n’ont pas d’autres enjeux que celui-là: assurer un développement raisonnable pour tous.
Quels sacrifices les gouvernements élus des pays plus nantis sont-ils prêts à faire pour éviter que davantage encore de populations ne soient soumises à des conditions de vie indécentes, notamment par la déstabilisation de leur environnement naturel ? Mais aussi, quelles limites les gouvernements des pays du Sud posent-ils à leur droit légitime d’assurer un développement plus important de leurs populations et à leurs exigences envers le monde développé ? Ils invoquent parfois un peu trop facilement le fait que les pays industrialisés sont seuls et totalement responsables des émissions réalisées depuis l’époque industrielle. Or, la connaissance du problème est relativement récente (quelques dizaines d’années) et les outils pour l’éviter n’étaient à l’époque pas disponibles. De ce point de vue, nos grands-parents sont relativement innocents… De plus, la technologie actuelle est le fruit de ce passé et bénéficie à l’ensemble des pays du monde, même si c’est de manière encore très/trop inégale (question des droits de propriétés, régulièrement soulevée par les pays en développement).
On ne peut s’empêcher de penser qu’il existe quelque part une réflexion éthique à mener par les uns et les autres…
Contrairement à l’intuition, l’éthique n’est pas un sujet entièrement relatif, dépendant totalement d’un contexte culturel donné. Le Rock Ethics Institute a officiellement lancé aujourd’hui un White Paper à ce propos : «White Paper on the Ethical Dimensions of Climate Change».
Ce document est le fruit d’un intense travail de collaboration impliquant plus de 15 institutions différentes et mené depuis la COP 10 de Buenos Aires, en 2004. En substance, le message des chercheurs est le suivant : jusqu’à présent, les négociations se sont uniquement focalisées sur deux dimensions : scientifique et économique. Or, les travaux dans ces matières comportent de nombreuses hypothèses non explicites en termes de valeurs.
En se contentant de mettre des chiffres et des statistiques sur la survenance d’événements, on ne répond pas à la question de la valeur que l’on accorde (ou non…) aux désagréments subis par les victimes. Ajouter la dimension éthique permettrait de faire de substantiels progrès dans la recherche d’une solution au problème global qui est posé. Cela permettrait d’exercer un effet de tamisage pour distinguer les arguments se souciant de l’intérêt collectif de ceux qui relèvent exclusivement de la recherche d’un gain individuel.
Il existe un nombre important de dimensions éthiques sur lesquelles une convergence existe entre les cultures. Il s’agit là d’un socle commun qui devrait être exploité bien davantage car aujourd’hui, dans les faits, aucun pays ne se soucie du bien commun collectif, chacun ne défend que son propre intérêt. Si l’on adoptait une approche éthique, seuls les arguments reposant sur une telle base seraient pris en compte pour faire avancer le processus. Il en résulterait un changement majeur dans la teneur des discussions. Par exemple :
- aucun pays ne pourrait plus prétendre ne pas agir sous prétexte que d’autres n’agissent pas eux non plus (Accepterait-on qu’un braqueur de banque justifie la poursuite de son activité en argumentant que d’autres continuent à le faire ?) ;
- aucun pays ne pourrait plus nier que retarder l’action a, dès à présent, un impact réel sur des populations et que cet impact croît au fur et à mesure que le délai d’action augmente ;
- personne ne pourrait plus avancer l’argument selon lequel il faut attendre pour agir que des technologies nouvelles et moins chères voient le jour. A partir du moment où des communautés sont affectées, il n’est pas acceptable de faire le pari qu’une solution nouvelle et non encore connue permettra « bientôt » de passer à l’action. D’ailleurs, les solutions existent déjà. Reste à avoir la volonté et à se donner les moyens de les mettre en œuvre…
- le coût ne pourrait plus être utilisé comme argument pour ne pas agir. La dimension économique est uniquement utile pour trouver les options les moins chères, pas pour répudier l’action.
Le processus de négociation actuel commet une erreur éthique majeure : les victimes des changement en cours n’ont pas voix au chapitre. A ce propos, il est intéressant de noter que les communautés indigènes telles que les Indiens, Inuits, etc. ne sont pas reconnues comme des partenaires à part entière dans ces négociations (contrairement à d’autres forum internationaux) mais y sont assimilées aux ONG.
Concrètement, une approche éthique rendrait non recevable l’argument 100 fois ressassé par l’Arabie Saoudite selon lequel elle fait partie des pays en voie de développement (sic) et a besoin de fonds internationaux pour assurer sa reconversion suite à la moindre consommation de pétrole générée par le Protocole. Un argument particulièrement énervant !
Bref, on le voit, ajouter la dimension éthique est susceptible de permettre la concrétisation d’une solution bien plus solide sur le long terme. Mais ceci est toutefois très loin d’être à l’ordre du jour des négociateurs !..
Enjeux du jour
L’intensité des échanges augmente. Aux réunions plénières organisationnelles et formelles s’ajoutent maintenant des réunions de négociations thématiques (Contact Groups) auxquelles les ONG peuvent assister. Plusieurs réunions d’échanges informelles, plus obscures, ont également lieu mais les ONG n’y ont pas accès.
La situation devient plus confuse à mesure que les jours avancent, du moins pour les non-professionnels des changements climatiques. Pour ceux qui travaillent à temps plein sur ces questions, par contre, on n’en est toujours qu’à une phase d’échauffement…
La troisième session du Groupe de Travail informel sur les engagements futurs (Ad Hoc Working Group on Further Commitments of Annex I Parties) est ce jour le théâtre de déclarations de la part des différentes délégations.
Le débat tourne autour d’un sujet récurent : les pays en développement considèrent qu’il appartient aux pays industrialisés de prendre unilatéralement de nouveaux engagements de réduction et de montrer un réel progrès en terme de responsabilité climatique. Sur cette base, ils inspireront alors, le cas échéant, l’action des autres pays. En d’autres termes, les nations émergentes demandent de voir pour croire, et agiront ensuite. Elles considèrent que c’est là l’unique objet du mandat de ce groupe de travail, conformément à l’article 3.9 du Protocole. Les pays tentent quant à eux d’élargir le paysage et d’introduire des éléments mettant en avant la nécessité d’une responsabilité partagée et différentiée pour tous…
Relevé au vol
Depuis l’ouverture de cette Conférence, l’Australie semble mettre un point d’honneur à se distinguer … dans le mauvais sens. Ainsi, après sa sortie remarquée sur le non-respect de l’heure de clôture des travaux (voir notre Carnet d’hier), la délégation australienne s’est aujourd’hui mise en évidence en déclarant que l’Australie devait être considérée comme une des principales victimes des changements climatiques au même titre que l’Afrique et les Etats du Pacifique!
En lui attribuant un nouveau « Fossile du jour », les ONG ont rappelé à la délégation que l’Afrique était soumise à des sécheresses prolongées générant des famines meurtrières tandis que plusieurs îles du Pacifique risquaient purement et simplement de voir disparaître l’entièreté de leur territoire. Des catastrophes environnementales, économiques, sociales et humaines majeures auxquelles l’Australie semblent (heureusement) pouvoir échapper. La délégation a été invitée à parfaire sa connaissance des conséquences des changements climatiques prévues pour les différents pays sur le site www.cana.net.au/socialimpacts


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IEW - Carnet de Nairobi...
iew (8-11-2006)
Mardi 7 novembre
Impressions : chacun s’échauffe…
Ce matin, il pleut sur Nairobi, comme il pleut souvent sur Bruxelles. Sauf qu'ici, les gouttes sont tièdes…
Réveil à 06H00 ; déjeuner à 06H30 ; départ de la délégation belge à 07H00 pour l’ambassade en vue dy tenir la réunion de coordination quotidienne. Viens ensuite la coordination européenne, pour les représentants officiels, et la coordination des ONGs, à laquelle prend part IEW.
Ces coordinations sont un moment essentiels de la journée : « l’intelligence collective » peut être construite sur base des retours faits en séance par les personnes ayant participé aux nombreux et divers évènements du jour précédent. Impossible autrement d’avoir un sentiment sur l’évolution globale de la situation.
Le succès de cette coordination dépend évidemment pour beaucoup de la participation active des représentants des ONG et plus particulièrement de ceux du continent accueillant la Conférence qui peuvent mieux que d’autres porter devant la presse nos préoccupations.
Depuis hier, peu de changements majeurs… Chacun prend ses marques. Beaucoup font des déclarations officielles et diplomatiques. Rares sont encore les points d’accroche.
A noter cependant que lundi en fin de journée, les délégations australienne et américaine, connues pour leurs positions très « mitigées » face à ce qu’elles perçoivent être une contrainte potentielle posée au développement de leurs économies, ont fait très fort : sans détour, en séance plénière, elles ont manifesté leur mécontentement face au fait que les travaux dépassaient l’heure officielle de clôture fixée à 18H00. Il était 18H05… Pas question pour elles que les participants puissent continuer à échanger leurs points de vue au-delà de cette limite. Par contre, ces mêmes représentants ne se sont pas faits prier pour participer à la réception officielle donnée en nocturne…En politique, toutes les armes sont bonnes pour retarder et saboter un processus.
Cette attitude a valu à la délégation australienne de se voir attribuer par les ONG le Fossile of the Day (Fossile du Jour ), distinction - pas très honorifique! - remise quotidiennement lors de chacune des Conférences sur le Climat. ( Plus dinfos à ce sujet sur www.climatenetwork.org)

Enjeux du jour & Point de vue des ONG
Plusieurs sujets « croustillants » sont à l’ordre du jour ce mardi.
Premièrement, une discussion doit avoir lieu concernant le fait de permettre à des nouvelles installations de production de gaz industriel HCFC-22 d' être considérées comme des projets de réduction de gaz à effet de serre dans les pays du Sud et de bénéficier dès lors des fameux crédits de CO 2 « CDM ». Ce mécanisme permet de « créer » des crédits de CO 2 en estimant qu’un projet permet d’éviter une quantité correspondante d’émission. Ces crédits peuvent ensuite être utilisés par les pays industrialisés pour remplir leurs obligations de Kyoto.
En soi, le mécanisme peut être porteur d’un transfert de technologie et de développement durable. Cependant, en ce qui concerne les nouvelles usines de production de HCFC-22 tel n’est pas le cas. En effet, ce procédé de production rejette normalement un sous-produit, le HFC-23, ayant un pouvoir de renforcement de l’effet de serre 14.000 fois plus puissant que la quantité équivalente de CO 2! Il est donc nécessaire sur le plan environnemental d’en assurer la destruction, ce que les nouvelles usines devraient faire. Considérer que cette destruction revient à éviter des émissions au sens du mécanisme CDM et donc permettre à ces nouvelles installations d’en tirer bénéfice sous prétexte de leur contribution à un développement plus durable apparaît toutefois comme un contre-sens. Qui plus est, la quantité de crédits CDM auxquels ces installations auraient droit est telle que 1) cela permettrait de financer complètement de nouvelles usines d’un gaz pour lequel on ferait mieux de trouver des alternatives et 2) cela risque de diminuer encore la valeur de la tonne de CO 2 sur le marché international.
En conclusion, pour les ONG, il n’est pas concevable de considérer que de telles installations puissent être éligibles au CDM.
Autre sujet, parmi les nombreux « side events » - comprenez les évènements informels organisés en marge des séances de négociation officielles : un séminaire d’information organisé par l’industrie pétrolière relatif au stockage dans le sous-sol d’émission de CO 2.
L’idée apparaît de prime abord séduisante : plutôt que de laisser les émissions de CO 2 partir dans l’atmosphère, réinjectons-les plutôt d’où ils viennent, dans les gisements gaziers, pétroliers ou charbonniers, ou dans des nappes aquifères profonds. Outre la faisabilité technique, encore en cours d’expérimentation, plusieurs problèmes de taille se posent toutefois. La stabilité à long terme de ces réinjections constitue un risque qu’il est difficile à évaluer. Que se passera-t-il si le CO2 réinjecté venait à se libérer dans 50, 500 ou 5000 ans ? Ensuite, si cette « solution » peut apparaître miraculeuse, il ne faut pas oublier que réinjecter le CO 2 dans le sol consomme une quantité significative d’énergie (environ 30 % du CO 2 injecté), réduisant l’avantage environnemental réel pour le climat. Le coût de l'opération est aussi très élevé (de l’ordre de 40 dollars/t CO 2 évité) et les investissements à consentir énormes. Enfin, une telle technologie ne favorise pas le développement durable des pays du Sud. Elle ne devrait donc pas pouvoir être éligible au mécanisme des crédits de CO 2 « CDM ». Les opinions concernant ce dernier point divergent cependnat sérieusement. L’industrie pétrolière fait ainsi valoir un argument intéressant : ne pas tenter cette voie, c’est finalement empêcher des pays en voie de développement de profiter de leurs gisements de charbon…
Il y a donc lieu d’être prudent vis-à-vis de cette « solution ». L’industrie elle-même l’est, mais pour d’autres raisons : qui va supporter les risques de tels projets à long terme (question des assurances) ? L’Etat ne devrait-il pas intervenir (tiens, cela ressemble furieusement à une situation connue concernant le risque des accidents nucléaires…)? Que se passera-t-il le jour où le CO 2 sera considéré légalement comme un déchet (ce qu’il n’est curieusement pas aujourd’hui, contrairement à d’autres gaz émis à l’atmosphère par l’homme) ?
Autre atelier, organisé lui par l’Agence Atomique de l’Energie : le nucléaire comme solution à l’équation Kyoto.
Nous savons tous (?) que le nucléaire n’est pas une option significative à l’échelle planétaire, ne fut-ce que pour une question de ressource en matière fissile bien trop limitée et pour une question financière, la technologie étant extrêmement intense en capital. Il faut pourtant croire cette technologie continue à exercer une fascination et un pouvoir d’attraction sur bon nombre de personnes qui se refusent à tenir compte des faits scientifiques, notamment en terme de ressources disponibles. A suivre de près !
Ce jour verra également la deuxième réunion du « Ad Hoc Group on Further Commitments » pour les parties actuellement prenantes au Protocole de Kyoto. Derrière ce terme abscon se cache un enjeu majeur : quels engagements pourront être pris pour l’après-2012, date butoir terminant la période de réduction des émissions organisée par le Protocole de Kyoto?
Il est clair qu’aucun pays du Sud ne s’engagera tant que les pays industrialisés ne feront pas de vrais efforts de réduction, à la hauteur de leur responsabilité historique (révolution industrielle). Il est clair aussi qu’aucun pays industrialisé n’acceptera d’aller plus loin, si les économies émergentes comme le Mexique, la Corée du Sud, la Chine( ?), l’Inde (?), n’apportent pas leur pierre à l’édifice. L’enjeu est environnemental certes, mais il est surtout de développement (voir notre Carnet d'hier). Il est aussi éthique : comment faire en sorte de répartir le droit de chacun des états à faire tourner ses industries, chauffer et refroidir ses maisons, donner de la mobilité aux biens et personnes ?
Il y a lieu ici de développer la « proposition brésilienne », unique en son genre. En substance elle dit ceci : plutôt que de partager l’effort de réduction à faire entre les pays après 2012 sur base de leurs émissions actuelles, il faudrait plutôt considérer les émissions totales de chaque pays depuis l’époque industrielle. Scientifiquement, cela tient la route : le réchauffement actuel est dû à une augmentation de la concentration de gaz à effet de serre dans notre atmosphère et cette concentration est le résultat de l’accumulation des émissions au cours du temps. Le CO 2 est en effet réputé « rester en l’air » pendant plus de 100 ans et d’autres gaz à effet de serre le feront pour des centaines d’années. La concentration actuelle, de l’ordre de 380 ppm est donc bien pour l’essentiel (de l’ordre de 80%) le résultat des émissions passées des pays maintenant industrialisés, et les pays en développement n’en sont responsables qu’à hauteur de 20%.
Il en résulte un changement de perspective radical : si l’on ne tient compte que des volumes d'émissions annuelles, les projections montrent que les pays développés verront leurs émissions annuelles dépassées par celles des pays en développement vers 2030. Par contre, si l’on prend en compte la totalité des émissions depuis 1840, les pays en développement n’auront émis la même quantité de gaz à effet de serre que les pays industrialisés que vers 2150… En conséquence, les pays émergents estiment légitime de bénéficier de temps pour pouvoir atteindre le même niveau de développement que les pays industrialisés qui ont eu, eux, 150 ans pour le faire...
Reste un problème majeur : la science indique qu’il faudrait diminuer les émissions annuelles mondiales par 2 d’ici 2050. Ceci ne peut être le fait des seuls pays industriels, qui en 2050 seront resposnables de moins de la moitié de ces émissions annuelles. Le tunnel est encore long avant de voir la lumière…

Relevé au vol
Un des « side events » a trait à la question de la disparition massive des tourbières dans le monde. Etonnant et assez peu connu.
D’après Wetlands International (wetlands.org), les tourbières représentent 3% des terres émergées mais stockent un volume de CO 2 équivalent à 100 ans des émissions actuelles dues à la combustion de combustibles fossiles. Dans certaines régions du monde (surtout en Asie), les tourbières stockent jusqu’à 30 fois plus de carbone que celui contenu au-dessus dans les forêts tropicales. Aujourd'hui, ces tourbières sont asséchées à grande échelle ou brûlées. Or, dans une tourbière asséchée, l’oxygène pénètre et a tôt fait de relancer le processus de dégradation des matières végétales qui s’était arrêté. Le résultat est dramatique en terme d’émission de gaz à effet de serre, et ce à l’échelle mondiale.
Pourquoi assèche-t-on ces tourbières ? Une des causes importantes est liée à la production d’huile de palme, alimentant l’industrie des biocarburants. La production d’une tonne d’huile de palme peut ainsi émettre 20 tonnes de CO 2, rien qu’à cause de l’oxidation de la tourbière, asséchée…
En 2005, les Pays-Bas ont importé 400.000 tonnes d’huile de palme en vue de contribuer à la diminution de leurs émissions. En réalité, dans les faits, en tenant compte de l’impact environnemental sur les tourbières, ces émissions ont augmenté !...
Autre paradoxe : actuellement, dans le cadre du Protocole de Kyoto, ces émissions de tourbière ne sont pas comptabilisées et ne bénéficient donc pas d’un soutien en cas d’évitement.
Wetlands International a mené une étude approfondie sur le cas de l’Indonésie; il en ressort - une fois encore… - que le problème est aussi un problème de développement. La pauvreté est en effet quatre fois plus importante dans les zones où les tourbières sont brûlées ou asséchées.
A noter qu’en Belgique aussi, nous avons des tourbières et qu’il faut les protéger (voire, dans certains cas, réhabiliter en opérant le chemin inverse : couvrir d’eau ce qui a été asséché) pour une question de biodiversité et d’équilibre écologique (réservoir à eau).
A demain!
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IEW - Carnet de Nairobi...
(7-11-2006)
Jour 1 – Lundi 6 novembre

A première vue, organiser une conférence sur les changements climatiques dans une ville bénéficiant d’un climat tempéré exceptionnel comme Nairobi peut apparaître comme un paradoxe. A la réflexion, toutefois, ce choix se révèle particulièrement porteur de sens.
D’une part, et c’est le plus évident, l’Afrique subsaharienne est une région déjà affectée par les changements en cours avec une sécheresse prolongée ponctuée d’inondations.
D’autre part, et c’est peut-être le plus important, la situation de la capitale kenyane démontre combien les enjeux au cœur des discussions à venir dépassent le cadre strictement environnemental. Je m’explique.
La violence qui règne ici dans la société n’a rien à envier à celle – plus médiatisée – de l’Afrique du Sud. L’écart entre les plus pauvres, entassés dans des bidonvilles, et les plus nantis conjugué à la faiblesse (sinon l’absence) d’une politique sociale, d’éducation et de redistribution aboutit à l’expression d’une rage de (sur)vivre qui peut prendre des formes extrêmement violentes et délétères. Ainsi, malgré la douceur du climat et la beauté des paysages, bien rares sont les possibilités de déplacements à pied dans ou hors de la ville ; le recours à la voiture est obligatoire pour des questions de sécurité… La planification urbaine étant limitée, le réseau routier est très peu maillé, les routes en très mauvais état et la ville difficilement franchissable en journée. Quant à son chez-soi, impossible d’habiter un logement non entourés de barbelés et/ou surveillé 24h/24 par un gardien. Même à l’intérieur, la sécurité n’est pas assurée et il est recommandé de séparer l’étage du rez-de-chaussée par une grille qui est cadenassée chaque soir.
Quel lien, me direz-vous, avec le climat ? Il est simple : si les changements climatiques sont la conséquence d’un effet environnemental, la politique à mettre en œuvre pour les combattre est une question économique, éthique et sociale, une question de développement. Toutes les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (combustion d’énergie fossile, combustion de biomasse, libération de terres pour la culture,…) sont en effet le résultat d’une activité visant à créer de la richesse à l’échelle locale. Les choix posés pour les combattre auront donc des conséquences directes et indirectes sur le niveau et la qualité de vie des populations.
Voulons-nous une société dans laquelle les extrêmes s’exacerbent, sous l’influence d’une compétition débridée, au risque de ne plus permettre à personne de circuler librement en rue ? Choisissons-nous de lutter collectivement pour diminuer les causes des changements climatiques (la consommation d’énergie des pays développés pour l’essentiel) et en atténuer les effets ou préférons-nous trouver une issue préservant les prérogatives des pays nantis ? Voulons-nous augmenter l’accès à l’énergie pour une majorité, de préférence au moyen de sources et techniques moins défavorables à l’environnement, permettant ainsi d’augmenter le niveau de vie moyen, ou préférons-nous maintenir deux milliards de personnes dans la pauvreté ?
Ne pas prendre à bras le corps le problème des changements climatiques pourrait sous peu engendrer des déplacements massifs de population impossibles à gérer et aboutir à l’émergence dans un nombre croissant de villes du monde d’un état de violence tel que celui que connaît Nairobi.
Le lien entre changements climatiques et politique de développement est également nécessaire si nous voulons que cette dernière conserve sa pertinence. En effet, les modifications climatiques s’expriment de manière variable à l’échelle locale et il y a donc lieu de développer des réponses spécifiques et adaptées à chaque situation. Ne pas tenir compte de cette donne risque de réduire à néant des années d’effort de développement. Ceux-ci permettent de mieux faire face aux risques encourus localement : anticiper les longues sécheresse, les inondations, les modifications de la végétation et du régime hydrique, est devenu une nécessité. Citons pour l’anecdote ce barrage hydroélectrique situé au Népal qui fut balayé peu après son inauguration par la rupture d’un glacier situé en amont...

Enjeux & point de vue des ONG
Alors que pour bon nombre de participants issus des délégations représentant des Etats cette Conférence de Nairobi est une conférence « intermédiaire », procédurale, sans objectifs d’avancement majeurs, les ONG ont une analyse totalement différente ( le point de vue des ONG de développement et d’environnement est coordonné par Climate Action Network International (CAN-I), coalition créée en 1989 et regroupant plus de 360 ONG réparties dans 85 pays).
Nous sommes en effet passés en quelques années d’une situation de négation des changements climatiques à la nécessité de prendre des mesures concrètes pour en limiter les effets sur le terrain. Il nous faut donc ajuster nos priorités.
A cause de cet état de fait – les changements climatiques sont parmi nous – reconnu par un nombre croissant d’observations scientifiques, il devient impératif non seulement d’atténuer les causes mais aussi de limiter les effets néfastes des changements climatiques. Ce second volet de la lutte – appelé « mécanismes d’adaptation » dans le jargon – a reçu jusqu’à présent bien trop peu d’attention.
Il existe pourtant un fonds spécifique (le Fonds d’Adaptation, non encore opérationnel et dont les modalités de fonctionnement doivent être décidées lors de cette Conférence) à côté d’autres fonds créés pour aider les pays les plus vulnérables ; les moyens financiers dont ils disposent actuellement sont toutefois bien trop faibles par rapport aux besoins : quelques dizaines de millions de dollars, alors que la Banque Mondiale (crfr. World Bank Investment Framework) estime qu’il en faudrait entre 10 et 40 milliards... Un facteur de presque mille sépare donc les moyens des besoins !… Cet écart doit évidemment être comblé de toute urgence mais il n’y a cependant pas encore de consensus à ce propos…
Il faudra également pouvoir trouver une source de financement ; une part importante de celui-ci devrait être issue des pouvoirs publics, par exemple via une taxation à l’échelle mondiale de la consommation d’énergie des navires et du trafic aérien.
Qui plus est, alors que la pays développés voient dans cette lutte une opportunité pour développer de nouvelles technologies et savoir-faire, les voix du Sud estiment que les solutions sont déjà connues et qu’il ne faut dès lors pas plus de nouveauté mais une meilleure application de solutions déjà bien connues par les experts du Sud eux-mêmes. Ceci ne facilite pas les donations des pays développés.
Se focaliser sur une nécessaire adaptation des sociétés humaines aux changements climatiques qu’elles vivent ne doit cependant pas occulter qu’il reste plus que jamais nécessaire de réduire les causes de ces changements et donc diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. De ce côté, le tableau apparaît bien sombre : les USA ne participent pas à la partie et l’équipe des pays industrialisés ne fait pas la démonstration d’une réduction un peu tangible de ses émissions… De plus, si nous voulons que les premiers efforts, limités, du Protocole de Kyoto (couvrant la période 2008-2012) soient suivis d’autres – indispensables pour limiter la hausse de la température moyenne globale de 2°C par rapport à l’époque pré-industrielle – il est impératif de conclure avant fin 2008 un accord sur la période suivante ! Pour parvenir à cet accord, il faut poser des jalons précis or, à ce stade, de tels jalons n’existent pas et les discussions sur le post-Kyoto sont menées au sein de plusieurs forums fonctionnant en parallèle, ce qui n’est pas de nature à rassurer. Les ONG pèseront de tout leur poids pour éviter un enlisement et forcer les participants à mettre un route un processus de négociation digne de ce nom.
La Conférence est en outre le lieu prévu pour entamer une revue du Protocole et des progrès réalisés par les parties prenantes. Les ONG souhaitent que cette revue soit faite sur une base scientifique solide, pendant une durée n’excédant pas un an, et permettant d’aboutir en 2007 à un mandat de négociation pour la post 2012.
Enfin, un autre point de cette Conférence retenant l’attention des ONG est l’intense déforestation dont sont l’objet les forêts tropicales. Le sujet est connu mais l’ampleur du problème en terme d’émission de gaz à effet de serre l’est beaucoup moins. Et pourtant : à l’échelle mondiale, un quart des émissions est le fait de la déforestation ! Une déforestation massive qui ne participe même pas au développement durable des pays qui en sont victimes... Il est dès lors nécessaire de prévoir un mécanisme permettant à ces pays de valoriser les mesures permettant de l’éviter. D’intenses – et techniques – discussion auront lieu sur ce sujet !
Bref, il y a du pain sur la planche ! Avec, pour commencer, au menu de ce lundi
- ouverture formelle et officielle de la Conférence ;
- déclaration publique d’introduction des grands acteurs : Union Européenne, ONG, etc.
- désignation des présidents de séance de toute une série d’organes de discussion et détermination des modalités de fonctionnement de ceux-ci ;
- quelques sessions informelles parallèles, sur des sujets tels que le transfert de technologies, l’impact des changements climatiques sur le régime hydrique des grands fleuves (Amazone, Gange, …), le rôle du commerce international dans la mise en œuvre d’une stratégie durable de recours au biocarburants, …

Relevé au vol…
Avant de vous quitter je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager cette info extraite d’un article du « Guardian » (Friday October 27).
Dans le film « The Day After Tomorrow », le scénariste imaginait un arrêt brutal des courants océaniques permettant de distribuer l’énergie solaire accumulée sous les tropiques vers les régions autrement glacières qui sont les nôtres avec pour conséquence un refroidissement spectaculaire et catastrophique de nos contrées. Par le jeu de la fiction, le phénomène s’opérait en l’espace de quelques jours, donnant à la chose son caractère de grand spectacle bourré d’effets spéciaux (New-York ensevelie sous les eaux puis prise par les glaces…)
Dans la vraie vie, si une tel phénomène (et ses conséquences dramatiques) est envisagé par la communauté scientifique, rien n’indique pour le moment que cela va réellement se passer. A moins que …
Une étude très poussée des courants océaniques atlantiques vient de révéler qu’une partie de ceux-ci, représentant un flux d’eau équivalent à 60 fois l’Amazone, s’était purement et simplement arrêtée pendant 10 jours, en 2004…
Les scientifiques ne sont pas encore en mesure de comprendre les raisons de cet événement ni de déterminer si un lien existe avec le réchauffement planétaire. Il n’y a donc pas lieu de s’alarmer… Rappelons -nous tout de même qu’un des âges glaciaires qui nous ont précédés est survenu en moins de 10 ans… Les scientifiques ont d’ailleurs mis sur pied une spécialisation : l’étude des « changements climatiques rapides ». Cela fait … froid dans le dos !
A demain !

Ecrit par Cherche l'info, le Samedi 11 Novembre 2006, 08:06 dans la rubrique "Les autres nouvelles".