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Pas de voitures propres sur les routes européennes en raison de l'isolement des marchés

Résumé:

Avec leurs différentes réglementations dans le domaine de l'environnement et leurs systèmes fiscaux nationaux, les 25 Etats membres de l'UE ont des marchés segmentés, ce qui empêche de rendre les voitures propres plus abordables.

Contexte:

Un panel de politiques de premier rang, de patrons industriels et de groupes de la société civile - le groupe de haut niveau CARS 21 - a été lancé l'année dernière pour simplifier la règlementation européenne dans le secteur automobile et soutenir la compétitivité de l'industrie sur le long terme.

Ce groupe, lancé par le commissaire à l'entreprise Günter Verheugen, a défini une feuille de route sur dix ans, qui comprend la conception à long terme de voitures roulant à l'hydrogène, sans émissions de CO2 (voir 12 déc. 2005). Cependant, les mesures législatives destinées à réduire les émissions de CO2 et à améliorer l'efficacité énergétique sur le court terme sont toujours en suspens en raison de l'opposition des constructeurs automobiles. 

Enjeux:


Selon la dernière étude de la Commission publiée en août 2005, le marché automobile européen reste très isolé, les systèmes fiscaux nationaux et les réglementations dans le domaine de l'environnement empêchant des écarts de prix (voir 1er août 2005).

"Nous avons à tout prix besoin d'un marché intérieur, malheureusement nous n'en avons pas aujourd'hui... car les législations fiscales, notamment dans le domaine de l'environnement, divisent le marché européen en sous-marchés," a déclaré Jean-Martin Folz, PDG de PSA Peugeot Citroën, lors d'une réunion de l'association des employeurs européens, l'UNICE, le 17 octobre. 

La segmentation du marché empêche actuellement les constructeurs de profiter des économies d'échelle créées par le marché intérieur européen, souligne M. Folz, ce qui concerne également les technologies écologiques. 

Etant donnés les prix élevés du pétrole, réduire la consommation de carburant des voitures est devenue une priorité pour l'UE. Cependant, le plan d'action sur l'efficacité énergétique présenté par la Commission la semaine dernière n'oblige pas les constructeurs automobiles à réduire les émissions de CO2, ce qui permettrait de réaliser des économies d'énergie.

Plutôt qu'une obligation juridiquement contraignante, la Commission a indiqué qu'elle proposerait une législation en 2007 afin de garantir que l'objectif de 120g de CO2/km est atteint [d'ici 2012] uniquement s'il apparaît que les engagements volontaires ne sont pas respectés. 

Le plan d'action propose par contre d'harmoniser l'étiquetage relatif à l'efficacité énergétique à travers l'Europe pour pousser les consommateurs à acheter des voitures propres. Un tel étiquetage existe déjà en Autriche, en Belgique, au Danemark, en France, aux Pays-Bas, en Espagne et au Royaume-Uni. Ces étiquettes sont conçues dans l'esprit de celles qui figurent sur les appareils électroménagers, les frigidaires et les machines à laver, dont les consommateurs sont déjà familiers. 

Cependant, de telles informations sont inutiles si les consommateurs ne sont pas prêts à investir dans des modèles de voitures écologiques, souligne un document de la DG Environnement de la Commission, qui fait référence à un rapport britannique de 2006.

"Alors que 83% des acheteurs de voitures se déclarent préoccupés par l'environnement, seuls 3% indiquent que leur choix a été influencé par le niveau d'émissions du véhicule," souligne le rapport.

Une solution pour influencer le choix des consommateurs pourrait consister à mettre en place des incitations fiscales. De tels systèmes existent déjà au Royaume-Uni, en France et aux Pays-Bas, mais sont très différents. Ainsi, en France, une taxe d'immatriculation de 380 euros est appliquée pour les véhicules dont les émissions de CO2 dépassent 200 g/km, tandis que le système aux Pays-Bas prévoit une réduction de 6 000 euros pour l'achat d'un véhicule hybride. 

La Commission a présenté, en juillet 2005, une proposition visant à harmoniser les incitations fiscales pour l'achat de véhicules moins polluants, qui a récemment reçu le soutien du Parlement. Cependant, cette proposition devrait faire l'objet d'un veto en raison de la règle de l'unanimité qui prévaut au Conseil.

Positions:


Dans son rapport final, le groupe de haut niveau CARS 21 a reconnu qu'une taxation harmonisée des véhicules et des carburants selon le niveau d'émissions de CO2 était souhaitable. Cependant, ce point a été contesté par le Royaume-Uni, qui estime que la fiscalité doit rester une compétence exclusive des Etats membres. Les Irlandais et les Hongrois seraient également opposés à une coopération accrue dans ce domaine.

Selon le groupe, au sein duquel les partons industriels sont très représentés, les acteurs concernés autres que les constructeurs doivent également contribuer à réduire les émissions de CO2. Il recommande entre autres d'influencer le comportement des conducteurs (conduite écologique, indicateurs de changement des vitesses), de proposer des information aux consommateurs et de prévenir les encombrements (contrôle du trafic et systèmes de gestion).

L'harmonisation des incitations fiscales en Europe a été vivement soutenue par l'ACEA, l'association européenne des constructeurs automobiles, qui a indiqué dans une déclaration qu'elle souhaiterait voir ce système étendu aux carburants alternatifs comme l'éthanol et le biodiesel. "La fiscalité doit être neutre sur le plan technologique et reliée de façon linéaire aux émissions de CO2," a-t-elle déclaré.

Cependant, l'association souligne aussi les inconvénients d'une efficacité énergétique accrue et prétend que la demande des consommateurs pour des véhicules plus grands et les critères de pollution de l'air (par exemple sur l'oxyde d'azote, NOx) augmentent les émissions de CO2.

Les moteurs diesel sont particulièrement polluants, bien qu'ils maintiennent les émissions de CO2 à un niveau faible. L'ONG écologique Transport & Environment souligne toutefois que l'échange entre le NOx et les émissions de CO2 peut être évité grâce à de nouvelles technologies comme la réduction catalytique sélective.

Selon T&E, cette technologie "permettrait de se rapprocher de l'objectif de 120 g/km pour les véhicules passagers, de proposer aux consommateurs des véhicules diesel moins consommateurs de carburants et de réduire les importations de pétrole de l'UE."

Développements récents et prochaines étapes:

  • Fin 2006 : la Commission doit adopter une stratégie révisée sur le long terme pour réduire les émissions de CO2 des véhicules au-delà des engagements volontaires actuels. 

Documents officiels de l'UE

Ecrit par Cherche l'info, le Vendredi 27 Octobre 2006, 20:40 dans la rubrique "Les autres nouvelles".


Commentaires :

  oups !
30-10-06
à 14:45

A quand les "avions propres" ???????