Un article de Fanny Guillaume publié dans Vers l'Avenir

Faisant suite aux plaintes de plusieurs riverains brabançons,le ministre wallon André Antoine a pris l'initiative de poser trois nouveaux sonomètres.

À Virginal , dans le jardin de Guy Ceuppens et Geneviève Tondeur, les avions ont un peu trop tendance à venir gâcher l'atmosphère bucolique. C'est en tout cas ce qu'estiment les propriétaires pour lesquels les mois de février et mars ont été particulièrement insupportables. " Nous avons dû supporter des survols quasiment toutes les minutes au-dessus d'une maison qui n'est pas isolée pour subir de telles nuisances " explique Guy Ceuppens. " J'ai porté plainte auprès du médiateur, j'ai envoyé des courriers à la commune et au ministre Renaat Landuyt, poursuit Geneviève Tondeur. Dans chacun de ces courriers j'ai proposé l'installation d'un sonomètre dans notre jardin. Maintenant qu'il est là j'espère qu'il indiquera clairement le niveau de la nuisance. "

Ittre et son entité de Virginal ne sont pas les seules communes où des sonomètres ont, de nouveau, été installés. Genval et Chaumont-Gistoux participent également à l'expérience.

Cette campagne est la troisième du genre. Deux autres ont déjà eu lieu, en 2004 à Waterloo et à Braine-l'Alleud et, en 2005, à Pécrot et à Wavre. Mais malgré les plaintes des riverains, elles n'avaient pas montré de dépassement des normes qu'applique la Région wallonne pour ses aéroports. " Le souci, c'est qu'on parle de norme appliquée par la région wallonne aux aéroports de Liège et Charleroi alors qu'il s'agit de nuisances causées par les avions qui atterrissent et décollent de Zaventem " souligne Denis Marion de l'ASBL Trop de bruit en Brabant wallon.

Pas de négociations sans preuves tangibles
Si, cette fois, les résultats enregistrés dépassent la norme autorisée, le ministre wallon des Transports affirme qu'il fera entendre la voix des Wallons dans les négociations qui n'occupent actuellement que le pouvoir fédéral et les Régions flamande et bruxelloise. " Nous ne cherchons pas à tout prix la polémique mais si les chiffres confirment le malaise de certains Brabançons, nous nous opposerons d'initiative à tout accord, note le ministre. Il faudra alors tenir compte de ces nouvelles données dans le plan de dispersion. "
Car si les riverains se plaignent du bruit des avions, cela ne signifie pas pour autant qu'il y ait bel et bien abus. " Il y a un an, certaines personnes dont des conseillers communaux s'étaient plaints de la multiplicité des survols de la commune, souligne le bourgmestre Daniel Vankerkove. Et, il y a quelques mois, on s'est plaint de nouveau mais cette fois concernant plus particulièrement l'augmentation du bruit à des moments bien précis. Les renseignements que va nous fournir le sonomètre vont nous permettre de faire la part des choses car en zone calme, un survol peut être plus rapidement perçu comme une nuisance qu'en centre-ville. "
Les résultats devraient être connus d'ici un mois. En attendant, Guy Ceuppens et Geneviève Tondeur ont entrepris les démarches afin d'insonoriser leur maison histoire de retrouver un sommeil serein. Il est vrai que vu la lenteur des décisions, mieux vaut prévenir si l'on veut pouvoir dormir.

Marcel Cheron Écolo - " Il sera déjà trop tard "
" La pose de sonomètres est une bonne initiative, mais quelle suite le ministre compte-t-il y donner ? Pourquoi ne s'est-il pas encore assis autour de la table avec les autres intervenants flamands et bruxellois, notamment. Il ne faudrait pas que Monsieur Antoine fasse trop de bruit autour de ces sonomètres et ne fasse aucun écho de ce qui se dit à la table des négociations. J'ai bien peur que lorsqu'il voudra y participer, il ne soit déjà un peu tard.
Nous pensons qu'il faut avant tout des normes plus strictes et un gendarme pour sanctionner réellement les avions et compagnies aériennes fautives. "

Charles Michel MR - " Il ne faut pas que ça s'aggrave "
" Monsieur Antoine est très fort pour faire des déclarations mais il est totalement absent dans les lieux de décisions. Il adopte une attitude irresponsable et d'une inaction complète sur le plan des décisions.
Il attend des éléments déterminants pour améliorer la situation mais il ne faut pas simplement constater qu'il n'y a pas de nuisances avérées aujourd'hui mais bien faire en sorte que la situation ne s'aggrave pas avant que les Flamands et les Bruxellois ne se mettent d'accord sur le dos des Wallons. "

André Flahaut PS - " Maintenir un équilibre "
" On se trouve un peu dans une impasse. Il faut bien que les avions passent quelque part. À un certain moment, il faut accepter de partager les nuisances. Tout d'abord parce qu'il faut un certain équilibre entre les enjeux économiques et l'environnement. Ensuite, si on continue à modifier les plans de vols comme ça, Bruxelles-National va finir par connaître une catastrophe. Les pilotes et contrôleurs sont sans cesse sous pression et en changeant en permanence les règles de vol, on les soumet à un stress encore plus important qui pourrait bien être fatal. Il faut être le plus réaliste possible et pour se présenter à la table des négociations, il faut des arguments tangibles. "

Denis Marion Porte-parole de l'ASBL Trop de bruit en Brabant wallon - " Choisies par le ministre ""
Contrairement à ce qui a été dit, les communes n'ont pas été choisies par notre ASBL mais bien par le cabinet du ministre. Nous avons fait en sorte de trouver l'endroit le plus approprié au sein de ces communes pour effectuer ces mesures. Pour ce qui est du futur, nous pensons qu'il est nécessaire que la Région wallonne participe aux négociations en cours car une augmentation des vols est prévue et elle se fera en survolant la Wallonie. Il y sera également possible d'y faire des propositions. Mais surtout, si un organisme de contrôle se met en place, la Région wallonne et ses habitants ne pourront pas y faire appel si la Région ne signe pas, elle aussi, l'accord. "
Fanny GUILLAUME

VITE DIT
Les normes Les normes de bruits subies par les habitants du Brabant wallon sont fixées par rapport aux avions utilisant les aéroports wallons.

Or, ce sont principalement les avions de l'aéroport de Zaventem qui posent problèmes et engendrent des nuisances sonores aux oreilles brabançonnes. Ces normes sont fixées à 45 dB la nuit (ce qui équivaut au gazouillement des oiseaux) et à 77 dB le jour.

Jusqu'à présent, les précédentes poses de sonomètres en 2004 et 2005 n'avaient pas permis de déceler des dépassements de ces normes. Par contre, les appareils avaient permis de démontrer que les niveaux moyens de bruit entre Meise (9 km de l'aéroport) et Grez-Doiceau (18 km) sont similaires avec une fréquence de survols de plus du double au-dessus de la seconde. Prouvant aux yeux des défenseurs des riverains que " d'une utilisation épisodique due à des conditions météorologiques très spécifiques, nous sommes passés à une utilisation des plus intensives. "

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