Un article de Philippe Lawson, publié dans la Libre.
Un article dans une nouvelle convention devrait permettre au ministre de rayer le service de médiation de l'aéroport. Le nouveau texte aurait dû être signé le 1er mai.
Le service de médiation de l'aéroport de Bruxelles-National serait-il menacé? En tout cas, si l'on en croit un échange de courriels (dont nous avons eu connaissance) intervenu au sein du SPF Mobilité, le texte de la convention qui doit reconduire l'existence du service de médiation pourrait réserver une mauvaise surprise à ses dirigeants.
Alors que le texte initial courait sur deux ans, le cabinet du ministre de la Mobilité, Renaat Landuyt (SP.A) aurait donné instruction pour que la durée de prolongation du nouveau pacte ne soit plus que d'un an. La convention est d'ailleurs arrivée à expiration et aurait dû être signée au plus tard le 1 mai. Mais rien n'est encore fait. Or, le directeur du service de médiation, Philippe Touwaide a averti, dès le 16 décembre 2005, les divers interlocuteurs du dossier de l'échéance.
«Il y a un accord de principe sur les points de l'avenant de prolongation pour un an et on attend les informations complémentaires de M.Touwaide pour soumettre le texte final au ministre Landuyt», dit-on au SPF Mobilité où on assure que la nouvelle clause à insérer dans la convention traduit un «souci de saine gestion». En effet, deux courriels datant des 26 et 27 avril précisent qu'«il faut aussi insérer une clause qui indique que le signataire peut mettre fin à la convention dans le courant de cette année dès que l'institut de gestion des nuisances sonores débutera ses activités».
Interrogé par nos soins, Philippe Touwaide s'est refusé à tout commentaire. Mais ce n'est un secret pour personne que son travail et ses (rares) sorties n'ont pas toujours suscité l'enthousiasme au cabinet Landuyt, où on lui reproche d'être (trop) indépendant et de (trop) parler. Renaat Landuyt dément toute intention de faire disparaître le service de médiation: «Ce service était un organisme provisoire au début et mon intention est de l'inscrire dans la durée. Il est au service des riverains alors que l'Institut de gestion des nuisances (IGNS) doit être le garant des normes de bruit à respecter autour de l'aéroport national.» Il ne croit pas si bien dire, car le service de médiation est considéré comme le plus gros du pays en nombre de dossiers traités: 225 000 plaintes en 2005 et le chiffre devrait exploser en 2006 (lire ci-contre). Le risque qui pèse aujourd'hui sur le service de médiation n'est pas neuf. Déjà en 2004, Bert Anciaux, le prédécesseur de M.Landuyt avait voulu le museler. Il aurait menacé Philippe Touwaide de lui retirer le véhicule de fonction, son GSM et ses sonomètres. Mais devant la levée de boucliers des francophones du Fédéral, il a fait marche arrière prétextant une erreur de sa part. Il semble aujourd'hui que Renaat Landuyt utilise la même tactique que son prédécesseur.
En attendant, l'Institut de gestion des nuisances sonores (IGNS) tarde à voir le jour. «Tout dépend de l'option que prendront les gouvernements flamand et de Bruxelles-Capitale, c'est à eux de décider des compétences qu'ils veulent bien attribuer à l'Institut», répond le ministre Landuyt.
Déjà 144 500 plaintes
Créé en mai 2002 pour répondre aux interrogations des riverains victimes du bruit des avions de Zaventem, le service de médiation a aujourd'hui démontré toute son utilité au regard des dossiers traités. Les plaintes des riverains sont passées de 2 281 en 2003 à 225 000 dossiers en 2005. En 2004, il a enregistré 40 973 plaintes. Les compteurs risquent d'exploser en 2006. Les chiffres arrêtés au 8 mai font état de 144 500 dossiers traités dont 5 500 dossiers individuels et 139 000 plaintes introduites via le site du sonomètre installé à Crainhem (1). L'an dernier, pour la même période, le service avait enregistré environ 40 000 plaintes. Pour des observateurs, la cellule de médiation de Zaventem est le plus gros service du pays en nombre de dossiers traités avec un personnel aussi réduit que possible. Son budget de fonctionnement (frais de déplacement et de représentation, achat et entretien du matériel, etc.) hors salaires du personnel est fixé à 34 000 € pour 2005, mais il n'en dépense jamais la totalité. A titre de comparaison, le service de médiation fédéral occupe environ 41 équivalents temps plein (ETP), il affiche 4 701 dossiers pour 2005 (3 606 plaintes, 1 095 demandes d'informations) auxquels il faut ajouter 1 628 dossiers des années antérieures. Son budget de fonctionnement hors salaires du personnel est d'environ 605 000 €.
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à 09:49