Le rédacteur en chef de “Mille Décibels” (http://www.milledécibels.be), Gauthier van Outryve, nous livre son avis éclairé sur la saga du dossier des nuisances sonores. Selon lui, Bert Anciaux ne veut pas du plan START.

Quels sont aujourd’hui les principaux éléments de blocage dans ce dossier ?
Le plan START lancé par la Région flamande prévoit, à terme, de presque doubler les vols de jours. Nous pouvons ainsi mieux comprendre que le plan Anciaux est plutôt un plan de déversement d’un trop-plein de survols futurs. Seule la Région flamande est demandeuse d’un surplus de vols. Mais autant que possible pas chez elle ou alors de préférence dans les communes où vivent le plus de francophones. Et si certaines communes situées plus à l’est du Brabant flamand ne sont pas non plus épargnées, c’est toujours au plus grand profit des terres électorales du clan Anciaux. Tout cela au grand avantage de personnes qui avaient le plus souvent choisi librement de vivre dans un quartier fort survolé. La logique de dispersion est à la fois simpliste, partiale et excessive. D’autre part, Renaat Landuyt est parvenu à se faire honnir par tous les riverains à cause de pratiques assez sournoises. Non respect de décisions de justice, intimidation policière de riverains, désinformation, autoritarisme, refus d’écouter les associations, tentative de faire passer en douce une loi rétroactive… tout cela crée le désordre et suscite un rejet aussi massif que légitime. Après s’être présenté comme un démineur, Monsieur Landuyt s’est comporté comme un kamikaze. Il n’est pas possible d’être l’un et l’autre à la fois. La confiance a disparu, à tel point qu’on peut douter que ce dossier pourra progresser aussi longtemps qu’un ministre fédéral SP.A-Spirit en aura la charge.

Selon vous, Bert Anciaux continue-t-il de jouer un rôle clé ?
Oui, car ce n’est pas l’intérêt des habitants du Noordrand de maintenir une activité nocturne intensive : 18000 vols par an suffisent pour détruire l’habitabilité autour de l’aéroport, même avec la dispersion. Quant aux vols de jour, se défaire de la moitié de ses nuisances sur Bruxelles, si la masse globale doit doubler, cela revient au même. En réalité, Bert Anciaux ne veut pas du plan START. Il suffit de l’écouter plaider pour une transformation de l’aéroport en village olympique. Le vrai débat se situe surtout entre le CD&V ou le VLD, favorables à un développement plus ou moins exponentiel, et Spirit qui n’en veut pas, avec un SP.A qui subit une pression maximale de Bert Anciaux qui lui est indispensable. Sa stratégie est basée sur le désordre organisé : plus il y a de conflits, moins l’aéroport pourra se développer. Il faut lire son blog personnel pour comprendre qu’il est lui-même très peu capable d’endurer le bruit des avions.

Alors, comment faire évoluer ce dossier par le haut ?
L’aéroport a été construit beaucoup trop près de Bruxelles et de sa zone naturelle d’extension d’habitat. Gérer le difficile problème que cela suscite réclame rationalité et humanité. Pour tout le monde. Or, c’est le contraire que nous observons. Une certaine culture de l’antagonisme conduit à multiplier des situations insupportables. C’est absurde, douloureux et contre-productif. L’aéroport a besoin de fonctionner dans un cadre de régulation apaisé en maintenant un niveau d’exploitation raisonnable. Est-il raisonnable de maintenir des vols de nuit à Zaventem, jusqu’à chercher à remplacer ceux qui devraient disparaître avec le départ de DHL en 2008 ? Avec le nombre de vols de jour actuel, la capitale de l’Europe fonctionne très bien et le Brabant flamand est déjà une des régions les plus riches du monde. En soustrayant les excès qui nuisent à tous, en quoi le retour aux schémas de vols historiques, plus rationnels, plus respectueux des droits et devoirs respectifs à chacun, poserait-il encore problème ? En tout cas, malgré les tensions qui persistent, il semble que le monde politique a bien perçu le signal que la population ne peut pas supporter une charge environnementale excessive. Il reste à trouver la capacité de remettre le problème à plat posément et d’en discuter avec bon sens et respect mutuel.


Propos recueillis par BAUDOUIN PEETERS pour La Tribune de Bruxelles
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