Après l'ouragan Katrina, qui a dévasté plusieurs Etats américains, l'économiste et militant de l'environnement Jeremy Rifkin dans El País évoque "les fonctionnaires de Washington, qui ont retenu leur souffle dans les jours qui ont suivi en espérant que leur secret ne sorte pas en pleine lumière : Katrina est la facture que l'entropie [un principe physique lié à la chaleur et à la température et mesurant le désordre] nous présente pour avoir augmenté les émissions de CO2 et le réchauffement global de la planète".

Car, pour l'intellectuel, nul doute : "Katrina restera dans l'histoire comme 'la goutte d'eau qui aura fait déborder le vase' de l'ère des combustibles fossiles, l'instant où les citoyens américains ont réalisé que la fin du pétrole et les effets catastrophiques du réchauffement de la planète n'appartenaient pas à un futur lointain". "Il ne faut pas s'y tromper : c'est nous qui avons créé cette monstrueuse tempête. Nous connaissions le potentiel destructeur du réchauffement global depuis au moins une génération. Mais nous n'avons rien fait."

Et Rifkin de dresser son réquisitoire : "25 % des véhicules américains sont des tout-terrain qui génèrent des quantités invraisemblables de CO2. Comment expliquerons-nous à nos enfants que les Américains représentent moins de 5%
de la population mondiale mais qu'ils dévorent plus du quart des énergies fossiles produites chaque année ? Comment dire aux familles des victimes de La Nouvelle-Orléans que nous avons été trop pingres pour accepter de payer 3 centimes de plus par gallon d'essence pour financer des projets d'économies d'énergie ? Comment justifier auprès de nos voisins européens que les citoyens américains ne considèrent pas le réchauffement climatique comme une priorité suffisante pour en arriver à signer le protocole de Kyoto ?"

"Ces prochains jours, des millions d'Américains vont aider les rescapés de La Nouvelle-Orléans. Les catastrophes naturelles font toujours ressortir le meilleur du caractère américain. Pourquoi alors ne sommes-nous pas capables
d'aider la Terre avec la même passion quand elle nous le demande ?" s'interroge l'intellectuel. Qui rappelle à ceux qui ne l'auraient pas compris, dont "le président Bush et ses amis", que "nous sommes entrés dans une nouvelle ère de l'histoire" et qu'"il est du devoir de ses dirigeants de sortir les Etats-Unis du 'tout énergie fossile' pour les amener vers le développement durable".

Source: CI - 15 sept. 2005