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Interview exclusive d'Isabelle Durant (Sénatrice et Secrétaire Fédérale du Parti Ecolo, ancienne Ministre de la Mobilité (1999 à 2003)

--> Je ne comprends pas pourquoi la mobilisation n’est pas plus importante au niveau des partis francophones au fédéral.
Notre confrère "Mille Decibels" a réalisé cette interview de Mme Durant.
En voici la présentation qu'il en a fait:

Isabelle Durant, Secrétaire Fédérale d’Ecolo et Sénatrice, prend fermement position pour condamner la « calamiteuse » politique gouvernementale dans la gestion du dossier des nuisances aériennes.
Le projet de loi rédigé par Renaat landuyt est qualifié de « torchon gouvernemental » et elle invite la Région bruxelloise à user pleinement de sa capacité de négocier sur base de la reconnaissance en justice de ses prérogatives légitimes.
Elle porte ses critiques les plus sévères sur le rôle joué par le parti SPA-Spirit, aujourd’hui comme hier, dans tout ce qui touche à la Mobilité autour de l’aéroport.
Au-delà de la question du bruit des avions et de l’habitabilité, elle montre que le dossier des transports a été le moyen d’une véritable entreprise de captation du potentiel économique de la Région bruxelloise.
Pour celle qui fut Ministre de la Mobilité entre 1999 et 2003, la malgouvernance caractérise de manière globale le dossier et la coupable attitude de complaisance passive des partenaires MR et PS du gouvernement fédéral leur fait endosser la responsabilité des fautes commises, tout autant que leurs auteurs directs.
Celle qui fut la cible d’une certaine vindicte au sein de l’opinion flamande s’affiche pourtant comme étant du côté des citoyens, quels que soient leur langue, leur culture et surtout leur lieu d’habitation.
Derrière les caricatures que certains ont voulu faire et surcharger, on aperçoit un réel souci de respect réciproque qui, selon elle, ne peut être rendu possible que par une totale objectivité.
Ainsi explique-t-elle que seule la concentration des vols de nuit lui a paru être une nécessité, sans exclure que les vols de jours puissent être étalés en fonction de critères rationnels.
Sans se faire d’illusions démesurées au stade où en sont les choses, elle en appelle à réfléchir à la création de structures de dialogue et de concertation entre la Région Bruxelloise et de la Région flamande. Le renfermement de Bruxelles sur elle-même ne pouvant aboutir qu’à une impasse, Isabelle Durant pense qu’un progrès vers plus de confédéralisme, même si elle le regrette à titre personnel, permettra de progresser dans la reconnaissance réciproque des identités autonomes de Bruxelles et de la Flandre.


Nous en avons extrait quelques phrases de l'interview proprement dite pour illustrer la complexité du dossier et surtout les intérêts qui sont en jeu mais nous vous invitons à lire l'article complet en cliquant ici.

"Je ne comprends pas pourquoi la mobilisation n’est pas plus importante au niveau des partis francophones au fédéral. Ce n’est pourtant pas un problème anodin. Cela représente un coût sur le plan humain, avec un problème de santé publique. Cela représente un coût économique, avec un délestage au profit du partenaire flamand."

"Les bourgmestres du Brabant flamand portent []une grande responsabilité. Ils ont accepté que l’on construise à tort et à travers sur leur commune car cela les arrangeait bien. Le terrain n’est pas cher et cela attire des nouveaux habitants qui deviennent des contribuables supplémentaires. Sans jamais se poser la question de savoir si un jour ces riverains ne demanderaient pas une réduction des nuisances. A aucun moment, dans ces communes, on s’est posé la question de savoir si c’était raisonnable."

"Du côté flamand, on a aussi montré une volonté de s’accaparer tous les leviers de la mobilité au plus grand profit de la Flandre. Ce n’est pas par hasard que le même parti, à savoir le SPA-Spirit, détient tous les postes ministériels qui lui permettent d’infléchir la politique de transports, tous modes confondus. Ce sont des leviers qui concernent la qualité de vie et en même temps le développement économique de la Flandre."

"Il y a des solutions objectives à trouver, le problème est qu’aujourd’hui nous ne sommes plus du tout au niveau de l’objectivité. A tel point que pendant les négociations sur le dossier BHV, on a pu entendre l’idée d’un échange entre nuisances sonores et avantages institutionnels. Quand on en est à ce point là, on ne peut vraiment plus parler de gestion rationnelle de l’aéroport."

"Tout ce qui est de l’ordre de la confusion d’intérêt, des cumuls de mandat, cela ne va pas. Quand Vande Lanotte nomme son chef de cabinet président de la SNCB, ou quand on nomme un homme de parti président de la BIAC, je trouve qu’il ne faut pas accepter et fermer les yeux. La bonne gouvernance, c’est aussi prendre des décisions qui ne sont pas nécessairement faciles, ou même populaires, mais qui sont justifiables, explicables, concertées et pas préparées par les opérateurs eux-mêmes. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir en Belgique dans ce domaine."

"Il y a un vrai problème de bonne gouvernance publique lorsqu’on voit que les textes de loi ont été élaborés par les opérateurs. Dans un article du projet, on trouve même la signature de BIAC en guise de coquille que l’on a oublié d’enlever.[] En étant auteur de ce qui est écrit, cela les rend juges et parties. D’ailleurs, il ne faut tout de même pas croire qu’Anciaux a fait son plan de dispersion tout seul ! Depuis deux ans, on est en pleine confusion d’intérêt permanente."

"Plutôt que cette démarche rationnelle, on a préféré essayer de qualifier les riverains de « nimby » et de monter les associations les unes contre les autres. Ce n’est pas vrai que les riverains sont des « nimby », ce n’est qu’une insulte facile qui vise à les discréditer. Rétablir le forum de concertation supprimé par Anciaux est je crois une bonne manière de rétablir une base de respect entre les uns et les autres, dans un contexte de transparence. Au lieu de cela, il me revient que Belgocontrol, via les membres SPA-Spirit du conseil d’administration, tente de faire approuver les investissements qui permettraient d’équiper d’ILS les pistes 07 et 02 afin de pouvoir multiplier les atterrissages à très basse altitude sur Bruxelles."

"Même si je constate que par rapport au risque de voir des gens vouloir se défouler, les citoyens et les associations concernés ont eu une conduite très responsable, je pense que des situations comme celles que nous connaissons ne sont pas bonnes pour maintenir la confiance dans notre système politique. Il faut pour cela que les citoyens se sentent représentés et entendus. Il y a eu un vrai problème à ce niveau là."

Concernant la licence très favorable accordée à BIAC:
"Par contre, l’Etat disposait d’un levier qui était la licence d’exploitation. C’est un outil public qui pouvait être utilisé avant la privatisation pour fixer un cadre d’exploitation adéquat. Au contraire de cela, la licence d’exploitation, qui est une compétence fédérale, a institué un laxisme total. C’est quelque chose qui m’a particulièrement mise en colère. C’était le dernier levier fédéral pour un aéroport privé situé en Flandre mais dont les nuisances et les coûts externes sont eux partagés."

"J’ai répété de nombreuses fois, un peu dans le désert, que l’on s’apprêtait à faire de Zaventem un aéroport privé en Flandre, qui ne dépendrait plus que de la Flandre. Par voie de conséquence, une zone de développement économique va se développer à l’initiative de la Flandre, dans une logique de ville aéroportuaire. Ce n’est pas par hasard que dans le dossier RER, les flamands ont été beaucoup plus demandeurs sur certains projets, et en particulier pour des liaisons transversales en Brabant Flamand. Le projet Diabolo va avancer beaucoup plus vite que la ligne Bruxelles-Luxembourg ! Le diabolo est devenu un dossier prioritaire dans le plan d’investissement de la SNCB, ouvert au financement privé. Le même mécanisme vaut pour la modernisation de la ligne Bruxelles Luxembourg, mais les partenaires privés ne seront pas légions… Encore une fois, depuis des années, il y a une stratégie intelligente de tous les acteurs flamands pour arriver à la situation actuelle. Et nous sommes dans une très grande faiblesse pour revendiquer la prise en considération des intérêts de la Région bruxelloise. Celle-ci a les difficultés que l’on connaît en terme de capacité de financement. Pendant ce temps, une zone d’affaires autour de l’aéroport continuera de se développer, ce qui n’est pas nécessairement bénéfique pour Bruxelles."




Ecrit par Cherche l'info, le Vendredi 17 Juin 2005, 11:19 dans la rubrique "Bruit et pollution des avions ".


Commentaires :

  Le commentateur n'a pas désiré laisser son identité.
06-08-06
à 21:36

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