Mike Singleton est professeur émérite en anthropologie à l'Université catholique de Louvain (UCL). Il s'est penché, pour Le Soir, sur nos petites et grandes habitudes touristiques. Voilà deux extraits de l'interview d'H. DORZÉE
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Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse ? Et plus largement les peuples ?
Sans doute. On a longtemps cru que le tourisme allait rapprocher les peuples, favoriser les rencontres multiculturelles. C'est encore vrai. Mais derrière ce beau rêve, il y a encore tant d'effets pervers. On ne peut évidemment pas souhaiter que les gens vivent clôturés chez eux. Mais le dépaysement, il est aussi au coin de la rue. On veut aller voir du pays, mais on est parfois
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Les prospectives sont claires : le tourisme de masse ne va aller qu'en grandissant...
Effectivement. Il s'agit de réfléchir, de façon urgente, sur le tourisme, en termes de développement durable. Sans quoi, on va vers un clash. Bientôt, il y aura des bouchons à Dubrovnik comme au carrefour Léonard ! Les retards dans les aéroports vont se multiplier. Dans notre société de plus en plus précaire, la fracture sociale entre ceux qui peuvent voyager et les autres va s'accroître. Comme pour la gestion des déchets, la consommation d'eau, la pollution, nous sommes arrivés, avec le tourisme, à un seuil de saturation. Il va falloir changer ses habitudes. Réinventer de nouvelles formes de voyage, plus éthiques, plus équitables socialement et économiquement. Des efforts sont entrepris, mais ils restent encore très insuffisants. On va devoir repenser notre conception du voyage. Partir pourquoi ? Vers où ? Dans quel but ? Cesser de considérer qu'on est ringard, exclu ou différent parce qu'on ne voyage pas sous les Tropiques. Qu'il y a d'autres manières de " voyager " que celle imposée par notre grande société de consommation.