Dans un excellent article publié dans le Soir Magazine, Jean-Frédérick Deliège relaye les interrogations que
Trop de Bruit en Brabant wallon avait déjà publiées en ce début de mois d'août dans un article intitulé
"Commentaires d'un riverain: Macquarie (actionnaire de BIAC) serait-il un rejeton de paradis fiscal?".
L'article de Jean-Frédérick Deliège a suscité de nombreux commentaires que l'on peut retrouver en lisant
"Commentaires d'un riverain: Fin de l'empire?" et
"Commentaires d'un riverain: Evasion et fraude fiscale dans la gestion de l'aéroport de Bruxelles".
____________________________________________________
Des riverains s'étonnent de l'actionnariat de Brussels Airport. Zaventem appartient à une société luxembourgeoise dont l'actionnaire est établi dans un autre paradis fiscal.
C'était en novembre 2004. On apprenait que le gouvernement avait décidé de céder septante pour cent des parts de Brussels International Airport Company (Biac, société gestionnaire de l'aéroport de Zaventem) à une filiale d'un groupe financier international d'origine australienne : Macquarie Group. A l'époque, nous nous étions déjà étonnés non seulement de la rapidité de ce choix alors que les négociations avaient été poussées très loin avec d'autres candidats investisseurs mais aussi, et surtout, du choix lui-même. Car Macquarie Group, c'est une multitude de sociétés réparties à travers le monde et dont beaucoup ont leur siège dans des paradis fiscaux, notamment les Bermudes. Notre étonnement concernant la structure de ce groupe - bien connu à travers le monde pour générer d'énormes profits en faveur notamment des grands fonds de pension qui figurent parmi ses principaux clients - était passé relativement inaperçu. Le fait que l'aéroport national belge soit détenu à 70 % par une société dont le siège social se trouve dans un paradis fiscal n'émouvait guère la classe politique belge et encore moins Johan Vande Lanotte, le très socialiste ministre des Communications qui avait négocié le dossier.
Actionnariat modifié
Mais voilà qu'aujourd'hui ce sont les riverains de l'aéroport, et plus particulièrement l'association "
Trop de bruit ", qui s'étonnent. Et c'est vrai qu'il y a de quoi. En effet, Biac est détenue à 70 % par Macquarie Airports Brussels SA. Il s'agit d'une société de droit luxembourgeois dont le siège social se trouve rue Guillaume Kroll, à Luxembourg-Ville. Cette société a été constituée le 17 août 2004 (trois mois avant l'annonce de l'opération par le gouvernement belge...) par Macquarie Airports Holdings (Bermuda) Limited qui en détenait 24 799 actions aux côtés d'un avocat luxembourgeois titulaire d'une action. Mais, depuis lors, les choses ont changé. A en croire les informations publiées sur le site internet de Macquarie (1), Macquarie Airports Brussels SA appartient désormais à 74,2 % à Macquarie Airports Brussels Limited, société dont le siège social se trouve aux Bermudes, et qui est elle-même détenue à 100% par Macquarie Airports (Maps).
Liaison dangereuse
Ainsi, au travers de diverses filiales, Macquarie Airports possède des participations dans six aéroports à travers le monde : Sydney, Rome, Copenhague, Birmingham, Bristol et Bruxelles, ce qui représente 110 millions de voyageurs annuels. Et c'est l'une de ses composantes, Macquarie Airports Limited (Mal) également établie aux Bermudes, qui prend plus spécifiquement en charge les investissements dans les aéroports européens. Pas de quoi fouetter un chat, dirons certains, Macquarie est un groupe qui gère des fonds d'investissements dont les performances sont reconnues. Et pour arriver à de telles performances, rien de tel que l'ingénierie fiscale qui passe évidemment par les paradis fiscaux pour booster les plantureux dividendes versés aux fonds de pensions américains qui figurent parmi les bons clients de Macquarie Airports. C'est vrai qu'on ne se fait plus aucune illusion sur le fonctionnement du capitalisme mondial et mondialisé.
Mais on peut quand même s'étonner de voir l'État belge détenir 30 % de Biac aux côtés d'une structure de sociétés " luxembourgo-bermudiennes " et cela sans aucun état d'âme. Une liaison qui pourrait s'avérer fiscalement dangereuse...
à 09:56