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« Lettre à un Président américain, pollueur du climat »

Un article de Jean-Pascal van Ypersele Professeur de climatologie et de sciences de l'environnement à l'UCL paru sur lesoir.be

Monsieur le Président Bush, je connais beaucoup d'enfants à qui vous faites peur. Pour eux, pour le futur de la planète, j'espère que vous ne serez pas réélu. Sous prétexte de faire reculer le Mal, vous avez aggravé bien des maux. Pendant quatre ans, avec votre ami le vice-Président Cheney, vous n'avez eu de cesse de servir les intérêts des lobbies pétroliers, des millionnaires en dollars, des marchands d'armes et des théocrates fondamentalistes de l'extrême droite religieuse.

Jamais les industries polluantes n'ont été aussi favorisées que sous votre présidence. Et au passage, vous mettez en danger le climat de toute la Terre.

Dès votre arrivée au pouvoir, vous avez en effet annoncé que vous ne feriez pas ratifier le Protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Vous suiviez ainsi la voie tracée par votre père, qui avait déclaré avant le Sommet de la Terre (Rio, 1992) que « le mode de vie américain ne pouvait être négocié ». Le Protocole de Kyoto aurait signifié pour les USA une réduction de ses émissions de 7 % en 2010 par rapport à 1990. Vous avez estimé que c'était « injuste », car la Chine ou l'Inde ne sont pas soumises à des réductions dans le cadre du Protocole.

Ce qui est injuste, Monsieur le Président, c'est que les impacts des changements climatiques affecteront en premier lieu les populations et les écosystèmes des pays du Sud, et qu'un habitant des Etats-Unis émet chaque année 19,7 tonnes de CO2 dans l'atmosphère que nous partageons, alors qu'un Chinois en émet 2,3 ou un Indien 1,1.

Défendre l'idée que la Chine ou l'Inde doivent accepter de réduire leurs maigres émissions avant que votre pays ne daigne l'envisager est arrogant et malhonnête. D'autant que les pays développés, dont votre pays n'est pas le moindre, porteront la majeure partie de la responsabilité de la perturbation du climat mondial pendant encore plusieurs décennies, même si les émissions des pays en développement dépasseront bientôt celles des pays développés.

Cela provient du fait que le CO2 reste une centaine d'années dans l'atmosphère après avoir été émis.

Bien sûr, pour le savoir, il aurait fallu que vous lisiez les rapports du GIEC, le groupe d'experts créé par les Nations unies pour évaluer les connaissances scientifiques à propos des changements climatiques, leurs causes, leurs impacts et leur prévention. Or, comme le dernier rapport du GIEC indisposait sans doute trop vos amis pétroliers, vous avez essayé de faire dire à votre Académie des Sciences que le GIEC exagérait ou n'était pas sérieux. Mal vous en prit : l'Académie conclut en juin 2001 que le dernier rapport du GIEC « constituait un résumé admirable des recherches scientifiques sur le climat ».

Mais puisque le GIEC faisait du bon travail, vous avez alors essayé, à la première occasion, de le mettre au pas. En avril 2002, alors que l'on s'attendait au renouvellement du mandat de son président, l'Américain (!) Bob Watson, vous n'avez même pas daigné présenter sa candidature officiellement, car ce dernier avait montré trop d'indépendance par rapport aux lobbies.

Ce n'est pas tout à fait un hasard : une fuite a permis de prendre connaissance d'un fax adressé à la Maison-Blanche par Exxon-Mobil (Esso en Belgique), recommandant que Bob Watson soit remplacé par un président plus docile. Mais ce n'est pas en supprimant le messager que vous éliminerez le problème.

Vous rendez un bien mauvais service au peuple des Etats-Unis, car le rapport du GIEC indique que ceux-ci ne seront pas à l'abri des effets des changements climatiques.

Les récents cyclones tropicaux ne sont par exemple qu'un avant-goût de ce qui attend les populations des côtes de votre pays. Quand le niveau de la mer aura monté d'un mètre à cause du réchauffement, ce seront plusieurs milliers de kilomètres carrés qui seront perdus au Texas, votre Etat, ou en Floride, l'Etat où quelques manipulations électorales vous ont permis de remporter de 537 voix la dernière élection. Refuser de ratifier le Protocole de Kyoto, c'est en quelque sorte dire comme Louis XV : « après moi, le déluge ». Mais vous ne savez sans doute pas qui est Louis XV, ni ce qui est arrivé à son successeur ?

Monsieur le Président, j'ai fait ma thèse de doctorat dans votre pays, à Boulder (Colorado), et y ai beaucoup d'amis dans la communauté scientifique.

Je suis atterré de voir qu'ils ont peur aussi. Peur de s'exprimer à contre-courant, peur de vous voir continuer à défaire les lois et règlements de protection de l'environnement, peur pour le financement public de leurs recherches, peur pour leurs libertés civiques.

Ils ont peur aussi de vous voir guerroyer à tort et à travers, notamment pour pouvoir consommer toujours plus de pétrole, à raison de 11.000 dollars par seconde, le montant que vous avez demandé pour la Défense en 2005. Contrairement à ce que vous pensez, tout cela ne rend pas les Etats-Unis plus forts.

Quand j'étais au Colorado, c'étaient les années Reagan. Un autre Républicain qui voyait le monde en noir et blanc.

J'ai participé activement à la campagne contre sa réélection, en faisant du porte-à-porte. D'ici, il est un peu plus difficile de vous mettre des bâtons dans les roues, d'autant plus que vos amis mettent tant d'argent dans votre campagne électorale.

Mais je sais que votre action soi-disant guidée par Dieu cause une telle révulsion chez tant de vos concitoyens que nombreux sont ceux qui se mobilisent depuis des mois pour vous faire retourner aux oubliettes de l'histoire.

Puissent-ils réussir. L'environnement, le climat, la majorité des populations du monde s'en porteront mieux. De très nombreux enfants aussi.
Ecrit par Cherche l'info, le Mercredi 27 Octobre 2004, 17:53 dans la rubrique "Trop de nuisances dans nos vies".