Un article publié sur Vers L'Avenir

Publication du deuxième " tableau de bord de l'environnement ".Un bilan très mitigé, complété par le constat du ministre Lutgen qu'il manque de moyens.

EN WALLONIE, l' amélioration de la qualité de l'environnement se confirme. Mais on est encore loin du compte : des espèces sont menacées, on ne maîtrise toujours pas les grands domaines pour lesquels l'Europe a fixé des normes et des échéances. Le ministre de l'Environnement, de son côté, estime avoir trop peu de moyens pour agir valablement.
Cinquante-cinq scientifiques des principales universités et plus d'une centaine de personnes de référence ont contribué à la mise à jour du " tableau de bord de l'environnement wallon ", mis en chantier en 2003.
Les émissions de gaz à effet de serre diminuent, mais il faudra des mesures additionnelles pour atteindre la réduction de 7,5 % en 2010. Des étés chauds comme celui de 2003 montrent la difficulté de maîtriser la pollution par l'ozone.
Les eaux souterraines sont toujours contaminées par les nitrates et les pesticides, surtout dans la zone des sables bruxelliens. La pollution des cours d'eau par les pesticides diminue, malgré des pics de concentration.
Au niveau des sols, on considère que 6 000 sites sont potentiellement pollués en Wallonie. Les experts constatent toutefois que la décontamination des plus atteints s'accélère.
L'érosion des sols agricoles entraîne des quantités croissantes de sédiments dans les cours d'eau. Chaque année, près de 760 000 tonnes de terre échouent dans les rivières wallonnes ! Cela entraîne un déversement de 1 170 tonnes d'azote, 200 tonnes de phosphore et 3,8 kg d'atrazine dans les cours d'eau. Les changements d'affectation des sols et la diminution des cultures de couverture sont parmi les explications du phénomène. Depuis 1980, la superficie des sols bâtis a augmenté de 27 %.
Un quart des espèces en voie de disparition
Sur le plan de la faune et de la flore, plus de 25 % d'espèces sont menacées de disparition, certains milieux fragiles sont insuffisamment protégés, et la prolifération des ongulés sauvages (sangliers notamment) compromet la biodiversité en forêt. Et si 13 % du territoire se trouvent inclus dans le réseau " Natura 2000 ", il n'est pas sûr que la population concernée soit déjà bien au courant de ses obligations... En forêt, l'état de santé des arbres s'améliore, mais reste préoccupant pour certaines essences.
La pollution par le bruit est bien réelle ; elle fait d'ailleurs l'objet de nombreuses plaintes. Mais il n'y a pas de cartes du bruit ni d'évaluation du taux d'exposition de la population.
Les scientifiques soulignent une diminution de la consommation d'énergie et d'eau par les ménages mais, à l'inverse, une explosion de l'utilisation de la voiture : pour transporter des personnes, le Wallon prend la voiture à 92 % et, pour les marchandises, à 85 %. Ceci malgré les mesures prises pour valoriser la voie d'eau et les transports en commun.
Sur le plan des déchets, on est encore loin du mode idéal : le volume de déchets ménagers diminue mais les inertes, encombrants et déchets verts augmentent et près de 4 millions de tonnes de déchets sont encore annuellement dirigés vers les centres d'enfouissement technique.
Le ministre Lutgen veut encourager la sensibilisation dans les écoles. Il voudrait qu'y soient donnés des cours d'initiation à l'environnement. Le ministre estime avoir des budgets dérisoires, " 30 à 40 fois insuffisants ",