Vous pouvez lire cette chronique et bien d'autres, sur le site de l'écrivain Vincent Engel, dans la rubrique "Poil à penser", où s'expriment différents chroniqueurs comme Claude Javeau, Alain Berenboom ou Hugues Le Paige mais aussi le porte-parole de Trop de Bruit, Denis Marion. Cliquez-ici pour consulter ce site.
Dernièrement,
lors d’une confrontation avec Renaat Landuyt, à la Commission de l’Infrastructure
de la Chambre, Marie Nagy, Députée ECOLO, dépitée par le manque de réponse du
Ministre, a dit : « Monsieur le Ministre, vous êtes grotesque ! »
Notre
Ministre de la Mobilité serait-il donc ridicule avec quelque chose de bizarre,
voire de monstrueux. Serait-il comique ? Serait-il laid, horrible même ?
Nous
laisserons à Madame la Députée la responsabilité de son vocabulaire. Beaucoup
plus intéressant est la raison pour laquelle elle a traité Monsieur Landuyt de
grotesque.
Pour
ceux qui ne sont pas familiers au problème des nuisances aériennes provoquées
par Zaventem (ou tout simplement fatigués d’en entendre parler ce qui, du reste,
est moins gênant qu’un avion), ils doivent savoir que des riverains avaient introduit
une action en vue de faire cesser les atterrissages sur la piste 02.
Le Tribunal
de première instance leur a donné raison.
La
Cour d’Appel a confirmé ce jugement et la Cour de Cassation a débouté l’état dans
son pourvoi.
N’y
aurait-il pas là l’autorité de la chose jugée ? (Que les juristes me reprennent
si l’expression est inexacte).
Ce
jugement était accompagné d’une série d’obligations à charge de l’état dont l’une,
fort importante, était le relèvement à 10 nœuds de la norme de vent arrière. Pour
ne pas être trop technique, sachez que devoir relever cette norme met à mal une
partie du Plan de Dispersion des vols et est donc une catastrophe pour Messieurs
Anciaux, Landuyt et consorts.
Alors,
pour revenir à la question de Madame Nagy à Monsieur Landuyt : « Allez-vous modifier les normes
de vent oui ou non? », jamais le Ministre n’y a répondu par Oui ou par
Non…
Circonlocution
politique, est-ce bien comme cela que l’on dit ? Langue de bois ?
Ce
qui est clair est qu’un jugement qui ne soufre ni de contestation, ni d’interprétation
n’est pas appliqué à la lettre par un Ministre Fédéral. Il n’est pas là question
d’un accord politique, de petits arrangements entre amis mais bien de ne pas respecter
un arrêt, certes défavorable à la politique menée par deux Ministres SPA successifs.
Notons
qu’un autre jugement, celui-là même à la base du Plan de Dispersion, cassé lui
par la Cour de Cassation, est toujours appliqué, parce qu’il respectait les visées
du premier de ces beaux messieurs, Bert Anciaux.
Nonobstant
la mauvaise querelle que je cherche à ce Ministre, étant par essence de parti
pris mais pas du sien, cette attitude examinée objectivement est-elle acceptable
de la part d’un homme d’état. Sans s’attarder sur les astreintes dues par l’état,
actuellement représentée par un immeuble saisi, deux ou trois à l’avenir, si le
plafond des astreintes devait crevé, sans s’attarder donc sur cette perte sèche
pour l’état, le refus de ne pas appliquer un jugement est clairement un acte politiquement,
citoyennement, exemplairement, symboliquement inacceptable.
La
norme s’estompe, nous rabâche-t-on. Non, la norme ne s’estompe pas. Elle sombre,
elle a coulé au plus profond, elle a disparu. Refuser d’appliquer la lettre et
l’esprit d’un jugement, confirmé en Appel, validé en Cassation est le pire signal
que puisse donner un Ministre, qu’il s’agisse d’avions, de pêche aux canards,
de couleur de ligne blanche ou de tout autre chose.
Madame Nagy, vous avez tort. Dire du Ministre
qu’il est grotesque serait peut-être lui laisser la possibilité de jouer les Augustes
dans un cirque et de s’attirer la sympathie des enfants.
Non, à cause de cette décision (et de bien
d’autres vous diront les plus revendicatifs), le Ministre est un ces fossoyeurs
de l’état de droit, de la démocratie. Finalement, guère plus respectable que
certains officiants d’extrême droite ou autres bourgmestres et échevins peu scrupuleux,
il fait partie de ces politiciens pour qui la Justice devrait se tenir coite, qui
comme Jean-Claude Van Cauwenbergh s’ [interroge sur le pouvoir
d’un juge, seul dans sa psychorigidité, qui a mis à mal 18.000 votants qui souhaitaient que Jacques
Van Gompel devienne bourgmestre] mettant en doute l’intégrité des Magistrats.
Que les Juges actent et tranchent
dans le sens indiqué… par le politique.
Séparation des pouvoirs,
indépendance de la justice, sont-ce des valeurs encore défendues par les politiques ?
Tiens,
au fait, y a t il une responsabilité collective d’un gouvernement fédéral à l’instar
de celle d’un collège communal ?
à 14:46