La pluie avait cessé quand nous avions quitté cette maison. La jeune femme nous regardait partir sur le pas de sa porte, son petit garçon à côté d'elle. Nous lisions dans ses yeux comme une supplique en guise d'au revoir: "Aidez-moi!"
Un peu plus tôt, elle nous avait expliqué sa situation, comparable à celles de milliers de gens.
Ils avaient acheté une maison, modeste mais dans un endroit calme. Ils y avaient investi jusqu'à leur dernier sous. Les primes de la région les avaient bien aidés. Mais voilà, quelqu'un avait modifié les règles du jeu. Du jour au lendemain, ce furent bruits et fureur au-dessus de leur tête, frayeur pour le petit garçon.
Vivre portes et fenêtres fermées, sans pour autant se libérer totalement du bruit. Ne plus pouvoir profiter de son jardin.
De plus nantis pourraient se dire "Nous partons!" faisant passer la moins-value en pertes et profits. Mais là impossible. Comment rembourser les primes? Comment s'en sortir?
Alors, Mr Landuyt, quand vous jugez que l'arrêt récent de la cour d'appel est "social", vous frisez l'indécence. Mais peut-être qu'au SP-A-Spirit, ce mot a une autre signification…
Parce qu'en quoi cet arrêt est-il social?
Vous considérez qu'il faut partager les nuisances entre tout le monde, entre les riverains historiques et les autres, entre ceux qui ont choisi de vivre près d'un aéroport et les autres, entre ceux qui ont acheté à bas prix et les autres. Et ces autres ne sont pas tous des "richards", des "fonctionnaires européens" ou des "francophones nantis".
En suivant votre raisonnement, il faudrait peut-être mettre une décharge sur chaque balcon, sur chaque terrasse, au fond de chaque jardin par solidarité, alors qu'il serait plus indiqué de produire moins de déchets.
En suivant votre raisonnement, il faudrait peut-être que chaque citoyen se paie une petite maladie liée à la pollution par solidarité, alors qu'il serait plus indiqué de réduire les émissions de polluants.
En suivant votre raisonnement, il faudrait que tout le monde ait le bruit des avions dans les oreilles alors qu'il serait plus indiqué de prévoir de bonne mesure de gestion comme des couloirs verts avec un programme d'isolation éventuelle.
Allons, ne faites pas de manière.
Dites-nous simplement que vous voulez faire plaisir à Bert Anciaux, lequel veut faire plaisir à ses frères et sœurs et à leur électorat respectif.
Dites-nous simplement que vous voulez permettre à BIAC d'atteindre les quatre cent cinquante mille vols par an sans que quiconque ne sente obliger de payer une quelconque indemnisation aux riverains.
Mais n'utilisez pas le mot social. Parce qu'apparemment, vous n'en connaissez pas le sens, en tout cas pas celui que lui donnent le petit pensionné dont la maison perd de sa valeur, la maman dont le petit garçon a des frayeurs, le père de famille qui ne dort plus, l'amateur de silence dont c'est le seul luxe.
Vous méprisez le principe de standstill. Vous méprisez les riverains de Bruxelles, de l'Oostrand, de l'Oostkant, du Brabant wallon. Vous dénigrez les arrêts de justice, sauf s'il vous abonde dans votre sens.
De tout, vous vous moquez. En octobre, vous espérez devenir bourgmestre de Bruges.
A moins que je ne me trompe et que vous soyez un grand homme d'état. Il serait temps alors d'entendre d'autres sons de cloche que celui de ce petit groupe de riverains, ces habitants de quelques communes au nord de Bruxelles.
Il serait temps que vous vous prononciez pour une approche équilibrée dans ce dossier. Et équilibrée ne veut pas dire dispersion mais respect du standstill, respect de l'historique avec des solutions où le minimum de gens seraient confrontés aux nuisances aériennes et que les malheureux restant puissent bénéficier d'indemnisation. La région wallonne l'a fait, pourquoi pas vous?
Là oui, vous seriez un homme d'état. En attendant, vous restez un béni-oui-oui partisan prêt à sacrifier des dizaines de milliers de flamands pour le bonheur (temporaire) de quelques-uns et la satisfaction politique d'un seul.
Prouvez-moi, s'il vous plaît, que je me suis trompé. Je pourrais retourner chez cette jeune femme et lui dire qu'elle ne doit plus s'inquiéter, qu'il ne faudra plus vendre sa maison et que le gamin n'aura plus à avoir peur.
Un correspondant local de «
Trop de Bruit en Brabant wallon »
politique
à 11:52