--> Ou la colère d'un Bruxellois.
Courrier d’un habitant de Evere (par e-mail) publié sur le site de Bruxelles Air Libre
TV Brussel nous a gratifié ce dimanche 09.10 d’une interview de M. Landuyt, où ce dernier, plein d’une inquiètante assurance, annonçait des avancées dans les négociations avec la Région bruxelloise, tout en prévoyant que plusieurs mois seraient encore nécessaires pour couler tout cela sous forme de loi.
Malheureusement, dès le lendemain, et comme pour justifier le ton triomphant du Ministre, la même chaine diffusait des interviews de M. Picqué et Mme Huytebroeck, qui vont sans doute définitivement (ou du moins pour de nombreuses années) sceller le sort des habitants du quart N-E de l’agglomération bruxelloise, actuellement déjà les plus exposés aux nuisances de l’Aéroport de Zaventem.
Picqué : « Pas d’application des normes de bruit, ni d’amendes (geen boetes) : cela donnerait une mauvaise image (een slechte imago) de la Région Bruxelloise au niveau fédéral »(sic ! ...on voit où sont pour lui les véritables priorités : l’ « image » de la Région, le gouvernement fédéral ; il n’est pas question des victimes, ni de la profonde injustice de leur sort, mais de la dignité avec laquelle il conviendra de l’accepter)
Et Mme Huytebroeck de surenchérir : « les normes de bruit n’ont jamais été une priorité, mais bien l’annulation du plan Anciaux » Ce dernier intéresse surtout la périphérie Est de Bruxelles. Si de plus, le Noord Rand voit diminuer ses nuisances (c’est une autre exigence de la Région flamande, et on ne voit plus qui pourrait désormais y faire obstacle), il ne reste plus que l’agglomération de Bruxelles pour « accueillir » les avions les plus bruyants.
Mais qu’on se rassure : Mme Huytebroeck, un malin sourire aux lèvres, annonce qu’elle va demander que la nuit se termine non plus à 6h, comme maintenant, mais bien à 7h. Parions que la Région Flamande lui accordera cette misérable aumône, en l’assortissant toutefois de « dérogations » qui feront que dans les faits, rien ou presque ne changera. Notre « représentante » a, dans le même et courageux élan, plaidé pour la suppression de la « Route Chabert ». Par quoi va-t-elle être remplacée, sachant qu’il faut décidément survoler Bruxelles (et donc toujours dans les conditions déterminées par la seule BIAC, mais sans plus aucun recours possible) et que tout le monde y semble résigné ? La route du Canal sans doute, à peu près parallèle pour ne pas dire quasi-superposable ? Celui-ci ayant, comme chacun le sait, douze Km de large et s’écoulant au milieu de rien, tous les problèmes sont résolus. Il ne nous restera plus à subir que Mme Onkelinx, qui ne manquera pas de nous annoncer, comme lors du « dénouement » de la crise DHL, une diminution « drastique » du bruit des avions. Ceux qui vivent au rythme de leur vacarme savent que dans la réalité, ceux-ci, décollant maintenant « à l’économie », ne prennent que lentement de l’altitude et sont dans la réalité quotidienne beaucoup plus bruyants qu’ils n’ont jamais été. On ressortira une nouvelle fois la mise en place d’un cadastre du bruit (à quoi servent les éloquents relevés de l’IBGE ?) ainsi que quelques autres promesses fumeuses, généralement non applicables...
Qui pourra maintenant faire apporter le moindre bémol au plan Start, qui doublera bientôt les nuisances sur Bruxelles ?
J’étais de la centaine de manifestants, rue de Bréderode, mardi dernier. Nourrissant depuis plusieurs mois les plus vives inquiétudes quant aux intentions véritables de nos négociateurs bruxellois par rapport aux intérêts des habitants de l’agglomération, j’ai été plus que réticent à participer aux applaudissements sensés leur apporter nos encouragements : on ne m’y reprendra plus, sauf s’il y avait distribution de tomates et d’œufs pourris.
Il ne nous reste, les années à venir s’annonçant au moins aussi pénibles que ce que nous vivons ces derniers mois, qu’à changer d’air au plus vite, en espérant - pour ceux pour qui c’est possible - pouvoir encore revendre le plus décemment possible un bien immobilier, qui, au contraire de ce qui se passe partout ailleurs, perd chaque semaine de sa valeur, dans une région très probablement désormais sinistrée, sacrifiée aux intérêts supérieurs de l’Etat Fédéral, c-à-d de la Flandre. Mais n’est-ce pas cela son intention ultime ? L’affaiblissement, par tous les moyens possibles, de Bruxelles ? (cfr l’excellente Carte Blanche de M. van Outryve, dans « Le Soir » de ce samedi 08.10) Que cela s’opère avec la bénédiction de nos représentants politiques, à un moment décisif, où il était encore constitutionnellement possible de mettre un frein à cette stratégie du rouleau compresseur de la Flandre, et pour sauver quelques mois d’un pouvoir fédéral vacillant est tout simplement lamentable et relève de la forfaiture. Il est vrai que le monde politique belge n’est pas avare d’exemples en la matière, ces dernières semaines...
Qui osera demander qu’un commissaire européen (comme celui que la Flandre a envoyé dans les Hôpitaux bruxellois pour y vérifier l’utilisation du Néerlandais) se penche sur cette situation aberrante, absolument inenvisageable dans un autre pays de l’Union, et qui, pour des raisons uniquement politiques, fait survoler par n’importe quel type d’avions, à toute heure du jour et de la nuit, une Capitale densément peuplée ?
R.W., Evere