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OMS - Dans l’Union européenne, la réduction du nombre de décès dus à la pollution atmosphérique permettrait d’économiser jusqu’à 161 milliards d’euros

Communiqué de presse EURO/08/05
Berlin, Copenhague, Rome, 14 avril 2005

La pollution atmosphérique par les particules en suspension (ou matières particulaires) coûte à chaque personne vivant dans l'Union européenne (UE) environ 8,6 mois de sa vie, mais les Allemands paient un plus lourd tribut, avec 10,2 mois de vie perdus par habitant en l'an 2000. Aujourd'hui à Berlin, le Bureau régional de l'OMS pour l'Europe présente en détail les dernières évaluations du coût de la pollution atmosphérique sur la santé humaine.

D'après les données disponibles, ces particules augmentent la mortalité due aux maladies cardiovasculaires et respiratoires. L'élévation, même à court terme, de leur concentration dans l'atmosphère accroît le risque d'hospitalisation en urgence pour des causes cardiovasculaires et respiratoires. Les matières particulaires sont composées de minuscules particules qui peuvent avoir une taille, une composition et une origine très diverses. Lors de l'inhalation, les grosses particules (appelées PM10, et dont le diamètre est inférieur à 10 µm) peuvent atteindre les voies aériennes supérieures et les poumons. Celles que l'on désigne sous l'expression de ‹‹ particules fines ›› (PM2,5, dont le diamètre est inférieur à 2,5 µm) sont plus dangereuses, car elles pénètrent plus profondément dans les poumons où elles peuvent atteindre la région alvéolaire.

La directive 1999/30/CE du Conseil de l'Union européenne fixe la valeur limite journalière des PM10 à 50 µg/m3 et leur valeur limite annuelle à 40 µg/m3. Les politiques actuelles visant à réduire les émissions de polluants atmosphériques d'ici 2010 devraient permettre à la population de l'Union européenne de gagner 2,3 mois de vie, et ce chiffre devrait être de 2,7 mois pour la population allemande. Cela reviendrait à éviter 80 000 décès prématurés et à gagner plus de 1 million d'années de vie dans l'Union européenne ; pour l'Allemagne, près de 17 000 de décès prématurés et plus de 240 000 années de vie

L'exposition à long terme aux particules en suspension a des effets extrêmement nocifs sur la santé humaine et diminue l'espérance de vie. La priorité doit donc être accordée à la réduction durable de cette exposition et à la diminution des concentrations, ce qui permettrait en outre de réaliser des économies substantielles. Dans l'Union européenne, la réduction de la mortalité imputable aux particules en suspension engendrerait un gain annuel estimé entre 58 et 161 milliards d'euros et le coût des maladies dues à ces particules diminuerait de 29 milliards d'euros par an. Pour l'Allemagne, ces chiffres seraient, respectivement, de 13 à 34 milliards d'euros et de 6 milliards par an.

‹‹ Il existe déjà des mesures efficaces visant à réduire les effets de la pollution atmosphérique sur la santé et à allonger l'espérance de vie ››, déclare le docteur Marc Danzon, directeur régional de l'OMS pour l'Europe. ‹‹ Les données présentées aujourd'hui font clairement apparaître que les effets sanitaires négatifs de l'exposition aux particules, leur coût pour la société européenne et la capacité de la législation européenne actuelle à réduire ces effets sont des arguments décisifs en faveur de la poursuite et du renforcement des efforts de toutes les parties prenantes pour réduire la pollution atmosphérique. ››

À l'heure actuelle, dans de nombreuses villes, les concentrations de PM10 sont supérieures aux valeurs limites fixées par l'Union européenne. Ainsi, au cours du premier trimestre 2005, la valeur limite journalière a été dépassée pendant plus de 30 jours dans plusieurs villes allemandes.

Les transports et l'utilisation de combustibles fossiles dans les habitations sont les plus grands responsables de la pollution de l'air par les particules. La combustion du gazole, en particulier, est à l'origine d'un tiers du total des émissions de PM2,5. En 2000, l'Allemagne a représenté jusqu'à 14 % du total des émissions de particules primaires de type PM10 dans l'Union européenne, et jusqu'à 13 % des émissions de particules primaires de type PM2,5. La diminution des émissions de PM10 et de PM2,5 attendue entre 2000 et 2020 devrait être plus lente en Allemagne que dans le reste de l'Union européenne.

Les particules ignorent les frontières et une proportion importante des concentrations observées dans un pays sont en fait dues aux émissions provenant d'autres pays. Ainsi, il a été estimé que 41 % (en moyenne) des concentrations de PM2,5 en Allemagne sont d'origine allemande. Le reste est dû à la pollution atmosphérique transfrontalière (par exemple, 14 % proviennent de France). À l'inverse, les émissions de particules en Allemagne se retrouvent dans les concentrations de PM2,5 d'autres pays (elles représentent par exemple 21 % du total de ces concentrations au Danemark et 20 % en République tchèque).

‹‹ Le caractère transfrontalier de la pollution par les particules exige que tous les pays prennent des mesures qui profiteront à la population européenne ››, souligne le docteur Roberto Bertollini, directeur du Programme spécial sur la santé et l'environnement au Bureau régional de l'OMS pour l'Europe. ‹‹ À cet égard, l'Allemagne a un rôle décisif à jouer, à la fois pour protéger la santé de la population allemande et pour diminuer l'exposition aux particules dans les pays voisins et dans l'ensemble de la Région européenne de l'OMS ››.

Diminuer l'émission de particules pour améliorer la santé
Aucune étude n'a réussi à déterminer un seuil de concentration en deçà duquel les particules ambiantes sont sans effets sur la santé. L'abaissement des niveaux de matières particulaires jusqu'aux valeurs limites définies par l'Union européenne pour l'année 2005 est certes une mesure capitale qui aura des conséquences bénéfiques sur la santé, mais cette mesure ne viendra pas à bout de tous les effets importants, en termes sanitaires, de l'exposition aux particules. Les objectifs de réduction de la pollution par les particules fixés par la législation actuelle doivent donc être poussés plus avant et il existe déjà des méthodes efficaces et peu coûteuses pour y parvenir.

L'amélioration de la qualité de l'air en ville exige le regroupement des activités de gestion de cette qualité à l'échelle locale, régionale et nationale. Les mesures telles que la régulation de la circulation ou l'amélioration des espaces urbains au niveau local s'avèrent très efficaces pour réduire l'exposition des personnes vivant dans les points de concentration de la pollution, mais elles ont un impact limité sur la protection de la société dans son ensemble. Les modes de déplacement autres que la voiture, en particulier les transports en commun comme le train ou les moyens non motorisés tels que la marche à pied ou le vélo, peuvent entraîner un changement des comportements, réduire l'encombrement des routes et avoir une influence à long terme sur les tendances en matière d'habitudes de transports et d'émissions de polluants.

D'autres mesures (augmentation du rendement énergétique, utilisation de combustibles plus propres dans les habitations, l'industrie et les véhicules, et installation de dispositifs tels que des filtres à particules sur les pots d'échappement) sont également importantes pour réduire la pollution et l'exposition de la population aux particules. Elles ne seront toutefois pas suffisantes sans un véritable engagement de la société en faveur de la pureté de l'air. Pour atteindre cet objectif, il faudra à la fois une planification à long terme, des mesures d'incitation fiscales ou législatives et une sensibilisation du public.

L'OMS coopère actuellement avec la Commission européenne dans le cadre du programme à long terme ‹‹ Air pur pour l'Europe ›› (CAFE) afin d'élaborer une politique intégrée de protection de la santé et de l'environnement contre les effets les plus importants sur la santé de la pollution atmosphérique, et dans le cadre de la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU), sur laquelle s'appuieront les stratégies nationales en matière de réduction de la pollution. Vous trouverez davantage d'informations concernant ces questions sur le site Web du Bureau régional de l'OMS pour l'Europe, à l'adresse http://www.euro.who.int/air

http://www.euro.who.int/mediacentre/pr/2005/20050414_2?language=french
Ecrit par Cherche l'info, le Mercredi 27 Avril 2005, 18:27 dans la rubrique "Bruit et pollution des avions ".