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From : le.nègre.wallon@contratdavenir.plof

To : lepremier@planmarshall.be

Subject : Mea coule pas, mais c’est bien la seule

Monsieur le Premier,

je dois me confesser. Oui, j’ai accepté, en son temps, d’écrire une version littéraire du Contrat d’Avenir de la Région wallonne. Ce n’était pas, comme l’ont écrit certains, parce que cet avenir relevait pour moi de la fiction au sens commun du terme ; j’aimais l’idée que cet avenir dépendait de tous.

Las ! Que s’est-il passé ? Immobilisme de la Région dans le dossier Zaventem ; incompétences et magouilles séculaires dans la gestion des logements sociaux ; et maintenant, la nullité absolue, la disqualification suprême, le Grand Prix des Formules Ecœurantes : Francorchamps.

J’avoue : j’ai toujours détesté la Formule 1. J’éprouve plus de pitié devant les téléspectateurs d’un Grand Prix que pour un paraplégique bloqué dans sa chaise ; les deux sont immobiles, mais on peut espérer que le second réfléchit et rêve encore. Mais comme on dit : à chacun s’mode. Sauf que je n’ai pas envie de payer les modes des autres. Sauf qu’en l’occurrence, nos “responsables” ont le choix entre deux aveux : l’incompétence ou la malhonnêteté. Dans le chef des piliers du PS liégeois, je pense qu’on peut laisser le bénéfice du doute : ils cumulent les deux. La gestion de ce GP est la caricature de l’opportunisme politique qui ne pense qu’au court terme. On a fait miroiter l’emploi, comme on le fait pour Zaventem ; mais il n’y a pas de véritable création d’emploi sans une politique à long terme, responsable et mâture, tenant compte d’un développement global. L’électoralisme et son ombre, le sentimentalisme, sont les pires maux qui menacent la démocratie.

Les électeurs et contribuables wallons seront ravis d’apprendre qu’une partie d’un Plan appelé à redresser la région servira à combler les trous causés par ces “ratés” politiques. Et que l’avenir de cette région restera plombé par le rattrapage des contrats du passé. Les Flamands rigolent, on ne peut que leur donner raison. Préparons la promotion du prochain parc d’attraction financé par Ecclestone, avec sa cage aux fossiles politiques baignant dans leurs dysfonctionnements. Les enfants pourront jouer dans la carlingue des Boeings écrasés en Wallonie (sponsor B. Anciaux et G. Landuyt) et faire un demi-tour dans un cuistax F1 (pénurie d’essence oblige). Sur des écrans géants, on projettera en boucle les films des Dardenne, en souvenir d’une Wallonie riche. Une chose ne changera pas : à la caisse, il y aura toujours José Happart, fier fraudeur d’une Wallonie post-hitlérienne. Et moi, à l’instar de mon ami Sempoux (relisez vite La Wallonie, Tintin), j’écrirai les mémoires d’une région qui aura gardé son avenir dans le dos.

Vincent Engel