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Les ours polaires en sursis

AFP | 27.06.04 | 04h01 publié par agora@cyberhumanisme.org

Il y a, dit-on, presque autant d'ours blancs que d'hommes sur l'archipel norvégien du Svalbard, à un petit millier du kilomètres du pôle nord. Plus pour longtemps, redoutent toutefois les experts.L'ours polaire, espèce théoriquement protégée, est exposé à un nombre croissant de périls d'origine humaine, à tel point qu'il pourrait être rayé de la surface de la planète en l'espace de quelques décennies."Il y a un grand risque pour que l'ours polaire disparaisse purement et simplement", affirme la Canadienne Kit Kovacs, directrice de recherche sur la bio-diversité à l'Institut polaire norvégien.Une menace s'estompe, une autre se profile: à peine l'interdiction de substances nocives, telles que les PCB (polychlorobiphényles) ou le DDT, commence-t-elle à faire son effet que le roi de la banquise est exposé à de nouveaux produits tels que le mercure ou les ignifugeants bromurés.A la stupeur des scientifiques, des traces d'ignifugeants --abondamment utilisés dans l'électronique, les textiles ou l'industrie automobile-- viennent en effet d'être retrouvées pour la première fois dans l'organisme d'ours polaires au Svalbard.Ce groupe d'îles abrite environ 2.000 des quelque 25.000 ursidés vivant dans le grand nord. L'animal y est pour l'heure tellement répandu que l'on doit quitter les zones habitées un fusil à l'épaule.Mais peut-être pourra-t-on bientôt laisser son arme sur le mur du salon. Car, si leur impact sur la santé de l'animal n'est pas encore exactement connu, toutes ces substances novices sont soupçonnées d'endommager son système de défense immunitaire et ses fonctions de reproduction.Ces dernières années ont ainsi vu l'apparition d'ourses... "pseudo hermaphrodites", des femelles dont les organes sexuels sont devenus si protubérants qu'ils ressemblent à des pénis."Ces substances sont produites au sud, dans les zones industrielles comme l'Amérique du Nord, la Russie et l'Europe. Elles s'évaporent et se déposent dans l'Arctique", affirme Bjarne Otnes, responsable des questions d'environnement du gouvernement local du Svalbard."Ici, elles s'introduisent dans la chaîne alimentaire, d'abord dans les algues. Puis les algues sont mangées par les petits poissons, les petits poissons par de plus gros poissons, les plus gros poissons par les phoques et les phoques par l'ours polaire", explique-t-il.Trônant au sommet de la chaîne alimentaire, l'ours emmagasine les poisons dans sa graisse en prélude à son hibernation. "Lorsque les femelles métabolisent la graisse pour allaiter, elles diffusent les toxiques dans leur organisme et leur lait, infectant les oursons au stade le plus vulnérable de leur existence", souligne Mme Kovacs.Mais le danger le plus menaçant vient d'ailleurs: le recul de la banquise, largement imputable lui aussi aux activités humaines qui contribuent à réchauffer l'atmosphère, prive en effet les ours polaires de leur terrain de chasse de prédilection.Selon les projections les plus généralement acceptées, la calotte glaciaire arctique aura complètement disparu --au moins en été-- aux alentours de 2080.Or, relève Mme Kovacs, entre 80 et 90% des ours blancs passent l'été sur la banquise à chasser le phoque, qui compte pour 95% de leur alimentation.L'ursidé se nourrit généralement de bébés phoques lovés dans des cavités à l'intérieur de la glace, que le prédateur d'environ 300 kg brise en bondissant dessus."Il gobe les phoques comme des bonbons. L'amenuisement de la banquise rendra sa tache plus facile au départ", observe Mme Kovacs.Mais, avec le temps, la raréfaction des terrains de chasse risque fort d'expédier le roi de la banquise dans la section des muséums consacrée aux espèces disparues, prévient-elle.

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Ecrit par Cherche l'info, le Jeudi 1 Juillet 2004, 07:11 dans la rubrique "Trop de nuisances dans nos vies".