Greenpeace - Du Téflon dans les anguilles ? Nouvelle démonstration de la contamination chimique de notre environnement
Greenpeace publie ce jour un rapport démontrant la contamination des anguilles par des substances potentiellement toxiques pour les animaux aquatiques et certains mammifères. Cette nouvelle étude illustre la nécessité du processus législatif mis en place par l’Union européenne: REACH (1). Ce processus - qui vise à un meilleur contrôle des substances chimiques - connaîtra une nouvelle phase active, le 10 octobre prochain, avec un vote en commission Environnement du Parlement européen.
Pour que la montagne REACH n’accouche pas d’une souris, il est essentiel que le principe de substitution qui prévoit de remplacer les substances chimiques dangereuses par des alternatives moins nocives tout en stimulant l’innovation en Europe réintègre le texte. Sans ce principe, REACH ne nous permettra pas d’éviter les problèmes de santé publique (infertilité, augmentation des cancers…) que la contamination généralisée de notre environnement laisse présager. Greenpeace rappelle que tous les parlementaires belges n’ont pas toujours soutenu ce principe, faisant ainsi passer les intérêts économiques de quelques groupes industriels avant l’intérêt de tous.
Les membres du VLD et du CD&V ont été parmi les moins sensibles à cet aspect prometteur de REACH.
La possibilité de s’amender leur est cependant toujours offerte, la réforme législative devrait aboutir d'ici à la fin de l'année.
Enjeu
L'étude « Slipping Away: the presence of perfluorinated chemicals in eels (Anguilla anguilla) » est basée sur l'analyse de spécimens provenant de 21 sites renvoyant à 11 pays européens dont la Belgique (2). Quatre types de substances chimiques perfluorées ont été ?identifiées dans les bio-indicateurs de la pollution aquatique que sont les anguilles. Ces substances sont utilisées notamment par des marques comme Téflon (par ex. dans les poêles Téfal), Stainmaster ou Gore-Tex pour leurs propriétés anti-adhésives, imperméabilisantes ou anti-taches. Ces composés perfluorés sont se sont révélés diversement toxiques pour des animaux aquatiques ou certains mammifères. Ils ne se dégradent pas facilement dans l'environnement et peuvent s'accumuler dans les ?organismes vivants jusque dans les cordons ombilicaux (3). Ces substances peuvent provoquer des perturbations des systèmes hépatique, reproductif et endocrinien ou encore des dysfonctionnements neurologiques ou cardiovasculaires. Cette contamination vient s'ajouter à la contamination des anguilles par des retardateurs de flamme et des ?PCB révélée dans une étude précédente (4). En réalité, il s'agit d'une preuve supplémentaire de la contamination de notre environnement et de la nécessité d'y faire face avec une réforme comme REACH. Malheureusement, la dernière mouture du texte pourrait ressembler à 'une coquille vide'.
« L’enjeu des derniers votes attendus au Parlement européen est capital, rappelle le Dr. Fawaz Al Bitar responsable de la campagne Substances toxiques de Greenpeace. Vider ce processus législatif un peu plus de sa substance, c’est refuser d’entendre les signaux d’alarme lancés par de nombreux scientifiques. Si la pollution chimique de notre environnement s’accroît, elle s’accompagnera d’une augmentation sensible de maladies graves. Comment peut-il se trouver des responsables politiques pour nier les coûts humains et matériels que ces maladies entraînent dans leur sillage ?»
REACH, dernier virage salvateur?
Sur ce plan, le vote qui se tiendra le 10 octobre prochain en commission Environnement du Parlement européen sera crucial. Lors des étapes précédentes, il est apparu que le maintien d’un principe aussi novateur que le principe de substitution n’est pas assuré. Pourtant des débats se sont tenus tout au long du processus législatif et ont apporté des garanties à l’industrie chimique. Ce principe prévoit en effet d’imposer la substitution de substances dangereuses si des alternatives existent et que le coût de l’opération reste raisonnable. Accepté dans un premier temps par le Parlement européen, il a été rejeté peu de temps après par le Conseil des ministres. En se prononçant le 10 octobre prochain pour ce principe, les parlementaires européens siégeant dans la commission Environnement peuvent rectifier le tir.??« Il est piquant d’observer que des groupes industriels n’ont pas attendu le vote final de REACH pour appliquer ce principe de substitution et retirer de leurs processus de fabrication des substances dangereuses pour notre santé, commente Fawaz Al Bitar. Comment se fait-il dès lors que des parlementaires VLD ou CD&V refusent visiblement ?de croire à sa faisabilité ? »
Dans l’hypothèse où la commission Environnement vote, comme par le passé, le maintien du principe de substitution, il lui restera à convaincre l’ensemble des parlementaires européens du bien-fondé de sa décision. Il serait opportun que Mesdames Ries (MR) et Brepoels (NV-A), qui siègent au sein de la commission Environnement, réussissent à homogénéiser les points de vue de leur fraction respective. On pourrait dès lors espérer que REACH atteigne son but : éviter que la contamination de notre environnement par des substances chimiques bioaccumulables et préjudiciables à la santé n'achève de ternir le blason de l'industrie chimique.
Notes aux rédactions:
1) REACH pour enRegistrement, Evaluation, Autorisation des substances Chimiques.
2) Etude disponible via le site http://www.greenpeace.be . Les anguilles ont été pêchées en Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Irlande, Italie, Royaume-Uni, république Tchèque, Pays-Bas, Pologne. (après l'embargo)
3) /A Present for Life: hazardous chemicals in umbilical cord blood/ disponible sur le site:
http://reachfr.greenpeace.be
4) Résumé de l'étude accessible via le lien
http://www.greenpeace.org/belgium/fr/press/reports/anguilles-resume . Etude complète sur
http://www.greenpeace.be
Greenpeace 26/9/2006