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Energie solaire, éoliennes, biogaz..., un îlot écolo

NOUVEL OBS Semaine du jeudi 7 juillet 2005 - n°2122 - Dossier La vérité sur le réchauffement de la planète

Menacée par la montée des mers, la petite île de Föhr, au nord de l’Allemagne, a choisi de lutter en adoptant les énergies renouvelables. Rencontre avec quelques pionniers

De notre envoyé spécial Hubert Prolongeau

C’est un tout petit bout de terre perdu sur la grande mer. En face, il y a l’Allemagne; autour quelques autres îlots, confettis dispersés sur les flots glacés de la mer du Nord. Föhr abrite 9000 habitants, répartis sur 83 kilomètres carrés d’herbes, de pâtures et de marécages, une «capitale», Wyk, de mignons petits villages tirés au cordeau le long de larges routes, la même maison de brique rouge répétée à des centaines d’exemplaires, quelques plages… Ici, on sent tout de suite que le luxe et le calme sont plus souhaités que la volupté. Ici, la population triple l’été, accueillant les touristes qui restent la seule manne du lieu.
Des digues entourent l’île, dont les deux tiers se trouvent au-dessous du niveau de la mer et dont l’histoire est aussi celle de cette lutte contre les flots. Au loin, quelques éoliennes brassent l’air: 15 sont regroupées à la pointe de l’île, trois en son centre... Et, en s’approchant bien, on s’aperçoit que les toits de beaucoup de maisons brillent de l’éclat du photovoltaïque ou sont équipés de panneaux solaires. Car Föhr, parcourue par le vent à longueur d’année, se veut depuis dix ans à la pointe du combat pour les énergies renouvelables. «Nous sommes un modèle, affirme le maire Heinz-Georg Roth. Aujourd’hui, deux tiers de l’énergie utilisée sur l’île sont fournis par les énergies renouvelables. En 2015, nous espérons avoir atteint l’autarcie totale.»
A l’origine de cette révolution, une femme: Annemarie Lübke. Elle arrive à Föhr en 1990, et découvre un monde magique… Mais menacé par la montée inexorable des flots. «Il fallait trouver un moyen, à notre petit niveau, de lutter contre le réchauffement de la planète et la montée du niveau des mers.» Rien ne se faisant seul, elle convainc un petit groupe d’écologistes amoureux de l’île qui accepte de l’aider. Quatre ans plus tard, un collectif d’associations, Fering Natur, sera l’instigateur du projet «Sonne für Föhr» («Du soleil pour Föhr»), ambitieux programme d’équipement en matériel solaire.
Parmi les pionniers, Arwin Nahmens, électronicien, premier sur l’île à avoir, à titre privé, acheté une éolienne de 6 mètres de haut. «Je voulais prouver qu’on n’était pas obligé de dépendre du pétrole et du charbon.» Grand, blond, avec un faux air de Max von Sydow, il persévère. «Ça a fini par payer: avec ma simple éolienne, je fabrique l’électricité pour la consommation d’une centaine de foyers. Depuis six ans, je n’ai pas rajouté de pétrole dans ma cuve. Et je ne me chauffe qu’au bois.» Les éoliennes de Föhr sont toutes reliées au réseau de distribution régional, et rapportent aujourd’hui 30000 euros par an. L’énergie qu’elles produisent est revendue partout sur l’île. Elles économisent 500 tonnes de CO2 par an, qui ne s’échappent plus dans l’atmosphère.
Hartmut Hansen lui aussi fut des tout premiers. Tête de corsaire plus que de retraité de la Bundesbank, il montre l’air fier son toit couvert de panneaux solaires. «Il fallait bien que quelqu’un montre l’exemple. On en parlait beaucoup entre nous, mais la théorie, au bout d’un moment, ça finit par lasser…» Alors il s’équipe, en solaire d’abord, en photovoltaïque ensuite. Objectif: avoir de l’eau chaude pour sa maison et le gîte qu’il loue aux estivants. Objectif atteint. La première année, il passe treize semaines sans ouvrir le gaz, et en parle encore en riant. «Le solaire est parfait pour l’île, puisque la population triple l’été.»
Le combat, au-delà de ces premiers pionniers, ne fut pas forcement évident. Luc Maréchal, l’un des trois seuls Français installés sur l’île, propriétaire d’un petit restaurant, Pomme, et conseiller municipal vert depuis huit ans, se souvient: «C’est un milieu de paysans conservateurs. Il est difficile d’y faire revivre l’idée de bien commun.» D’autant plus que l’énergie renouvelable demande de gros investissements pour une rentabilité lointaine. «Nous économisons 2500 litres de fioul par an. Ce n’est pas rien. Mais, pour l’instant, nous n’avons pas rentabilisé l’investissement. Il faudra quinze ans», explique Heinz Lorenzen, un habitant qui avait investi 30000 marks à l’époque, dont 10000 de subventions. «Ce genre de programme n’est pas envisageable sans une aide de l’Etat ou de l’Europe», affirme le maire. La communauté européenne a adopté en 1997 un livre blanc sur la politique énergétique qui prévoit de doubler la part des énergies renouvelables d’ici à 2010. Elle a donc avancé un tiers des 353000 euros qu’ont coûté les études de viabilité du projet insulaire et financé pour moitié le projet d’équipement photovoltaïque. Le Land du Schleswig-Holstein, lui, s’est chargé de l’installation de panneaux solaires publics (1,25 million d’euros).
La municipalité a elle aussi montré l’exemple. Un bâtiment uniquement chauffé au solaire fournit en eau chaude les plaisanciers. L’école de Rendburg-Eckernfode a été équipée de six collecteurs, chargés de chauffer 1800 litres d’eau par jour à 45 degrés. Même l’église s’y est mise, et c’est fièrement que le pasteur Christian Kiesbye a posé devant les panneaux solaires de l’église St Laurentii. Föhr est devenue la plus importante installation solaire de la Bundesrepublik, mais les fournisseurs sont tous venus du continent, et très peu d’emplois ont été créés sur l’île elle-même.
Et aujourd’hui? Tout va-t-il pour le mieux dans le meilleur des mondes énergétiques? Pas vraiment. Le gouvernement du Schleswig-Holstein a interdit la poursuite de la construction des éoliennes, car elles défigurent le paysage, et leur remplacement par trois modèles de nouvelle génération, plus puissants et plus efficaces. En outre, les maisons autarciques, des maisons entièrement chauffées par le soleil et le photovoltaïque, n’ont pas convaincu: la majorité des habitants de Föhr trouvent laides ces petites baraques en bois rouge et blanc… Enfin, le vieux rêve du biogaz, cette manière écologique d’utiliser les 50000 tonnes de bouses déversées annuellement (et gratuitement…) par les vaches de l’île pour produire de l’énergie, tarde à se concrétiser. L’idée a suscité beaucoup d’enthousiasme au départ. Elle s’est heurtée depuis à des difficultés techniques: nul ne sait comment répartir et où distribuer le gaz ainsi produit. «Il nous faudrait une usine toute proche du lieu de fabrication, mais il n’y a pas d’industrie sur l’île... Nous étudions un projet plus petit que ceux primitivement envisagés», explique Arwin Nahmens. Projet qui se heurte déjà à l’hostilité de la compagnie fédérale de distribution de gaz…
Pas simple d’être écolo, même en Allemagne. Le programme «Sonne für Föhr» est parvenu à son terme il y a trois ans. Et depuis, Annemarie Lübke essaie de remuer les îles alentour dans le cadre d’un projet global qui regrouperait les îles voisines. En prévision: la création d’un gros parc d’éoliennes offshore au large de Sylt, la plus grande île de l’archipel. «Il serait à peine visible, mais les riches Hambourgeois propriétaires de maisons côtières s’y opposent encore.»

Lexique
Energie éolienne : produite par la force exercée par le vent sur les pales d’une hélice reliée à un générateur qui transforme l’énergie mécanique en énergie électrique.

Energie solaire : utilisation de la chaleur du soleil pour la production d’eau chaude. En 2004, plus de 1,5 million de mètres carrés de capteurs solaires ont été vendus en Europe (un marché en croissance de 12% par rapport à 2003).

Cellules photovoltaïques : semi-conducteurs capables de convertir directement la lumière en électricité. Ces cellules peuvent être intégrées aux matériaux de couverture des habitations.

Biogaz : composé de méthane et de gaz carbonique produit par fermentation de matières organiques animales ou végétales.
Ecrit par Cherche l'info, le Dimanche 10 Juillet 2005, 11:02 dans la rubrique "Les autres nouvelles".