Un article de Ph.Law. paru dans lalibre.be

Les exigences de la société sont à l'opposé des conditions du fédéral. DHL veut 16 vols de nuit de MD 11 dès 2011 pour asseoir un hub intercontinental. Elle plaide pour une politique d'isolation, mais dit qu'elle ne peut se faire avec la dispersion.

La société de courrier express DHL a précisé mardi ses intentions dans le dossier. Elle relève deux points qui lui posent problème actuellement. Elle dit pouvoir tenir avec 4 mouvements nocturnes de MD 11 pendant 7 ans (contre un décollage de nuit de MD 11 actuellement) pour effectuer ses opérations intercontinentales (Asie, USA).

Mais elle précise qu'à partir de 2011, il lui faudra 16 vols de nuit de MD 11. Or le fédéral a fixé la barre à 4 mouvements de MD 11 maximum. DHL estime que d'ici là, il est possible d'élaborer une politique pour protéger les riverains victimes du bruit. Elle souligne toutefois que la dispersion des vols (plan Anciaux) est incompatible avec des mesures d'isolation des maisons. Pour DHL, il n'y a pas de meilleure solution que les MD 11 (quota de bruit maximum ou quota count de 11,1) et qu'il n'y a pas encore d'engagement des constructeurs pour la fabrication d'appareils comme le Boeing 777 susceptible de remplacer les MD 11. D'où son exigence d'opérer avec ces derniers jusqu'en 2018.

De plus, l'exigence du fédéral voulant imposer à DHL de réaliser sa croissance par des avions affichant un niveau individuel de bruit (quota count ou QC) de 4 n'agrée pas la filiale de la Deutsche Post. Elle confirme son intention de remplacer ses Airbus A 300-400 (QC supérieur à 8) par des avions avec un QC de 8. “Notre objectif est de trouver tous les moyens possibles pour faire atterrir notre projet à Bruxelles-National. Mais il est fondamental pour le développement d'un hub intercontinental à Zaventem de disposer de MD 11”, disent les responsables de DHL. Sans citer de noms, ils affirment aujourd'hui avoir reçu des offres de deux autres aéroports. Mais il s'agit de Vatry (France) et de Leipzig (ex-RDA).

Bierset, un site idéal
Selon nos informations, DHL perçoit l'aéroport de Liège-Bierset comme un site idéal pour accueillir son projet. “Le fédéral avait dit qu'à défaut de Zaventem, il nous proposerait une autre alternative...”, rappelle-t-on. Mardi après-midi, après la réunion du “kern” (Conseil des ministres restreint), suivie de la rencontre entre le fédéral et les ministres-Présidents flamand (le CD&V Yves Leterme) et bruxellois (le socialiste Charles Picqué), l'heure est à l'unanimité de vues. D'après la vice-première Laurette Onkelinx (PS), DHL doit accepter les exigences du fédéral et faire de nouvelles propositions pour réduire davantage les nuisances liées à son projet d'extension.

A défaut, elle peut chercher d'autres cieux pour le réaliser, serait-on tenté de déduire des déclarations des responsables politiques. Du côté syndical, on semble ne plus y croire. “Je suis pessimiste sur l'issue du dossier. DHL et le fédéral se passent la patate chaude et la question du MD 11 est une excuse. On va arriver à un scénario catastrophe et il y aura un impact négatif sur l'emploi (perte d'environ 2000 emplois)”, analyse Hendrik Vermeersch (Setca). “La position telle que présentée ne permet qu'un hub intra-européen à Zaventem et non un centre de tri intercontinental. Nous sommes prêts à faire des efforts, mais DHL ne peut être la seule à supporter le poids”, a déclaré Roland Steisel, le conseiller juridique de DHL.