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La moitié des plantes d'Europe menacées par le changement climatique
PARIS (AFP) - Plus de la moitié des plantes européennes pourraient être classées "vulnérables" ou "menacées", selon les critères de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), à cause des changements climatiques à l'horizon 2080, selon une étude publiée lundi.
Wilfried Thuiller, un jeune chercheur français actuellement basé à l'Institut Sud-Africain pour la Biodiversité (SANBI, Le Cap), et ses collaborateurs ont modélisé les déplacements de 1.350 espèces végétales européennes à l'horizon 2080 par rapport au climat actuel. Leurs travaux, publiés dans les comptes-rendus de l'Académie des sciences américaine (PNAS), ont utilisé sept scénarios des experts du Groupe Inter-gouvernemental sur les Changements Climatiques (GICC) reflétant différentes réponses politiques et socio-économiques aux changements climatiques.
"Même les scénarios les plus modérés, où les sociétés adoptent un comportement extrêmement prudent pour ne pas continuer à augmenter leurs émissions de gaz à effet de serre, ont un impact majeur", explique Sandra Lavorel, du Laboratoire d'Ecologie Alpine de Grenoble, qui a coordonné l'étude au sein du projet européen ATEAM avec des
chercheurs français, portugais, britanniques et suédois.
Selon les scénarios, qui tablent sur une hausse de température moyenne comprise entre +1,8° et +3,6° entre 2000 et 2080, 27% à 42% des espèces pourraient disparaître en une localité européenne donnée.
Entre la disparition de certaines plantes et l'apparition d'autres espèces qui migreraient vers le Nord, le taux de renouvellement de la flore européenne pourrait atteindre 42 à 63% selon les scénarios.
Les chercheurs ont étudié deux options: soit les plantes ne sont pas capables de migrer, notamment à cause de la fragmentation des paysages par les activités humaines, soient elles réussissent à gagner des climats plus cléments. Dans le premier cas, 22% des plantes étudiées seraient en danger critique de disparition, et 2% disparaîtraient
totalement d'ici 2080. Dans le cas où elles réussiraient à gagner de nouveaux habitats, 67% encourraient un faible risque de disparaître.
Selon l'étude, le paysage européen sera profondément modifié: le nord de l'Europe accueillerait de nombreuses espèces chassées des régions tempérées, tandis que la flore méditerrannéenne s'étendrait vers l'Europe centrale (66% de renouvellement).
Les plantes des régions montagneuses apparaissent comme les plus vulnérables au réchauffement climatique, car elles se sont "spécialisées" au fil des millénaires pour résister aux conditions climatiques extrêmes, et n'ont que des choix limités comme se replier vers des habitats froids. "Il n'y a pas beaucoup d'étages supérieurs où se réfugier dans nos Alpes, qui n'ont pas l'envergure de l'Himalaya", explique Sandra Lavorel.
Le taux moyen de pertes d'espèces dans une région donnée de l'arc alpin, des Balkans, des hauts plateaux espagnols et des Pyrénées pourrait atteindre dans le pire des cas 60%. Même si ces zones pourraient en contre-partie "gagner" un nombre substantiel d'espèces des altitudes inférieures ou d'autres régions sub-montagneuses, la particularité floristique des massifs montagneux pourrait être bouleversée.
Ecrit par Cherche l'info, le Mardi 24 Mai 2005, 17:55 dans la rubrique "Trop de nuisances dans nos vies".
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