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Maladies: Le facteur pollution

--> par Marion Festraëts dans L'Express du 10/05/2004
Gaz d'échappement, pesticides, nitrates, amiante... les pathologies modernes
ne sont plus naturelles, mais bien fabriquées par l'homme lui-même. De plus
en plus de scientifiques font ce constat. Ils appellent aujourd'hui à réagir


C'est une bombe à retardement dont le compte à rebours est déjà enclenché.
Une menace lente et insidieuse qui se glisse dans la terre, l'eau et l'air,
la pluie et les forêts, jusqu'à nos maisons. Et frappe déjà, silencieusement
La pollution nous rend malades. A en mourir, parfois. Comme à Minamata, au
Japon, où des fuites de mercure tuèrent des centaines de pêcheurs dans les
années 1960. En France, il aura fallu attendre vingt ans pour que l'usage de
l'amiante, déclaré cancérigène en 1977, soit totalement interdit. Aujourd
hui, prend-on vraiment la mesure des ravages que d'autres substances
pourraient engendrer? Qu'elles engendrent déjà? De plus en plus de médecins
soupçonnent la responsabilité des polluants chimiques dans l'expansion de
ces maladies qu'on dit de civilisation. En France, le nombre de morts par
cancer a plus que doublé depuis un demi-siècle, pour dépasser 150 000 par an
aujourd'hui. Désormais, 1 enfant européen sur 7 est asthmatique. Les
allergies se multiplient. Dans les pays développés, la fertilité masculine a
chuté de 40% en vingt ans.


Suspects: non seulement l'amiante, le plomb ou le mercure, aux méfaits bien
connus, mais aussi les pesticides, nitrates issus des lisiers d'élevage,
dioxines des incinérateurs de déchets, microparticules des pots d
échappement et des fumées noires d'usines, molécules aux noms imprononçables
dont la liste ne cesse de s'allonger avec le développement de l'industrie
phytosanitaire. Au point que, le 7 mai, des dizaines de scientifiques ont
sonné le tocsin en lançant l'Appel de Paris, une «déclaration internationale
sur les dangers sanitaires de la pollution chimique», lors du colloque
international «Cancer, environnement et santé», qui s'est tenu le même jour
à l'Unesco.

«L'homme n'a jamais été autant confronté à des substances chimiques»


Parmi les premiers signataires, les Prs Jean Bernard, Lucien Israël,
François Jacob, Jean Dausset et Albert Jacquard. Selon eux, il y a péril en
la demeure: la France, deuxième utilisateur mondial de pesticides, en
consomme 100 000 tonnes par an. Par ailleurs, la mortalité prématurée par
cancer serait, dans notre pays, environ 20% plus élevée qu'ailleurs en
Europe. De quoi se poser des questions.


Le 18 mai, le Plan national santé-environnement (PNSE) lancé par Jacques
Chirac sera soumis à 150 personnalités de la société civile, avant d'être
publié, en juin, à Budapest, dans le cadre de la 4e Conférence ministérielle
sur l'environnement et la santé. En février, le rapport préliminaire rédigé
par la commission d'orientation dénonçait la sous-estimation des risques
induits par la multiplication des substances polluantes et préconisait la
mise en place d'études épidémiologiques. De son côté, Nicolas Hulot relaie
ce cri d'alarme dans son dernier livre au titre funeste, Le Syndrome du
Titanic (Calmann-Lévy). L'amorce d'une prise de conscience?


L'histoire pourrait faire sourire si elle n'était si inquiétante: à la fin
des années 1990, des scientifiques ont remarqué la multiplication d'ours
polaires hermaphrodites sur la banquise du Groenland. D'après les études d
une équipe de chercheurs norvégiens, le phénomène était dû à une
contamination de matières polluantes qui agissent comme des leurres
hormonaux et troublent le développement des organes sexuels. Au bout de la
chaîne alimentaire, les grands carnivores blancs recevaient des doses
concentrées de ces produits véhiculés par l'atmosphère. Depuis, on a observé
les mêmes mécanismes sur des sauriens, des poissons ou des batraciens, un
peu partout dans le monde.


Phtalates, PFO, pesticides organochlorés, PCB, ignifugeurs bromés: ce joyeux
cocktail n'est pas la recette d'une soupe chimique moulinée par une sorcière
moderne. C'est la liste des substances toxiques que contient sans doute
votre sang. En tout cas, on les a retrouvées dans l'hémoglobine de 47
volontaires, pour la plupart des parlementaires européens, testés en avril
par le WWF dans le cadre de sa campagne DetoX. En moyenne, chaque «cobaye»
abritait dans ses veines 41 de ces produits. 13 d'entre eux, dont le HCB et
un métabolite du DDT (deux pesticides pourtant interdits depuis belle
lurette), ont été systématiquement dépistés, confirmant que ces éléments
sont stockés à long terme par l'organisme. Un phtalate qui sert à assouplir
les matières plastiques, réputé être un dérégulateur endocrinien pouvant
entraîner, notamment, des atrophies testiculaires et la baisse de la
fertilité, a été mesuré à des concentrations élevées chez tous les sujets.
Comme le Deca-BDE, un retardateur de flammes tel qu'on en utilise sur les
moquettes ou les meubles, fortement suspecté de neurotoxicité.

Certaines pathologies semblent frapper surtout les agriculteurs


Le WWF estime qu'il est «extrêmement difficile de déterminer quelles peuvent
être les conséquences pour la santé d'une exposition à ce cocktail de
produits chimiques». L'organisation internationale, comme les signataires de
l'Appel de Paris, réclame la mise en place du programme Reach («Répertorier,
évaluer et autoriser les substances chimiques»), une réglementation proposée
par l'Union européenne, qui vise à instaurer un système d'évaluation et d
autorisation pour les quelque 30 000 produits chimiques fabriqués ou
importés dans l'Union. Car, aujourd'hui, aucune législation ne fixe la
moindre règle. Le Chemical Abstracts, la bible des chimistes, qui répertorie
les 22 millions de produits en usage, précise même que «seulement 300 000 d
entre eux ont été testés sérieusement pour évaluer leur toxicité». Pour l
heure, les industriels de la chimie jouent la montre, incriminant le coût d
une telle entreprise - évaluée pourtant à moins de 0,1% du chiffre d
affaires de la branche.


«De toute son histoire, l'homme n'a jamais été à ce point confronté à des
substances chimiques, rappelle Yves Levi, professeur de pharmacie à l
université Paris XI et membre de la commission d'orientation du PNSE. S'il n
est pas question de nier les immenses progrès en matière de santé, de
technologie et de confort obtenus grâce à la chimie, il est également temps
d'évaluer sérieusement les risques induits par ces nouvelles molécules. Dans
ce domaine, la France est loin d'être en avance.» En effet, notre pays
produit seulement 1,5% des contributions scientifiques sur le sujet, contre
7,8% pour la Grande-Bretagne et 43,10% pour les Etats-Unis...


Initiateur de l'Appel de Paris, le cancérologue Dominique Belpomme,
fondateur et président de l'Association française pour la recherche
thérapeutique anticancéreuse (Artac), s'est fait sa religion: dans Ces
maladies créées par l'homme (Albin Michel), le chargé de mission pour la
mise en ouvre du plan Cancer évalue entre 60 et 70% le nombre de cancers dus
à l'environnement - tabagisme passif inclus. «Nous ne souffrons plus des
mêmes maladies qu'il y a un siècle ou deux. Elles ne sont plus d'origine
«naturelle», elles sont en quelque sorte fabriquées par l'homme», explique
le médecin.


Il ne s'agit plus seulement de se demander de quoi les gens sont malades,
mais pourquoi ils le sont, martèle Philippe Saint-Marc, président de la
Société internationale de recherches pour l'environnement et la santé
(Sires) et coauteur de l'ouvrage collectif L'Ecologie au secours de la vie
(Frison-Roche). Avec une vingtaine d'experts de la commission d'orientation
du PNSE, il a participé à l'élaboration du rapport préliminaire, aux
conclusions inquiétantes: «Malgré les progrès diagnostiques et
thérapeutiques si prometteurs des trente dernières années, on observe une
augmentation sensible de l'incidence de certains types de cancers,
indépendamment du vieillissement de la population et des conséquences
connues du tabagisme. L'incidence globale des cancers, quant à elle, a crû
de 35% en vingt ans en France, à âge égal. La diffusion de certains
polluants dans nos milieux de vie et leur accumulation dans certains
vecteurs d'exposition (l'alimentation, en particulier), du fait des
activités industrielles, de leur présence dans de nombreux produits de
consommation courante ou des pratiques agricoles de culture intensive, ne
constitueraient-elles pas une des causes de cette inquiétante évolution?» L
Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE) vient de
publier un rapport indiquant que la pollution atmosphérique, notamment
engendrée par l'automobile, ferait 4 876 morts par an. En 1996, les calculs
de l'OMS attribuaient près de 30 000 décès prématurés, en France, à une
exposition sur le long terme à cette pollution. Selon Airparif, le taux de
dioxyde d'azote, à Paris, a augmenté de 10% entre 2002 et 2003.


Au CHU de Montpellier, le Pr Charles Sultan, chef du service d
endocrinologie pédiatrique, accuse: selon lui, les parents exposés à
certains pesticides, herbicides et autres fongicides - perturbateurs
endocriniens notoires - ont quatre fois plus de risques de donner naissance
à des bébés atteints de malformations sexuelles, micropénis ou
pseudo-hermaphrodisme, par exemple. Il évoque le cas d'une petite fille de 3
mois présentant une puberté précoce: le sol du jardin de sa maison, le sang
de ses parents et son propre sérum révélaient la présence de pesticides. «J
observe dix fois plus de naissances d'enfants mal formés qu'il y a dix ans!
s'indigne-t-il. L'ensemble des données en ma possession met en évidence le
rôle de perturbateurs endocriniens - les pesticides - dans l'augmentation de
la fréquence de certaines endocrinopathies de l'enfant.» Par ailleurs, les
cancers hormono-dépendants augmentent dans des proportions impressionnantes:
en vingt ans, les cancers du sein ont doublé, ceux de la prostate ont
quadruplé, selon une étude de l'Institut de veille sanitaire (IVS) publiée
en 2003.


De son côté, la Mutualité sociale agricole (MSA) a mis en place un numéro
vert pour recueillir les témoignages d'agriculteurs. En 1999, elle estimait
à 20% la part d'utilisateurs de produits phytosanitaires souffrant de
troubles divers après leur manipulation. En première ligne, les viticulteurs
et les arboriculteurs (avant d'être consommée, une pêche aura subi en
moyenne 22 traitements!), qui procèdent à des épandages massifs et aériens
de ces produits. Depuis sa mise en place, au mois de février, la ligne a
enregistré plus de 556 appels. «Nous surveillons tout particulièrement la
prévalence de certains cancers ainsi que celle de pathologies neurologiques
comme les maladies de Parkinson et d'Alzheimer, qui semblent frapper
davantage les agriculteurs que le reste de la population», explique-t-on à
la MSA. Certaines leucémies, des cancers tels que ceux de la vessie, du
pancréas, du rein ou du cerveau, les lymphomes et les sarcomes, des
pathologies rares, sont jusqu'à deux fois plus répandus chez les paysans que
dans le reste de la population.


Source de vie, l'eau charrie pourtant de drôles de molécules: selon un
rapport de l'Institut français de l'environnement (Ifen) datant de 2002,
«90% des stations situées sur des eaux de surface et 58% de celles
surveillant des eaux souterraines sont touchées par la présence de
pesticides». Pas question de mettre en cause les seuls agriculteurs: «Les
jardiniers du dimanche, les collectivités locales ou la SNCF au bord de ses
voies utilisent également des herbicides puissants», rappelle Yves Levi. Et
les pesticides ne sont pas seuls sur la sellette. Dans les régions d'élevage
intensif comme la Bretagne, c'est la qualité de l'eau qui pose problème. L
épandage des lisiers sur les sols agricoles représente l'équivalent de 45
kilos de nitrates par Français chaque année. Résultat: des tonnes de
micro-algues puantes qui prolifèrent sur les plages bretonnes et étouffent
les écosystèmes, des eaux du robinet rendues impropres à la consommation,
dangereuses pour la santé des femmes enceintes et des nourrissons. Chaque
année, plus de 500 000 euros sont dépensés pour lutter contre les marées
vertes. Au point que certains se demandent s'il ne serait pas plus malin de
changer nos méthodes agricoles plutôt que d'en réparer les dégâts. D
encourager davantage une agriculture biologique qui ne représente en France,
premier producteur agricole de l'Union européenne, que 1,8% des surfaces
cultivées - 70% des produits bio consommés dans l'Hexagone sont importés.


«En Bavière, de 30 à 40% des exploitations se sont reconverties dans l
agriculture bio, explique le Dr Lylian Le Goff, responsable de la mission
biotechnologies de France Nature Environnement. En moins de vingt ans, le
Land a retrouvé une qualité d'eau pure, indemne de nitrates et de pesticides
» Examinée en Commission des lois à l'Assemblée nationale le 12 mai, la
Charte de l'environnement inclut dans son article 5 un «principe de
précaution» prévoyant «l'adoption de mesures provisoires et proportionnées
afin d'éviter la réalisation du dommage ainsi que la mise en ouvre de
procédures d'évaluation des risques encourus». Pour Philippe Saint-Marc, le
choix est simple: «Médicaliser la société ou «écologiser» le développement.»
Prévenir, pour mieux guérir.


Post-scriptum
492 cas de saturnisme étaient encore dépistés en France en 2003. 10 millions
de logements seraient susceptibles de contenir les peintures au plomb
responsables de cette maladie infantile de la pauvreté.

http://www.lexpress.fr/info/sciences/dossier/pollution/dossierasp?ida=427612
Ecrit par ChercheInfo, le Lundi 21 Juin 2004, 19:36 dans la rubrique "Trop de nuisances dans nos vies".