L'ONU officialise mercredi l'entrée en vigueur du protocole signée dans la ville japonaise en 1997 pour agir sur le réchauffement planétaire.
les scientifiques s'accordent sur le rôle des activités humaines qui sont, en grande partie, responsables, du réchauffement climatique.
Sur cette base, et compte-tenu de prévisions alarmantes, les pays regroupés dans la convention Climat de l'ONU se sont engagés, à Kyoto en 1997, à agir sur le réchauffement. Ce qu'il faut savoir du protocole de Kyoto en six questions-réponses.
Qu'est ce que l'effet de serre? !
Sans son enveloppe, la Terre serait trop froide pour être vivable. Son atmosphère piège de l'énergie solaire, comme une serre, et porte la surface du globe à 15°C en moyenne. Mais l'équilibre est rompu par l'augmentation de la concentration des gaz qui produisent cet effet de serre, notamment le gaz carbonique, émis par la combustion de
charbon, pétrole et gaz. Un effet de serre plus marqué, c'est plus de chaleur absorbée par la Terre et donc une température accrue. Depuis un siècle, la hausse est de 0,6°C, en moyenne, avec de fortes
disparités régionales. !
Qui est concerné par le protocole de Kyoto sur les gaz à effet de serre? !
Le protocole a été ratifié par 141 Etats, dont trente, industrialisés, qui doivent stabiliser ou réduire leurs émissions de gaz à effet de serre entre 1990, année de référence, et 2012. L'objectif était une baisse globale d'environ 5%, avec un objectif assigné à chaque pays en fonction de sa situation. Ainsi, la France,
qui produit beaucoup d'électricité sans CO2 (nucléaire, barrages) doit stabiliser ses émissions. En revanche, l'Allemagne, qui tire une grande part de son électricité des combustibles fossiles, doit les réduire de 21% entre 1990 et 2012. Les Etats-Unis, qui pèsent 46% des émissions des pays riches, et l'Australie n'ont pas ratifié Kyoto et
ne sont donc tenus par aucun engagement chiffré. !
Que prévoit le protocole? !
Chaque pays figurant à l'Annexe I du texte, est soumis à un engagement et choisit sa propre politique. Pour atténuer le coût du protocole, un mécanisme de droits d'émission de gaz à effet de serre (GES) et de bourse sont mis en place. Les entreprises concernées peuvent investir pour réduire leurs rejets, acheter ou vendre des droits à polluer sur le marché ou investir dans les pays de l'Annexe II (en développement). Enfin, un fonds d'adaptation permettra d'aider
les pays pauvres à s'adapter au réchauffement!
Kyoto modifiera-t-il le climat? !
Son impact sera négligeable sur un strict plan scientifique. Avec les Etats-Unis, le coup de chaud aurait été atténué de 0,06°C, pour une hausse évaluée, sur un siècle, entre 1,4°C et 5,8°C par les deux mille scientifiques réunis par l'ONU au sein du GIEC. Sans les Etats-Unis, et compte-tenu de la difficulté qu'auront les signataires à tenir leur engagement, l'effet sera bien moindre. Pour stabiliser la teneur en gaz à effet de serre dans l'atmosphère, et donc freiner le réchauffement, il faudra diviser par deux les rejets liés aux activités humaines. Car les gaz à effet de serre agissent longtemps:
le CO2 produit des effets durant un siècle. !
Qui respectera Kyoto? !
L'évolution des émissions dans les pays signataires depuis 1990, montre que peu respecteront leur parole, du moins exactement. L'Allemagne, par exemple, qui produit un immense effort de développement de l'électricité verte (surtout éolienne), ne tiendra pas le double défi qu'elle s'est assigné: respecter Kyoto et sortir du nucléaire. La Grande-Bretagne envisage - en coulisses - un recours accru à l'atome pour rester dans les clous. A l'Est, la Russie et ses
anciens alliés étaient sur la bonne voie pour cause de désintégration de leur outil industriel, et espèrent vendre des droits d'émission. !
Combien va coûter le protocole? !
Selon ses détracteurs, Etats-Unis en tête, son coût serait pharaonique. Les experts s'écharpent sur son impact en terme de croissance. Mais à vrai dire, personne ne peut donner de chiffres sérieux; les évaluations font le grand écart. Pour les seuls Etats-Unis, des études prévoient une perte de cinq millions d'emplois , d'autres plusieurs centaines de milliers de créations. En Europe, de nombreux pays qui misent sur l'électricité verte, comme
l'Allemagne, le Danemark ou l'Espagne, créent des emplois dans ces filières. Sans qu'on sache s'ils en perdent ailleurs. La seule chose certaine, c'est que le prix de l'énergie devra augmenter. L'administration Clinton, favorable au protocole, avait avancé, en 1998, une fourchette de 3% à 5%, étalée sur une dizaine d'années.
Mais pour beaucoup d'industries lourdes, réduire les rejets c'est réduire la facture énergétique, et donc les coûts. Et c'est la même chose pour les particuliers «sobres»: le kilowatt-heure le moins cher, c'est celui qu'on ne consomme pas!
Par Denis DELBECQ
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