"le vent dans les pales d'une éolienne nourrirait-il aussi ses peines? Tout serait une question d'explication?"
GN.
27 mai 2004 - Le Soir
A l'ombre des quatre éoliennes de Gembloux et de Sombreffe, les avis sont plutôt partagés sur l'avenir à réserver aux deux suivantes.
Deux éoliennes de plus entre Sombreffe et Gembloux ? L'enquête publique est en cours. Opposants et partisans du projet font entendre leur voix.
Inaugurées en octobre dernier, les quatre éoliennes implantées sur le territoire des hameaux de Vieille-Maison et d'Ardenelle, à la limite de Gembloux et de Sombreffe, sont opérationnelles depuis plus de six mois. Prochainement, deux nouveaux grands rotors devraient être implantés à proximité par la société Air Energy. L'objectif est de terminer le parc existant, explique Frédéric Dawans, l'un des fondateurs de la société brabançonne. Actuellement, nous avons trois éoliennes alignées et une en décrochement. Nous espérons donc pouvoir en rajouter deux prochainement.
Dans ce cas de figure, les six structures, d'une hauteur de plus de cent dix mètres, produiront au total neuf mégawatts. Actuellement, nous estimons que les quatre éoliennes produisent une quantité d'électricité équivalente à la consommation annuelle de dix mille habitants, ajoute Frédéric Dawans. Avec les nouvelles, on passerait à quinze mille, ce qui représente plus de la moitié du nombre d'habitants que comptent Gembloux et Sombreffe.
Actuellement, le dossier en est au stade de l'enquête publique dont les délais légaux ont été fixés au 21 juin prochain. Une enquête commodo et incommodo qu'il a fallu recommencer suite à un oubli administratif. Sur l'affichage, l'administration communale avait oublié de mentionner qu'il s'agissait d'une dérogation au plan de secteur puisque le site passe d'un statut de terre agricole à celui d'un terrain de production électrique, précise encore Frédéric Dawans. Il a donc fallu recommencer une autre procédure.
Cependant, toutes les réclamations enregistrées par la commune durant la période de la première enquête publique pourront être considérées comme recevables. Et nul doute qu'elles seront nombreuses au vu du mouvement de contestation qui ne cesse de prendre de l'ampleur depuis quelques jours. C'est que les riverains du parc, bien qu'ils se soient peu manifestés avant la construction des quatre premières éoliennes, ne l'entendent plus de
cette oreille. Certains d'entre eux se sont d'ailleurs réunis en comité de quartier pour tenter de faire entendre leur voix. Une association de riverains baptisée Sombréole et qui regroupe une grande partie des habitants des hameaux concernés. Tout a simplement démarré en discutant entre nous, explique Sébastien Petre, le porte-parole du groupement. Nous nous sommes en fait rendu compte que certains d'entre nous ne dormaient plus et que beaucoup de gens étaient dérangés par le bruit des éoliennes. Bien que nous soyons pour les énergies renouvelables, nous sommes en fait les témoins de ce qui se passe. Nous considérons que l'étude d'incidences aurait dû être plus objective et qu'elle n'aurait pas uniquement dû se contenter de nous faire miroiter de belles choses sous couvert de Kyoto.
A l'inverse, certains riverains se sont associés pour apporter leur soutien au projet. Soyons clairs, je ne voudrais pas d'éolienne dans mon jardin, lance Arthur Isaac, un habitant de la chaussée de Ligny qui se situe à un kilomètre et demi du site. L'argument de ceux qui se plaignent du bruit n'en est pas un. Les trains et les vélos font également du bruit. De plus, d'ici quelques mois, on ne les remarquera même plus.
RÉACTIONS
Arthur Isaac, défenseur des éoliennes. L'hiver, je vois les éoliennes de chez moi et je les trouve belles. Les éoliennes ne sont qu'une étape dans la production d'énergie. Dans le futur, il y aura peut-être d'autres moyens encore plus propres pour produire de l'électricité. Et, d'ici là, nous
soutiendrons peut-être autre chose. Nous sommes évidemment pour le développement d'énergies renouvelables non polluantes et pour l'énergie hydroélectrique, mais nous sommes aussi intéressés par d'autres moyens.
Sébastien Petre, de Sombréole. Notre objectif, c'est d'informer la population sur notre ressenti. Nous sommes des cobayes, on observe et on pose des questions. Nous ne sommes pas là pour faire de l'obstruction aveugle à un projet, mais nous voulons parler de notre vécu. Par rapport à l'étude d'incidences, nous nous demandons si tous les éléments ont été pris en compte. De plus, la Belgique n'est pas pionnière en la matière. Au Danemark, en Grande-Bretagne et en Allemagne, il y a eu des problèmes précis et des procès. Pourquoi ne tient-on pas compte des enseignements qui
ont été tirés là-bas ? Les éoliennes font un bruit sourd permanent et on sait qu'il ne s'arrêtera pas. Quand on est dans son jardin et qu'il n'y a pas le moindre souffle de vent, on les entend tout de même parce qu'à cette hauteur-là, il y en a quand même.
Frédéric Dawans, d'Air Energy. Ce qui est surprenant, c'est que le mouvement de contestation apparaît au moment du projet d'extension d'un parc qui existe déjà. C'est un peu le phénomène « Nimby ». Mais il est facile de récolter des signatures pour une pétition quand la rumeur circule que le projet prévoit vingt éoliennes. Il n'a jamais été question de cela puisque le parc se limitera à six éoliennes.
Véronique Dailly, du service urbanisme de Sombreffe. Les gens se manifestent maintenant parce qu'ils ont des points de repère et qu'ils craignent que le parc ne s'étende encore d'avantage.?
soir