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Environnement - La Wallonie manque toujours d'air frais

--> un second article sur le "tableau de bord de l'environnement ".
UN ARTICLE DE HUGUES DANZE publié sur lesoir.be

Poussières, gaz à effet de serre... les efforts à faire restent importants. Particulièrement dans les zones les plus industrialisées.

Le diagnostic est clair. Si le malade est sorti des soins intensifs, il nécessite encore un très lourd traitement et une surveillance médicale permanente. L'environnement wallon n'est pas au mieux de sa forme. Pour s'en convaincre, il suffit de se plonger dans le deuxième tableau de bord publié (1) par des chercheurs, experts, universitaires, membres de l'administration wallonne, associations environnementalistes et scientifiques.

Quoi de neuf par rapport à 2003 ? Pas grand-chose à vrai dire. Ce qui fait dire, en aparté, à certains scientifiques que sa publication devrait plutôt être bisannuelle pour faire émerger de manière plus évidente les changements.

Quoi qu'il en soit, les tendances lourdes se vérifient : il faudra de nouveaux moyens pour atteindre les objectifs fixés dans le protocole de Kyoto en matière de diminution des gaz à effet de serre ; la qualité des eaux souterraines laisse à désirer et, pour ne citer que cet exemple, la consommation d'énergie (+10 % en 10 ans) est trop importante.

Annuel ou non, cet outil - une somme - a le mérite d'exister. Et de dégager, malgré tout, quelques constats qui ne manquent pas d'intérêt. Sous l'impulsion des directives européennes et de la ratification des protocoles internationaux, explique Catherine Hallet, coordinatrice du projet, il y a eu un renforcement des politiques environnementales en Wallonie. D'autre part, la notion d'environnement et de développement durable semble enfin rentrer dans les mentalités des secteurs industriels, économiques et agricoles. Ce qui est, en définitive, plutôt rassurant.

Fraîchement arrivé en tant que ministre de l'Environnement, Benoît Lutgen (CDH) souhaite que cet outil serve de base à une vaste campagne de sensibilisation des citoyens. Mieux, il rêve (sous cette législature) de créer, en collaboration avec ses collègues de la Communauté française, des cours d'environnement depuis la maternelle jusqu'à l'université. Un peu à l'image de ce qui se fait en France.

Volontariste comme peut l'être un nouveau venu en politique, on l'entend parler de solidarité entre tous les Wallons, de nouveaux moyens budgétaires pour doper un secteur qu'il estime essentiel en termes de développement durable. Quels moyens ? Pour quelle(s) politique(s) ? Avec quels objectifs ? Il faudra attendre son plan stratégique (dans un mois, promet-il) pour en savoir plus. Il faudra aussi attendre le budget 2005 pour vérifier qu'il a réussi à convaincre ses collègues du gouvernement. La tâche sans doute la plus ardue.

L'azote dans l'eau, " Natura 2000 "...

Air. Les substances acidifiantes ont été réduites d'un tiers en dix ans. La Région a donc réalisé près de 60 % de son effort (fixé dans le protocole de Göteborg). D'autre part, on constate une diminution des concentrations en " éléments traces métalliques " (plomb, zinc, nickel, chrome, cadmium) dans l'air ambiant.

Eau. Globalement, les quantités de matières azotées sont à la baisse dans les cours d'eau wallons. Même constat concernant la qualité biologique des cours d'eau, mais il reste des points (très) noirs (Vesdre, Warche, Ton...)

Sols. Un des aspects les plus problématiques en matière environnementale (il y aurait environ 1.200 sites qualifiés " à risque " en Région wallonne). Néanmoins, constatent les experts, il y a eu deux fois plus de surfaces décontaminées en 2003 qu'en 2002, soit 10,18 hectares. Une goutte d'eau dans un océan.

Faune, flore et habitat. Grâce à la mise en place du réseau " Natura 2000 ", ce sont près de 239 sites couvrant 221.000 hectares (forêts, formations herbeuses...) qui sont protégés. Un sacré bol d'air.

Industrie. On constate entre 1990 et 2001 une diminution des émissions de gaz à effet de serre (- 3,6 %) et de substance acidifiante (- 30 %).

Ménage. La consommation d'eau par habitant est en diminution. Explications avancées : l'augmentation du prix, bien sûr, mais aussi une modification des habitudes (plus de douches, moins de bains). Un bon point, donc.

Les poussières, le transport, l'érosion...

Air. Les particules en suspension (poussière) dans l'air atteignent localement (dans les zones industrielles) des concentrations à risque pour la santé humaine (maladies respiratoires et cardio-vasculaires). Les objectifs fixés pour 2005 et 2010 n'ont jamais été rencontrés depuis 1997, notent les auteurs du tableau de bord.

Transport. On note une augmentation de la demande en transport de personnes (92 % de ces transports sont effectués par la route). Augmentation également de la demande en transport de marchandises qui est supérieure à la croissance économique (85 % effectués par la route) et enfin, une augmentation de la consommation d'énergie (+ 23,5 % entre 1990 et 2000) et des émissions de gaz à effet de serre (+ 25,7 % entre 1990 et 2001) liées aux transports.

Faune, flore et habitat. En dehors de Natura 2000 (voir ci-dessus), le constat n'est guère réjouissant. Parmi les dix groupes biologiques qui ont pu être suivis, au moins 25 % des espèces (essentiellement les poissons, papillons de jour et reptiles) ont un statut de conservation défavorable (espèces éteintes ou menacées, en danger ou vulnérables).

Sols. Les quantités de sol érodées ont augmenté, ces trente dernières années, entre 14 et 155 % selon les bassins hydrographiques. Il apparaît essentiel, notent les auteurs, que plus d'efforts soient dirigés vers la sensibilisation et la promotion de pratiques agricoles favorisant une plus grande infiltration des eaux de ruissellement.
Ecrit par Cherche l'info, le Mardi 26 Octobre 2004, 12:53 dans la rubrique "Les autres nouvelles".