Une analyse du dossier DHL par le Groupe de Réflexion et d'Action Pour une Politique Ecologique.
Lisez l'original sur le site du Grappe.
L'équipe de Trop de Bruit.

Les partis de gouvernement rivalisent d'ingéniosité pour donner l'illusion qu'ils sont capables de résoudre une équation impossible : comment accroître les activités aéroportuaires d'une entreprise de courrier express basée essentiellement sur le trafic aérien nocturne tout en diminuant les nuisances graves subies par les riverains de l'aéroport?

A qui fera-t-on croire que des mesures strictement techniques suffiront?
Même en supposant un renouvellement rapide de sa flotte (mise en circulation d'avions moins bruyants) l'accroissement du nombre de mouvements de DHL annulerait l'amélioration obtenue. Dès lors que l'accord, avec toutes les conditions d'usage, est donné pour le développement des activités de l'entreprise de courrier express, l'enjeu réel devient celui de la répartition des nuisances; quelles populations se verront condamnées à renoncer à un droit fondamental, celui de pouvoir bénéficier d'un sommeil normal pendant la nuit?

Il est clair que le jeu politicien classique est d’ores et déjà déployé : il s'agit d'épargner au maximum ses électeurs, ce qui est particulièrement dangereux puisqu'il aboutit à dresser les populations des différentes régions les unes contre les autres.

Le GRAPPE estime qu'il est essentiel et urgent de reprendre le dossier à la base et de remettre en question le postulat contestable selon lequel DHL va créer de nombreux emplois et ainsi contribuer à atteindre l'objectif, annoncé fort légèrement par le gouvernement fédéral, de création de 200.000 emplois.
Certes DHL va créer des emplois à Zaventem mais ces emplois sont-ils durables et n'entraînent-ils pas directement ou indirectement la disparition d'autres emplois?

Il est essentiel de se rendre compte en effet que le courrier express stimule deux processus éminemment destructeurs d'emplois :
1. la délocalisation à longue distance d'unités de production, dont l'inconvénient majeur est effacé par le transport rapide (solution du 'just in time').
2. l'arrivée sur le marché intérieur de produits exotiques qui concurrencent souvent de manière déloyale les productions locales.

Il serait pour le moins nécessaire d'évaluer l'impact de ces mécanismes sur l'emploi. Un autre élément à prendre en considération est celui de l'impact sur les finances publiques des mesures inévitables visant à réduire les nuisances sonores pour les populations riveraines (expropriations, insonorisations, barrières anti-bruit).
Enfin, ne faudrait-il pas évaluer le coût des vols de nuit pour la collectivité (notamment en termes de sécurité sociale), pour les entreprises (absentéisme, maladies, pertes de rendement) et pour les particuliers (pertes de revenus pour cause de maladie, perte de valeur du patrimoine immobilier)?

Dans une perspective de durabilité, le GRAPPE réaffirme qu'il s'impose par ailleurs de privilégier les modes de transport les moins polluants et de mettre fin aux privilèges inconsidérés dont bénéficie le transport aérien par rapport aux autres modes de transport (notamment par la non taxation du kérosène).

Le GRAPPE demande à tous les partis politiques de faire preuve de lucidité et de courage politique : ce qui importe aujourd'hui c'est de développer des activités économiques socialement utiles et écologiquement acceptables, qui créeront des emplois de qualité. Le projet de DHL s'inscrit a contrario de cette logique.

Michèle Gilkinet, Présidente du GRAPPE (0476/860.305)
Paul Lannoye, Administrateur (081/23.09.69 – 081/45.15.90)