Un article de NICOLAS GHISLAIN mis en ligne le 15/09/2004 sur
lalibre.be
L'entreprise de courrier express DHL a-t-elle déjà pris la décision d'installer son futur grand centre de tri européen ailleurs qu'à Bruxelles, et plus précisément en Allemagne? Ce n'est pas la première fois qu'une telle rumeur se répand.
Des éléments de fait plaident en effet pour que DHL n'augmente pas sa présence à Bruxelles: l'aéroport de Leipzig offre à l'opérateur de courrier express des conditions d'installation face auxquelles il est difficile - impossible? - de surenchérir. DHL aura en particulier à Leipzig la garantie de pouvoir se développer dans l'avenir sans aucune crainte - les riverains sont plutôt dociles dans la région -, grâce à des aides locales et à un endroit où les conditions salariales et les prétentions des syndicats n'ont rien à voir avec ce qu'elles sont chez nous. Bref, quasiment le paradis sur terre. Surtout pour une entreprise dont l'actionnaire principal, semi-public, est... allemand.
Le principal désavantage de Leipzig est évidemment sa localisation, contrairement à Bruxelles qui se situe au centre du triangle Londres/Paris/Francfort qui constitue le terrain de chasse favori des sociétés de courrier express en Europe.
Grand maître du jeu, DHL profite aujourd'hui manifestement à fond de cette position pour mettre en concurrence les trois aéroports (Bruxelles, Leipzig mais aussi Vatry) qui lui tendent les bras. Peut-on le lui reprocher? Certainement pas. Par contre, l'attitude du gouvernement belge, clairement marquée du sceau de l'attentisme - de l'indécision! - prête davantage le flanc à la critique. Ne parvenant décidément pas à faire la synthèse entre des revendications il est vrai assez antagonistes et aux relents communautaires - des milliers d'emplois, d'un côté; la limitation des nuisances sonores de l'autre -, il semble avoir perdu beaucoup de temps depuis janvier dernier en n'attaquant pas le dossier de front mais en le laissant pourrir depuis lors.
Des solutions et des perspectives existent pourtant, notamment grâce à des avions qui s'annoncent de moins en moins bruyants. Mais aujourd'hui, on sent surtout au sein du gouvernement la volonté de ne pas perdre la face - et de pouvoir faire endosser à l'entreprise la responsabilité de la décision du départ. Cela semble un peu court pour trouver une issue apaisante et honorable à ce dossier ultra-sensible!