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Ce climat qui devient fou...

La prochaine Semaine de la mobilité 2006 (du 16 au 22 septembre) aura pour thème central le changement climatique. Un choix loin d'être anodin alors que les étés caniculaires, les inondations et autres cyclones tropicaux se succèdent de manière inquiétante...

Mois de juillet caniculaire, été anormalement chaud (comme en 2003), hiver plus doux, précipitations anormalement élevées (comme ce mois d’août sombre et pluvieux), inondations à répétition, augmentation de la couverture nuageuse… il n’y a plus aucune doute aujourd’hui… ces dérèglements climatiques sont principalement dus au réchauffement de notre planète. L’attribution du réchauffement climatique aux activités humaines est également une donnée scientifiquement prouvée. Le rapport 2001 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indique que l’essentiel du réchauffement observé ces 50 dernières années est dû à l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre d'origine humaine. Le CO2 ou dioxyde de carbone contribue à renforcer significativement l’effet de serre. Ce gaz est un déchet inévitable de la combustion des combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) ou de matières organiques (végétation et forêts) (1). Il a été émis dans l’atmosphère par l’homme en quantité croissante depuis la révolution industrielle, bien plus que ce que les systèmes naturels peuvent absorber.

La température augmente
Cet accroissement de la concentration en CO2 dans l’atmosphère a pour conséquence le renforcement de l'effet de serre naturel et le réchauffement de la température moyenne à la surface de la Terre. Le GIEC projette un accroissement de température de 1,4 à 5,8 °C en moyenne mondiale pour la période 1990-2100, en l’absence de mesures de protection du climat par une réduction des émissions. Les observations montrent par ailleurs que la température globale a augmenté de 0,6 °C entre la fin du 19e siècle et la fin du 20e siècle. “Au cours des 10.000 dernières années au moins, la température n'a jamais augmenté aussi vite que ce qui est projeté pour le futur”, expliquent les auteurs du rapport “Impacts des changements climatiques en Belgique” rédigé sous la direction de Philippe Marbaix et Jean-Pascal van Ypersele de l'Université catholique de Louvain (UCL) (1).

Hivers plus doux, canicules en été
Avec l'augmentation des températures moyennes, on s'attend à des hivers plus doux. Le nombre de jours de gel et de neige persistante au sol va diminuer en Europe. “L'augmentation de la température moyenne accroîtra significativement la probabilité d'avoir des étés particulièrement chauds, avec des vagues de chaleur sévères”, écrivent Jean-Pascal van Ypersele, Philippe Marbaix et Emilie Vanvyve dans leur rapport (1). “D’ici 2050, il faut s'attendre à rencontrer une année sur trois en moyenne des étés comme celui de 2003, et même une année sur deux d'ici la fin du siècle”, précise encore Jean-Pascal van Ypersele, professeur de climatologie et de sciences de l'environnement à UCL.

Les précipitations évolueront également. Les projections montrent pour la Belgique une augmentation des précipitations en hiver de l'ordre de 6 à 23% d'ici la fin du siècle. Pour l'été les projections vont du statu quo à une baisse de 50%. Le Sud de l'Europe risque d'être confronté à des vagues de sécheresse. On s'attend à avoir chez nous plus d'inondations en hiver et paradoxalement aussi en été, même avec, en moyenne, moins de pluies. Nous risquons, en effet, d'assister à des épisodes de pluies intenses concentrées dans le temps. Ce mois de juillet 2006 en est un bon exemple. Même s'il a fait très chaud, nous avons constaté des inondations à Bruxelles, dans la région de Tournai et en Flandre.

La mer monte...
Une autre conséquence du réchauffement climatique est la hausse du niveau des océans, par la suite de la dilatation thermique des masses d'eau et de la fonte des glaciers et des glaces du Groenland et de l'Antarctique (1). On prévoit dès lors une élévation du niveau des océans de 9 à 88 cm pour la période 1990-2100. Mais de larges incertitudes demeurent encore. Selon un scénario à long terme, l'augmentation du niveau des mers pourrait atteindre jusqu'à 8 m en l'an 3000. “Avec une telle hausse, c'est plus du dixième du territoire belge (près de 3700 km2) qui serait sous le niveau de la mer. La protection des côtes devrait alors être sérieusement renforcée si l'on veut éviter des inondations catastrophiques”, précise les climatologues Marbaix et van Ypersele dans leur rapport (1). Les pays développés peuvent relativement facilement s'adapter à la hausse prévue du niveau des mers tant qu’elle se mesure en centimètres. Mais il n'en est pas de même pour les pays du Sud. Dans le Pacifique, les îles les plus basses sont déjà affectées par la montée des eaux. 17% du territoire du Bangladesh risque de disparaître sous les eaux si le niveau de la mer monte de seulement un mètre.

Pauvre biodiversité
Les changements climatiques pourraient également provoquer la disparition de 30% des espèces vivantes actuelles d'ici 2050. “Certains effets des changements climatiques sur la biodiversité sont d'ores et déjà observables en Europe”, lit-on dans le rapport sur les impacts des changements climatiques en Belgique (1). On note ainsi la progression vers le Nord de nombreuses espèces des régions chaudes. “Avec le réchauffement du climat, des insectes vont remonter de la Méditerranée vers nos régions. Ces insectes peuvent, dans certains cas, être porteurs de maladies. Ainsi, il n'est pas exclu que l'apparition dans nos régions de la maladie de la langue bleue soit due au réchauffement du climat”, analyse Jean-Pascal van Ypersele. De même, on a constaté en Belgique une augmentation de cas diagnostiqués de la maladie de Lyme (2) transmise par certaines tiques qui semblent apprécier nos hivers plus doux.

Deux fois trop de CO2 dans l'atmosphère
On le voit, les conséquences du réchauffement climatique sont nombreuses en Belgique, en Europe et dans le monde. La solution pour éviter la catastrophe : réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.

Chaque année, environ 30 milliards de tonnes de CO2 sont émis dans l’atmosphère. Seuls 15 milliards de tonnes sont absorbés par la végétation et les océans. Les 15 autres milliards, soit la moitié, s’accumulent dans l’atmosphère et y restent de l’ordre d’un siècle. Sans tenir compte du poids du passé, nous devrions donc, dès aujourd’hui, réduire nos émissions de CO2 de 50% si nous voulons que le problème cesse de s’aggraver. Dans le cadre des objectifs de Kyoto, la Belgique s’est engagée à réduire ses émissions de 7,5 % d'ici 2010... seulement! C'est nettement insuffisant.

Inégaux devant la pollution
En moyenne annuelle mondiale, chaque habitant de la planète émet environ 5 tonnes de CO2. Mais la responsabilité pour les changements climatiques est surtout à mettre sur le compte des pays développés. Le Belge émet 12 tonnes de CO2/an, l'Américain moyen émet 25 tonnes de CO2/an, et un Burkinabé une centaine de kilogrammes... “On a pu calculer qu'entre 1950 et 1990, l'augmentation des émissions de CO2 par habitant dans les pays développés a joué un plus grand rôle dans l'augmentation des émissions mondiales de CO2 que la croissance démographique dans les pays en développement”, écrit Jean-Pascal van Ypersele, dans le dernier numéro de la revue Alternatives Sud (3). Les pays développés sont donc majoritairement responsables du réchauffement climatique qui touche en premier lieu les populations les plus vulnérables du Sud. “Pour l'instant l'arroseur n'est pas le premier arrosé mais il ne faut pas se faire d'illusion, l'arroseur va être arrosé aussi mais juste un peu plus tard”, indique Jean-Pascal van Ypersele. Il est clair que nous partageons tous la même atmosphère...

Chacun a sa part de responsabilité
Reprenons la moyenne mondiale de 5 tonnes de CO2/an/habitant, émis actuellement. Pour préserver notre planète, chaque habitant devrait émettre deux fois moins de CO2 par an, soit 2,5 tonnes. Le Belge, avec ses 12 tonnes, émet donc à peu près cinq fois trop de CO2 à lui tout seul chaque année. La responsabilité individuelle est donc bien réelle. Chaque kilomètre non conduit avec une voiture réduit les émissions de CO2 de 145g, chaque voiture qui n'a pas été produite réduit la consommation d'énergie de 50.000 kWh, indique-t-on sur le site de la Semaine européenne de la mobilité 2006 (4). La voiture est polluante mais le transport aérien aussi ! Un seul aller-retour Bruxelles-New York émet l’équivalent de 4 tonnes de CO2 par passager. Quelques vols par an pour des destinations méditerranéennes avec l'une ou l'autre compagnie low-cost et votre responsabilité individuelle peut facilement égaler celle de l'Américain moyen.

Mettre un pull en hiver pour chauffer moins son habitation, préférer la marche et le vélo qui sont des modes de transport à émission zéro, installer des doubles vitrages... sont des gestes utiles voire indispensables mais qui ne suffiront cependant pas.

C'est une réelle révolution collective de la manière dont on consomme, dont on produit de l'énergie, dont on se déplace qu'il faut entamer. Nous possédons actuellement toutes les connaissances et toutes les technologies nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et protéger ainsi notre climat. Ce qu'il manque aujourd'hui ? La volonté collective et individuelle de mettre ces techniques en œuvre et de dégager les moyens financiers pour les mettre en place. Que se passera-t-il si on ne fait rien ? “On va alors vers un climat que la Terre n'a plus connu depuis plus de 2 millions d'années, un climat qu'aucun être humain n'a jamais vécu, conclut Jean-Pascal van Ypersele. Si on ne fait rien, le tableau risque d'être assez sombre... Nous irons alors vers un monde qui sera très peu agréable à vivre pour nos enfants...”

Françoise Robert
Article publié dans En Marche, organe des Mutualités Chrétiennes.



(1) "Impacts des changements climatiques en Belgique", rapport rédigé sous la direction de Philippe Marbaix et Jean-Pascal van Ypersele (UCL) à la demande de Greenpeace. Ce rapport est téléchargeable sur www.climate.be/impacts

(2) Nous sommes passés de 42 cas en 1991 à 722 cas en 2003.

(3) "Changements climatiques, impasses et perspectives. Points de vue du Sud", volume 13/2006/2 d'Alternatives Sud, éditions Cetri et Syllepse, www.cetri.be

(4) www.mobilityweek-europe.org
Ecrit par Cherche l'info, le Samedi 16 Septembre 2006, 11:02 dans la rubrique "Bruit et pollution des avions ".


Commentaires :

  Le commentateur n'a pas désiré laisser son identité.
16-09-06
à 18:38

il n'est pasle seul...