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REMISE DES PALMES ET CHARDON DE L'ENVIRONNEMENT 2005: la palme à Philippe Touwaide

Inter-Environnement Bruxelles a remis sa Palme 2005 à Philippe Touwaide, Directeur du Service de Médiation de l'Aéroport de Zaventem
En remettant la Palme à Philippe Touwaide, Inter-Environnement signale aux gouvernements belges que l'association n'entend pas laisser le dossier au frigo jusqu'en août 2008. A bon entendeur…
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Communiqué de presse d'IEB.


Mai 2002, Isabelle Durant, alors Ministre de la Mobilité, annonce la mise en place d'un service d'information et de médiation de l'aéroport de Bruxelles-National. Philippe Touwaide, licencié en droit aérien, en prendra la direction.

La naissance de ce service coïncide avec une formidable succession de politiques contradictoires en matière de répartitions des vols de jour et de nuit. A ces interventions politiques s'ajouteront plusieurs décisions de justice. Décision de la Cour d'Appel, suspension du Conseil d'Etat. Le dossier, extrêmement complexe, charrie des intérêts divergents et multiples : l'environnement, le social, le communautaire, et bien sûr l'économique.

Le contexte est tendu et émotionnel. Les riverains perdent leur sang-froid en même temps que le sommeil, des sociétés de livraison organisent un chantage à l'emploi, les responsables politiques tergiversent, se " communautarisent ".

Dans cette tourmente, Philippe Touwaide a des idées, entend se faire entendre. Et respecter. Une gageure.

1. Histoire de l'aéroport de Zaventem.

L'aéroport de Zaventem est installé sur le site de Melsbroek. En 1940, l'occupant allemand réquisitionna ce lieu pour tracer des pistes de décollage. A partir de 1948, les autorités belges développèrent les infrastructures en cet endroit. Un nouvel aéroport fut construit sur le même site mais du côté de Zaventem.
En 1974, le Ministre des Communications de l'époque, Monsieur Jos Chabert, dévie le trafic du week-end de la banlieue de Meise, dont il était résident, vers le centre de Bruxelles. Son argument principal pour justifier la mesure : les navetteurs quittent Bruxelles le week-end ! Jusqu'en 2001, la route aérienne Chièvres 4 Delta ( CIV 4 D, connue sous l'appellation " Route Chabert " ) a survolé successivement à basse altitude les quartiers de Bruxelles suivants : Korenberg, Diegem, Haren (STIB), Saint-Vincent, Paix, Helmet, Colignon, Sainte-Marie, Rogier, Sainte-Catherine, Porte de Ninove, Abattoirs, Veeweyde et La Roue. Les avions étaient régulièrement des moyens-courriers, anciens et encore fort bruyants. Cette procédure, qui concernait 140 vols par week-end soit 6.000 vols annuels sans aucune raison logique, a été cassée en 2001. Dans le cadre du plan de Dispersion, la route Chabert a été remise en service le 28 mars 2004…

Zaventem ensuite connaît plusieurs évolutions, dont l'arrivée d'une nouvelle zone exclusivement destinée au fret, conçu en 1976 et mis en service en octobre 1980 (Brucargo). Les vols de nuit se développeront en 1984, avec l'implantation du siège européen de deux principales compagnies de messagerie aérienne Federal Express et DHL Worldwide.
De 1996 à 2000, un plan de renouvellement intégral des pistes est réalisé.

L'histoire apporte ainsi une explication pragmatique à l'installation contre toute logique de l'aéroport de Zaventem à l'Est de Bruxelles. L'emplacement même de l'aéroport rend structurelle la problématique des vols. " Zaventem est un des derniers aéroports qui n'est pas complètement délocalisés commente Philippe Touwaide. C'est un aéroport à part, construit pour bombarder Londres. Or, il est situé à l'est alors que les vents dominants viennent de l'Ouest. On aurait du avoir le courage politique de reposer la question globale de l'aéroport. "
Par ailleurs, l'aménagement du territoire dans les environs de l'aéroport n'a jamais développé de stratégie pertinente par rapport à l'aéroport. Aucun couloir non habitable n'est en place, et à Steenokkerzeel, des maisons se dressent à quelques pas… du mur antibruit.

2. Le service de médiation

" Avant 2002, les plaintes partaient au Ministère des Transports et Communications se souvient Véronique de Potter, porte-parole de Bruxelles Air Libre. Et c'était le classement vertical. "
Le service de médiation a vu le jour en 2002 à l'initiative de la Ministre Durant.

a. Ses missions
L'arrêté royal portant création du service définit ses missions. Entre autres, il recueille et diffuse les informations relatives aux trajectoires suivies et aux nuisances occasionnées par les avions utilisant l'aéroport de Bruxelles-National en fonction des plaintes reçues. Il recueille et traite les plaintes et suggestions des riverains sur l'utilisation de l'aéroport de Bruxelles-National.
L'arrêté royal stipule également que " les missions comprennent la collecte, l'enregistrement et l'analyse de tous les renseignements pertinents pour traiter et déterminer les causes des plaintes des riverains de l'aéroport. Le directeur (conseiller) remet un rapport annuel d'activités au Ministre ayant l'aéronautique dans ses attributions. "

Toujours selon l'arrêté du 15 mars 2002, ce service est fonctionnellement indépendant (art.2) et mène ses missions en toute indépendance (art.3).


b. Information aux riverains et suivi des plaintes
Philippe Touwaide débarque dans son service le 1er février 2002, tout est à faire, de l'engagement du personnel au dessin du logo du service. L'équipe se compose, le matériel est acheté, le service est inauguré fin mai.
Licencié en Droit Aérien, ce passionné des transports s'implique dans le dossier des nuisances sonores, va sur le terrain, rencontre les différents acteurs, et surtout informe. Le site Internet, qui recueille diverses informations sur les plans de vol, rassemble environ 3000 visites par mois, des brochures explicatives sont publiées, ainsi qu'un compte-rendu mensuel sur les vols du mois précédent. La dimension d'information est un des acquis essentiel du Service.

Le Service assure que toute plainte fait l'objet d'une réponse appropriée dans un délai n'excédant pas quinze jours à dater du jour de réception (ce qui lui est par ailleurs statutairement imposé). Ce délai est cependant de plus en plus difficile à respecter pour le service : en 2005, 220 000 plaintes sont arrivées sur le bureau du service. " Et nous répondons à tout le monde, sauf les injures et les menaces " précise Philippe Touwaide, le médiateur francophone.

En 2004, un médiateur néerlandophone a été adjoint à Philippe Touwaide. Le médiateur francophone gère l'ensemble du service : le recrutement, le budget, la coordination et la gestion du personnel. L'ensemble des plaintes qui parviennent au service sont à environ 85 % francophones. Les relations entre les deux médiateurs sont au mieux inexistantes, au pire tendues. Début d'année, le médiateur néerlandophone communique seul une analyse des plaintes de l'année 2005. A peine évoquée dans les médias, cette analyse est rapidement désavouée par son pair francophone. Mais plus qu'un conflit de personnes il s'agit d'une aberration structurelle. Aucun lien hiérarchique n'existe entre les deux médiateurs, ce qui en cas de désaccord, empêche toute position commune. L'aspect communautaire est un volet essentiel et parasitaire du dossier des nuisances sonores.


c. Un réel engagement, sans concessions
Notamment suite à sa médiatisation et l'ampleur du travail, le poste de médiateur francophone comporte de nombreuses difficultés. Menace de mort, tensions ministérielles, insultes…

Dans ce cadre de travail, l'engagement, la compétence et le volontarisme du médiateur sont à souligner. Au désespoir de Monsieur Landuyt, Monsieur Touwaide a un avis argumenté et entend le faire savoir.

Homme de terrain, bilingue (" j'ai énoncé les termes techniques " low visibility procedure " dans un courrier en néerlandais et le Vlaams Belang a réagi ! "), connaissant parfaitement son sujet (" Je ne sais pas si quelqu'un a, en Belgique, ses compétences sur ce dossier très technique " avance Véronique De Potter), Philippe Touwaide, bien qu'homme politique local, s'est rapidement distancié des pouvoirs publics, rappelant systématiquement son indépendance.

Il s'oppose notamment aux vols de nuit (" ce qu'on va éliminer la nuit, on va le récupérer le jour ") et, avec fermeté, au plan de dispersion appliqué depuis mars 2004. Ce plan, qui ne tient pas compte de la densité des quartiers survolés, a fait exploser les plaintes auprès du médiateur. Philippe Touwaide résume la décision par une image: " c'est comme si on avait une tonne de déchets radioactifs en Belgique et que la solution préconisée était d'en donner une petite part à chaque commune. " Or et comme le signalait Inter-Environnement en décembre 2005, " le rôle de l'Etat n'est pas d'égaliser le risque individuel, mais bien de minimiser le risque collectif ".

Ce plan a été par ailleurs dénoncé par le chef des contrôleurs aériens, jugeant qu'il s'agissait d'une option politique plutôt que sécuritaire. Les riverains ont rassemblé 17500 signatures contre cette mesure arbitraire.


d. Pistes de solution et voie de garage ?
Le gouvernement actuel entendait mettre le sujet, pourtant brûlant, au frigo. Le conseil des ministres veut en effet figer le schéma des routes aériennes jusqu'au 31 août 2008.

Pourtant, en février de cette année, Philippe Touwaide est revenu à la charge pour sortir le dossier de sa léthargie politique en proposant des pistes de solution. La trentaine de pages du document " pistes pour un aéroport durable à Bruxelles " veut " trouver une solution durable née de l'instabilité du Plan de Dispersion (…) ".
Le document avance de nombreuses propositions, parfois contradictoires ou impossibles à appliquer simultanément. Mais cherchant un compromis à la situation actuelle.
" Je n'ai pas demandé ce rapport ", a rétorqué le Ministre fédéral de la Mobilité. " Anciaux était obnubilé par ce dossier. Landuyt préfère s'occuper de circulation, commente Touwaide, acceptant le bras de fer. Soit on baisse les bras et on fait son 9-16, soit on mouille sa chemise. J'ai décidé de m'investir. Je n'ai pas envie de faire cela toute ma vie, je veux trouver une solution. "




3. Nouvelles orientations

Si l'engagement est là, la possibilité d'intervention du service reste limitée. Médiateur comme riverains le soutiennent : l'évolution idéale du service de médiation serait de devenir une autorité de contrôle et de médiation, comme l'ACNUSA (Autorité de Contrôle des Nuisances Sonores Aéroportuaires), avec sanctions et amendes à l'appui.

Aujourd'hui, Inter-Environnement Bruxelles ajoute sa voix à celles de riverains. Une indépendance complète du service de médiation ainsi qu'une capacité de sanction seraient des avancées positives vers une solution aux nuisances sonores, tenant compte des revendications des riverains.

Si la création du service de médiation pour l'Aéroport de Bruxelles-national, et sa prise en charge par Philippe Touwaide, furent des étapes déterminantes pour la protection de la qualité de vie des riverains, Inter-Environnement Bruxelles appelle les élus politiques belges à prendre leurs responsabilités et à trouver une solution qui intègre les positions des riverains.
Structurellement, les Régions doivent dégager un plan d'aménagement réduisant au maximum le nombre de personnes affectées par les nuisances sonores.

En remettant la Palme à Philippe Touwaide, Inter-Environnement signale aux gouvernements belges que l'association n'entend pas non plus laisser le dossier au frigo jusqu'en août 2008. A bon entendeur…

Ecrit par Cherche l'info, le Mardi 28 Mars 2006, 18:08 dans la rubrique "Bruit et pollution des avions ".