Tiré du "Magazine de la Direction Générale de l'environnement n°12" Commission européenne
Au cours des 50 dernières années, les écosystèmes ont subi une véritable transformation du fait de l'homme. Dans l'histoire de l'humanité, on a d'ailleurs rarement assisté à une transformation aussi rapide et profonde. En cause, les demandes croissantes en nourriture, eau douce, bois, fibres et combustibles. La consommation en matériaux au sein de l'Union européenne est restée quasiment constante au cours des deux dernières décennies bien que l'économie ait enregistré une croissance de 50%.
Même si ce constat indique une amélioration significative en matière d'efficacité des ressources, le scénario actuel ne peut perdurer. Si tel est le cas, certains stocks commerciaux de poissons risquent de disparaître, la perte de biodiversité s'accélérera et les émissions de CO2 continueront à grimper, causant des dommages écologiques irréversibles aux conséquences socioéconomiques graves. Rien qu'en Europe, les zones bâties ont progressé de 20% en 20 ans, en empiétant sur les campagnes, alors que la population n'a augmenté que de 6%.
Le défi des décideurs politiques consiste à stimuler la croissance économique tout en préservant l'environnement. Et ces deux objectifs ne s'opposent pas. L'exploitation efficace des ressources est une bonne chose pour la croissance, ce qui n'est pas le cas de la surexploitation qui risque, à terme, de freiner la création de richesses.
La stratégie thématique démontre dans quelle mesure les incidences environnementales de l'utilisation des ressources naturelles - tant en Europe qu'ailleurs - peuvent être prises en compte dans le processus d'élaboration de politiques telles que l'agriculture, la pêche, l'énergie et les transports. Cette approche s'intéresse à la manière dont les ressources sont extraites, récoltées, transformées et ensuite éliminées.
Une nouvelle approche
L'objectif de la stratégie est de découpler l'impact environnemental de la croissance économique. Étant donné qu'il s'agit d'un processus de longue haleine, le calendrier proposé s'étale sur 25 ans. L'idée est de mieux comprendre l'utilisation des ressources, de promouvoir des mesures nationales, européennes et internationales en vue d'atteindre l'objectif principal fixé et ainsi de développer les politiques et la législation en vigueur.
Trois pistes sont identifiées pour y parvenir: accroître la productivité de manière à diminuer l'apport en ressources par unité de PIB, limiter l'impact environnemental par unité de ressources utilisées - comme dans le cas de l'agriculture biologique - et remplacer une ressource par une autre - les combustibles fossiles par l'énergie éolienne, par exemple.
La stratégie ne prévoit pas de plan d'action à l'échelle de l'Union européenne ni d'objectifs quantificatifs. Elle ne propose pas non plus de nouvelle législation ni de dépenses autres que certains frais administratifs et opérationnels. Elle recommande à chaque État membre d'élaborer ses propres mesures et programmes nationaux en matière de gestion des ressources naturelles. Afin de soutenir le processus, la Commission envi-sage de mettre sur pied un forum de haut
niveau rassemblant des fonctionnaires nationaux et européens ainsi que des représentants d'associations environnementales et de consommateurs.
La contribution de spécialistes
Parallèlement, la stratégie prévoit la création d'un panel international regroupant une vingtaine de scientifiques chargés de conseiller en toute indépendance l'Union européenne, les autorités nationales - en particulier dans les pays en développement - et les organisations internationales, quant à l'extraction et à l'utilisation des ressources naturelles.
En étroite collaboration avec le Centre commun de recherche, l'Office statistique de l'Union européenne et l'Agence européenne pour l'environnement, la Commission créera un centre d'information afin de collecter les données pertinentes et de les mettre à la disposition des décideurs. L'impact environnemental des plans d'action sectoriels existants sera également réévalué.
Au final, les indicateurs déjà utilisés pour la comptabilité environnementale et les inventaires du cycle de vie seront affinés de façon à permettre à la Commission de faire le point de la situation en 2008 et ainsi voir si les objectifs globaux de la stratégie ont été atteints.
Pour plus d'informations
Stratégie thématique en matière de ressources naturelles
http://www.europa.eu.int/comm/environment/natres/index.htm