A l’attention de M. le Ministre Président Picque, de Madame le Ministre Huytebroeck et de M. le Ministre Cerexhe.
Gouvernement de la Région de Bruxelles

Le 24 octobre 2005

Sujet: Négociations concernant le trafic aérien.
Monsieur le Ministre Président, Madame le Ministre, Monsieur le Ministre,

Ma vie quotidienne, ainsi que celle de ma famille, a été bouleversée depuis l’introduction des nouvelles routes de trafic aérien qui font l’objet de la négociation actuelle. J’habite en effet à Wezembeek, près de la place Dumont (Stockel), c'est-à-dire sous le couloir de la piste 02 et également au croisement des nouveaux couloirs de décollages « sud », et « est », des pistes 25 (45% du trafic de Zaventem) et des décollages de la piste 20 (surtout le week-end). Nous nous sommes installés en janvier 2003 dans une zone à réputation résidentielle et saine, et avons fait un investissement important (financé par un emprunt hypothécaire en presque totalité). Nous avions demandé en fin 2002 l’avis de l’aéroport sur les risques de nuisances de la piste 02 et avons obtenu en date du 15 janvier 2003 une lettre très rassurante (copie en annexe) qui a conforté notre décision d’investissement à long terme. Il y avait à l’époque, selon les données historiques que nous avions consultées, de 12 à 17 jours d’atterrissages 02 par an (et pratiquement aucunes nuits), et pas de décollages. Depuis le plan de dispersion, la situation est devenu insupportable pour nos enfants et nous-même, et vu l’incertitude permanente sur la position des autorités publiques en charge, nous devrons probablement envisager de revendre notre maison. On s’est fixé janvier 2006 comme date limite en tenant compte du manque de sommeil qui dégrade notre santé et notre moral.

On parle maintenant de soumettre à un comité d’experts la redéfinition des normes de vents concernant l’utilisation de la piste 02. L’objet de cette lettre est de souligner les dangers de cette approche, ou cas ou ces aspects très spécifiques ne vous seraient pas encore familiers dans le contexte de la négociation avec le Ministre Fédéral :

1. Si on ne tient pas compte des risques de croisement des avions au sol, les experts pourraient conclure que la piste 02 devrait être utilisée dès qu’il y a un quelconque vent de N, NE ou E puisque cela correspondrait en théorie à l’orientation optimale pour un appareil individuel (tant qu’on ne peut utiliser la piste 07 survolant la ville, ce que personne – surtout les victimes de la 02 - ne souhaitent recommander vu les conséquences environnementales sur Bruxelles). Il en résulterait des atterrissages en piste 02 de 80 à 100 jours par an (y compris les nuits) ;

2. Il est inutile de rechercher des normes de vents nettement plus conservatrices que les recommandations internationales car les avions modernes sont très fiables en présence de vents arrières jusque 10 à 15 nœuds arrière hors rafales (d’après le Médiateur de l’aéroport) ;

3. Il faut aussi tenir compte de la situation historique (les attentes légitimes des habitants) prévalant les 40 années qui ont précédés le plan de dispersion. Sinon, on risque de dévaloriser l‘immobilier à un niveau tel qu’il y a un risque de prendre au piège (financièrement et en terme d’impossibilité de revendre) des milliers de familles qui, à défaut de pouvoir rester, vont certainement vouloir quitter les zones invivables. Ce serait cruel et inique;

4. Il faut finalement tenir compte de la densité de population sous la 02 comparé à la zone non bâtissable survolée par les atterrissages vers las piste 25.

Je suis horrifié lorsque je lis les déclarations des hommes politiques auxquels vous devez faire face (« les bourgeois de l’Oostrand », « Bruxelles doit être humiliée », etc.) mais j’ai par contre une grande foi dans vos partis démocratiques, et dans vos engagements respectifs pour le bien public. Cette affaire n’est pas futile. Je ne prétends pas être situé dans la seule zone affectée mais les atterrissages concentrés piste 02 sont très bruyants (+80 dB), et traumatisants la nuit, et mon témoignage pourra peut-être vous donner des forces supplémentaires nécessaires pour aboutir. C’est notre dernier espoir. Ma famille et moi vous en serons reconnaissants.

En attendant, je vous prie d’agréer l’expression de ma haute considération.

PL
B-1970 Wezembeek-Oppem
Annexe : copie de la lettre du Médiateur de l’aéroport en janvier 2003, juste avant de signer l’acte d’acquisition de notre maison.