Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes à Bierset? Rien n'est moins sûr. Absente du devant de la scène depuis un moment, Net Sky redonne de la voix. Pour l'ASBL de défense des riverains, l'aéroport crée peu d'emplois et fait trop de bruit.

Même s'il est toujours impossible de savoir quel est exactement le nombre de riverains que Net Sky peut prétendre représenter, une chose est sûre: l'asbl n'a pas perdu sa verve pour dénoncer les problèmes liés au développement de l'aéroport de Bierset. Après avoir laissé au ministre wallon CDH en charge des aéroports le temps nécessaire pour bien connaître l'ensemble du dossier, l'asbl regrette qu'André Antoine n'ait toujours pas pu - ou pas voulu - apporter de réponses claires à ses questions.

Le premier grief de l'asbl concerne le nombre d'emplois créés par l'activité aéroportuaire. " On est aujourd'hui bien loin des 15.000 emplois directs prévus à l'époque ou des mille emplois par an pendant cinq ans prévus en 1998 par José Happart", martèle Christophe Dehalleux, le président de Net Sky.

Antoine accroché
"Le ministre n'était pas en charge à l'époque et l'étude concernant les retombées économiques est en cours d'actualisation", s'empresse de préciser son cabinet. Ce qui n'empêche pas Net Sky de se demander sur un ton très provocateur si l'aéroport n'est pas avant tout un gros fromage qui profite uniquement à quelques-uns plutôt qu'une action d'intérêt général... qui fait beaucoup de bruit depuis sept ans. Au-delà de la procédure de rachat des maisons situées dans les zones les plus exposées, jugée inéquitable, Net Sky s'inscrit en faux par rapport aux déclarations d'André Antoine lorsqu'il se félicite du coup d'accélérateur donné aux travaux d'insonorisation depuis son arrivée au gouvernement.

" Il y a peut-être eu une amélioration mais la lenteur des précédents travaux minimise la portée de cet exploit", réplique Net Sky, qui refuse de parler de véritable succès tant qu'aucune procédure objective de réception des travaux n'a été établie. " Quid aussi de la moins-value à la revente puisque seules les chambres occupées sont isolées? Quid de la vente des maisons non insonorisées et des droits du nouveau propriétaire à voir son bien isolé? Quid des obligations urbanistiques qui imposent aux riverains de remplacer tous leurs châssis pour une question d'unité des façades, alors que la Région ne remplace qu'une partie des fenêtres?", s'interroge l'asbl, qui doute qu'il soit vraiment possible d'arriver au seuil prévu de 42 décibels.

Résultats falsifiés
Dernier gros morceau, Net Sky entend démontrer que la Région wallonne a falsifié l'évaluation des nuisances sonores subies par les riverains. " Cela ne signifie pas que les documents de la Région sont faux mais que les chiffres employés aboutissent à un résultat qui correspond aux moyens qu'elle est prête à mettre et pas aux nuisances subies par les riverains."

Ils critiquent le fait que, pour quantifier les nuisances subies par les riverains, la Région se base sur une flotte d'avions théorique ne comprenant pas les avions les plus bruyants, alors que les BAE 146, amenés à disparaître rapidement de la flotte de TNT, sont encore largement présents. Par ailleurs, la Région n'utilise pas la dernière version du programme informatique permettant d'évaluer les nuisances. Plus précise, elle montre que les nuisances s'étendent sur une zone de 195 km2 et pas 88 comme annoncé par la Région.

Dans sa réponse à une lettre envoyée par Net Sky en août, le ministre Antoine jugeait cette dernière remarque pertinente tout en précisant qu'il est impossible d'en tenir compte dans l'environnement juridique actuel. Et s'il n'a pas tenu à réagir davantage à chaud, gageons qu'il ne restera pas muet longtemps.

(source La Libre)